81e baromètre de conjoncture
Fiducial des TPE - 3ème trimestre 2025.
- 80% des patrons de TPE inquiets et en colère face à l’instabilité politique actuelle
- Gel des embauches,
suspension de leur salaire : ils sont contraints d’anticiper les répercussions
de cette instabilité
La 81ème vague du Baromètre des TPE, enquête trimestrielle menée par l’IFOP pour
Fiducial auprès de 1 013 dirigeants de TPE dépeint un climat pesant pour les
patrons de TPE qui subissent plus que jamais l’instabilité politique,
redoublant ainsi de défiance vis-à-vis du gouvernement.
Une majorité d’entre
eux, qui ne fait plus confiance à l’exécutif, doit d’ores et déjà anticiper les
conséquences de la situation politique actuelle sur leur activité : gel
des embauches, suspension du versement de leur propre salaire… Une situation
préoccupante alors que les TPE témoignent malgré tout d’une certaine résilience
dans un contexte économique fragilisé.
Inquiets et en colère,
les patrons de TPE mis à mal face à l’instabilité politique
Alors que la confiance
des dirigeants de TPE envers l’exécutif ne cesse de diminuer, leur inquiétude
face à l’instabilité politique est, elle, grandissante.
Interrogés sur le
sentiment principalement éprouvé à l’égard de la France actuellement, 8 chefs
d’entreprise sur 10 expriment un sentiment négatif, où l’inquiétude apparaît en
premier lieu pour une majorité d’entre eux (55%), suivie de la colère (25%). Seule
une minorité exprime, à l’inverse, un sentiment positif (14%). Ce sentiment de
négativité se trouve d’autant plus marqué dans certains secteurs d’activités
comme dans l’industrie et le BTP où plus de 4 chefs d’entreprise sur 10 font
état de leur colère (respectivement 16 points et 15 points de plus que la
moyenne).
Alors qu’à peine plus
d’un tiers des chefs d’entreprise interrogés (sur 61% de l’échantillon se
montraient satisfaits de la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier
ministre (36%), le pessimisme ambiant à l’égard du climat actuel en France s’en
est trouvé renforcé suite à sa démission le 6 octobre. Les sentiments négatifs
exprimés sont plus importants (85% contre 77% avant le 6 octobre) et le
sentiment de colère plus prégnant (32% à partir du 6 octobre contre 21% avant
cette date).
Geler les embauches ou
cesser de se verser un salaire : les patrons de TPE anticipent les
répercussions négatives
Face à cette situation
inédite, les patrons de TPE se voient contraints d’anticiper les impacts
négatifs du climat politique actuel.
La majorité d’entre eux anticipe des répercussions négatives fortes d’ici à 6 mois d’abord sur leur secteur d’activité (53%, dont 20% « très fortes »), puis sur l’activité de leurs partenaires et/ou investisseurs
(51% dont 17% « très fortes ») et sur leur
propre activité ainsi que pour celle de leurs fournisseurs et/ou sous-traitants
(50% tous deux dont 16% « très fortes »).
Plus concrètement, ces
répercussions pourraient se traduire par des arbitrages dans la gestion directe
de leur activité et de son développement : 67% des dirigeants déclarent que la
situation politique actuelle pourrait les inciter à réduire leurs investissements.
Un taux qui atteint les 84% pour les patrons du BTP.
En parallèle, ils sont
également nombreux (56%) à évoquer le fait de réduire leurs effectifs ou geler
les embauches (parmi les chefs d’entreprises comptant au moins un salarié). Un
niveau qui monte jusqu’à 66% pour les dirigeants du BTP.
Enfin, certains
envisageraient de réduire leur rémunération, voire de cesser totalement de se
verser un salaire (49%). Un niveau qui grimpe à 64% pour les patrons du secteur
de l’hôtellerie, suivi de près par ceux des services aux particuliers (63%) et
ceux dans le secteur de la santé et action sociale (60%).
