Alors que les professionnels de la finance voient l’intelligence
artificielle comme un levier majeur d’innovation, les grands centres financiers
mondiaux misent sur la formation, la régulation numérique et le développement
des compétences pour garder leur avance.
Les comptables d’Archimedia Accounts ont analysé plusieurs indicateurs clés, de la demande sur le marché du
travail aux investissements en IA, pour révéler les pays les mieux préparés à
intégrer l’IA dans leur secteur financier.
En France, le gouvernement a lancé en juillet
l’initiative « Osez l’IA », un programme visant à encourager les entreprises à
adopter ces technologies. Et avec une cinquième place dans le classement, la
France s’impose comme l’un des leaders mondiaux de l’IA appliquée à la finance.
L'IA dans le secteur financier
: quels pays sont en tête ?
|
Classe-ment |
Pays |
Emplois dans le secteur financier adaptés à l'IA |
Nombre d'universités
classées parmi les 100 meilleures en science des données (2025) |
Investissements privés dans l'IA (en milliards de dollars) |
Lois adoptées en matière d'IA |
Indice de développement numérique |
Score
(/10) |
|
1 |
États-Unis |
2 265 |
23 |
109,08 |
27 |
2,08 |
9,23 |
|
2 |
Royaume-Uni |
1 514 |
11 |
4,52 |
10 |
1,59 |
8,17 |
|
=3 |
Corée du Sud |
10 |
4 |
1,33 |
13 |
1,73 |
6,37 |
|
=3 |
Chine |
249 |
10 |
9,29 |
4 |
0,23 |
6,37 |
|
5 |
France |
422 |
3 |
2,62 |
9 |
0,98 |
6,16 |
Les États-Unis dominent sur tous les fronts
Les
États-Unis devancent largement tous les autres pays en nombre d’offres d’emploi
dans la finance exigeant des compétences en IA (2 265 en août 2025), disposent
du plus grand nombre d’universités parmi les meilleures en science des données
(23), et mobilisent l’investissement privé le plus élevé dans l’IA, à 109,08
milliards de dollars en 2024. Ces montants représentent plus de 85% de
l’investissement total des cinq pays les mieux classés, illustrant la stratégie
clairement articulée autour de l’intégration de l’IA dans les entreprises. Le
pays se distingue également par l’adoption de 27 lois relatives à l’IA, un
record mondial.
Le Royaume-Uni : un leader équilibré et polyvalent
Le Royaume-Uni s’impose en deuxième position grâce à une
progression régulière en matière de réglementation, de formation et de
développement des compétences. Avec 1 514 offres d’emploi dans la finance
requérant des compétences en IA, soit le taux le plus élevé au monde rapporté à
la population, et 11 universités figurant parmi les 100 meilleures au monde en
science des données. En 2024, les investissements privés en IA se sont élevés à
4,52 milliards de dollars, tandis que 10 lois ont été adoptées pour encadrer
son usage, un signe d’engagement en matière d’éthique, de sécurité et de
gouvernance de l’IA.
Corée du Sud, Chine : des stratégies contrastées
La Corée du Sud et la Chine arrivent toutes deux en troisième position avec un score de 6,37/10 en matière d’implémentation de l’IA dans le secteur financier. La première affiche un profil contrasté : malgré une demande relativement faible pour les talents financiers spécialisés en IA, elle se distingue par une excellente préparation numérique (1,73) et une législation proactive, avec 13 lois adoptées sur le sujet.
La seconde mise davantage sur
l’investissement, avec 9,29 milliards de dollars injectés dans l’IA en 2024.
Cependant, cet effort financier n’est pas encore accompagné d’un cadre
législatif solide, seulement 4 lois, ni d’une forte demande d’expertise en
IA dans la finance.
La France: une position nuancée mais prometteuse
La France se classe cinquième avec un score de 6,16/10 en
matière d’implémentation de l’IA dans le secteur financier, illustrant une
situation contrastée mais encourageante. Le pays tire son épingle du jeu en
matière d’emplois dans la finance liés à l’IA, avec 422 postes recensés, soit une
fois et demie de plus que la Chine et la Corée du Sud réunies, une performance
remarquable au regard de la taille du territoire.
En revanche, la France ne compte que trois universités
parmi les 100 meilleures au monde en science des données en 2025, ce qui limite
encore la formation des talents spécialisés. Côté investissements, les 2,62
milliards de dollars injectés dans l’IA en 2024 restent inférieurs à ceux du
Royaume-Uni (4,52 milliards), mais la France demeure, après la Suède, le pays
investissant le plus dans l’Union européenne parmi les membres du top 10.