Une grande incertitude
qui n’atténue pas les préoccupations économiques et budgétaires des chefs
d’entreprise
Ce climat de grande
incertitude ne calme pas les préoccupations économiques et budgétaires des
dirigeants de TPE. Les trois priorités identifiées par les patrons de TPE (sur
61% de l’échantillon) sont : la santé (citée à 38%), la réduction des déficits
et de la dette publique (citée à 35%) et la question du pouvoir d’achat à
travers la lutte contre la hausse des prix, le relèvement des salaires et la
maîtrise du niveau des impôts (citée à 35% également). Ceci devant l’éducation
et la formation, la sécurité, l’aide aux entreprises ou encore l’emploi et la
défense nationale.
Les trois priorités attendues du gouvernement Lecornu

Par ailleurs, près de 6
chefs d’entreprise sur 10 considèrent qu’il est nécessaire de faire des efforts
pour tenter de réduire de la dette publique française (58%). Dans le détail,
c’est davantage le cas pour les patrons du secteur des services aux entreprises
(70% soit 12 points de plus que la moyenne) et de la santé et de l’action
sociale (73% soit 15 points de plus que la moyenne).
Pour tenter de résorber
la dette publique française, et parmi les différents acteurs présentés, 41% des
chefs d’entreprise considèrent que c’est d’abord aux 1% de la population
française ayant le plus haut niveau de revenu ou de patrimoine de contribuer financièrement.
Ils sont suivis de près par 37% des chefs d’entreprise estimant que tous les
contribuables devraient participer en fonction de leur niveau de revenu et/ou
de patrimoine, voire de façon égalitaire quels que soient leur niveau de revenu
et/ou de patrimoine pour 30% d’entre eux. Les actifs, les entreprises, et les
retraités ne sont ainsi cités qu’en marge (de 6% à 14%).
Enfin, 38% des patrons
de TPE estiment tout simplement que personne ne devrait contribuer
spécifiquement à la résorption de la dette publique, dans la mesure où celle-ci
ne constituerait pas « le problème des Français ».
Une lassitude
généralisée à l’égard des figures politiques habituelles
Interrogés sur le
souhait de nomination d’un nouveau Premier ministre, les patrons de TPE (39% de
l’échantillon) exprimaient en majorité celui de voir nommer un Premier ministre
issu des rangs civils (54%). Un reflet de la lassitude généralisée à l’égard
des figures politiques habituelles, tout parti confondu.
Ce ressentiment à
l’égard du camp présidentiel se traduit, pour près de la moitié des chefs
d’entreprise, par le souhait d’une dissolution de l’Assemblée nationale dans
les prochains mois et l’organisation de nouvelles élections législatives (47%,
dont 27% qui le souhaitent « tout à fait »). Une volonté par ailleurs renforcée
après la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu le 6 octobre,
atteignant désormais la majorité (54%, dont 33% « oui, tout à fait »).
Dans la même lignée,
près des deux tiers des chefs d’entreprise interrogés se montrent en accord
avec l’idée selon laquelle, en cas de dissolution de l’Assemblée nationale et
d’une absence de majorité absolue à l’issue des élections législatives qui suivraient,
Emmanuel Macron devrait démissionner de sa fonction de Président de la
République (64%).
Interrogés sur leur
intention de vote aux élections législatives en cas de dissolution de
l’Assemblée nationale, les patrons placeraient – en pourcentage de suffrages
exprimés – un(e) candidat(e) du Rassemblement National ou de l’Union des
droites pour la République (UDR) d’Eric Ciotti (29%) ou un(e) candidat(e) des
Républicains (16%).