Sur le plan réglementaire, la France affiche une bonne
dynamique avec neuf lois adoptées en matière d’intelligence artificielle, bien
plus que les Pays-Bas, qui n’en comptent encore aucune. Son indice de
développement numérique de 0,98 témoigne également d’une solide infrastructure
technologique.
Le pays peut aussi compter sur un écosystème en plein
essor : selon les données gouvernementales, la France abrite
désormais plus de 1 000 start-ups spécialisées dans l’IA, contre 502 en 2021.
Avec 83% des directeurs financiers se disant prêts à intégrer l’intelligence
artificielle dans leurs activités, l’IA s’impose comme un enjeu majeur pour la
banque et la finance française. Reste désormais à accélérer le déploiement et
la montée en compétences pour combler l’écart avec les leaders mondiaux.
Combler l’écart : les centres financiers en pleine montée en puissance
|
Classe- ment |
Pays |
Emplois dans le secteur financier adaptés à l'IA |
Nombre d'universités
classées parmi les 100 meilleures en science des données (2025) |
Investissements
privés dans l'IA (en milliards de dollars) |
Lois adoptées en
matière d'IA |
Indice développe-ment
|
Score (/10) |
|
6 |
Canada |
126 |
5 |
2,89 |
0 |
1,40 |
6,06 |
|
7 |
Allemagne |
933 |
2 |
1,97 |
4 |
1,33 |
5,95 |
|
8 |
Italie |
478 |
3 |
0,86 |
10 |
0,56 |
5,63 |
|
9 |
Suède |
16 |
1 |
4,34 |
0 |
1,95 |
5,53 |
|
10 |
Pays-Bas |
92 |
4 |
1,09 |
0 |
1,57 |
5,32 |
Plusieurs
nations se profilent comme des prétendantes sérieuses dans la course à
l’intégration de l’IA dans le secteur financier, chacune mettant en avant des
atouts distincts qui témoignent d’un fort potentiel à long terme.
- Le Canada s’appuie sur une base numérique solide et des
investissements privés significatifs dans l’IA (2,89 milliards de dollars).
Toutefois, sa progression est freinée par une demande relativement faible
sur le marché de l’emploi et l’absence de cadre législatif dédié à l’IA.
- L’Allemagne se distingue par un nombre élevé d’offres d’emploi dans le secteur
financier requérant des compétences en IA (933), soutenu par des efforts
modérés en matière de législation et d’investissement, bien que son
influence académique reste limitée.
- L’Italie, malgré une préparation numérique encore en développement, fait
preuve d’un engagement politique fort avec 10 lois adoptées sur l’IA et 478
postes à pourvoir dans le domaine financier nécessitant une expertise en
intelligence artificielle.
- La Suède, en tête pour la qualité de ses infrastructures numériques, se
démarque également par un investissement élevé par habitant (4,34
milliards de dollars). Cependant, la demande sur le marché du travail dans
ce secteur reste très limitée.
- Les Pays-Bas, quant à eux, présentent un profil équilibré,
combinant une bonne préparation numérique et une excellence académique.
Néanmoins, leur dynamique en matière de réglementation et de demande de
main-d’œuvre spécialisée reste en retrait.
Ensemble,
ces pays incarnent la prochaine génération de centres financiers tournés vers
l’IA, bien positionnés pour progresser rapidement, même s’ils ne figurent pas
encore parmi les leaders mondiaux.
Quel
sera l’impact de l’IA sur la finance et la comptabilité ?
Selon les experts d’Archimedia Accounts :
«
L’intelligence artificielle transforme progressivement la finance, en faisant
passer la discipline d’un modèle réactif à une approche plus prédictive. Elle
permet d’automatiser les tâches répétitives, d’améliorer la détection des
fraudes et de faciliter une prise de décision plus rapide grâce à l’analyse de
données en temps réel.
Plutôt
que de remplacer les professionnels du secteur, l’IA modifie la nature de leurs
missions : elle leur offre la possibilité de se concentrer davantage sur
l’analyse, le conseil et la stratégie. Les pays les plus avancés dans
l’intégration de ces technologies joueront un rôle clé dans l’évolution des
pratiques financières à l’échelle mondiale. »