L’intention de vote aux
élections législatives en cas de dissolution de l’Assemblée nationale

Crise de confiance des
patrons de TPE envers le gouvernement
L’inquiétude
grandissante des dirigeants de TPE face à l’instabilité politique se reflète
naturellement dans leur niveau de confiance envers l’exécutif, qui ne cesse de
diminuer. Seuls 12% des patrons de TPE indiquent avoir confiance dans les
mesures économiques annoncées ou mises en place par le gouvernement d’Emmanuel
Macron : un niveau inférieur de 7 points par rapport au trimestre dernier et
surtout, le plus bas niveau observé sur les deux quinquennats d’Emmanuel
Macron. Il s’agit également du niveau de confiance le plus bas observé depuis
la création de ce baromètre en 2002, à l’instar de celui de François Hollande
et du gouvernement de Bernard Cazeneuve fin 2016.
En parallèle de ce
déclin de confiance, le moral des patrons de TPE est lui aussi ébranlé. Le
niveau de pessimisme relatif au climat général des affaires s’établit à 83%,
soit 3 points de plus rapport au deuxième trimestre 2025. Un niveau qui grimpe
jusqu’à 91% dans les TPE de l’industrie, suivies par celles du BTP (90%) et du
commerce (89%).
Le moral des patrons
quant à leur propre activité est naturellement lui aussi affaibli avec un
niveau d’optimisme qui s’établit à 46% soit 5 points de moins qu’au deuxième
trimestre 2025. Les patrons du secteur de la santé et de l’action sociale sont
ceux qui se montrent les plus pessimistes (+7 points par rapport à la moyenne).
Le niveau d’optimisme des patrons de TPE vis-à-vis du climat général des affaires et pour leur propre activité

Les TPE font preuve de
résilience : la dynamique des embauches repart légèrement à la hausse
En parallèle de cette
lassitude envers les politiques, les TPE se maintiennent. La part des TPE
rencontrant des difficultés financières s’établit à 38%, un taux qui reste
constant par rapport au deuxième trimestre 2025 (39%), bien qu’il s’agisse
là-encore du plus haut niveau observé depuis juin 2023, exception faite du
dernier trimestre 2024 (niveau record à 46%).
L’emploi constitue un
autre indicateur de résilience des TPE : 13% des dirigeants de TPE déclarent
avoir embauché ou prévoyait d’embaucher du personnel d’ici fin septembre 2025,
soit 5 points de plus par rapport au deuxième trimestre 2025. Il s’agit du plus
haut niveau observé depuis début 2025, mais qui reste toutefois en-deçà de
celui observé au troisième trimestre 2024 (19%).
Néanmoins, le niveau
actuel de création nette d’emploi pour un troisième trimestre a été dépassé
seulement deux fois depuis 2001, année de création du baromètre (+7 points de
différentiel en 2002,
+5 points en 2006), et égalé une seule fois, l’an dernier.
Cet indicateur reste
toujours fortement lié à la taille de l’entreprise : 18% de TPE de 1 à 2
salariés ont embauché ou envisageaient de le faire alors que ce score grimpe à
31% pour les TPE de 3 à 5 salariés, 40% pour celles de 6 à 9 salariés et
jusqu’à 54% les TPE de 10 à 19 salariés.
En miroir, 9% des TPE déclarent avoir supprimé ou prévoyaient de supprimer un ou plusieurs postes
lors du troisième trimestre 2025 (soit 3 points de plus par rapport au deuxième
trimestre 2025) mais qui reste là encore en-deçà des suppressions de poste effectuées
ou envisagées lors du troisième trimestre 2024 (15%).
Un différentiel de 4
points est observé entre les embauches et les suppressions de postes, en faveur
des embauches. Une tendance systématiquement positive sur ce différentiel, à
l’exception du dernier trimestre 2024.
Un décalage notable apparaît entre la perception des dirigeants de TPE et la réalité économique actuelle. De fait, leur appréciation du climat général des affaires en France et de leur propre activité se détériore au fil de l’année 2025 – et ce vraisemblablement en réaction à un contexte politique de plus en plus dégradé et préoccupant de leur point de vue – tandis que les indicateurs relatifs à l’emploi et aux défaillances s’avèrent moins alarmants.


