L’enquête Art Basel et UBS sur le collectionnisme mondial 2025, réalisée par la Dr ClareMcAndrew, fondatrice d’Arts Economics, dévoile de nouvelles perspectives sur l’évolution des comportements et des motivations des collectionneurs fortunés à l’échelle mondiale.
Conduite par Arts Economics en collaboration avec UBS, l’étude repose sur les réponses de
3 100
particuliers fortunés recueillies au premier semestre 2025 sur dix marchés clés
: États-Unis, Royaume-Uni, Chine continentale, Hong Kong, France, Suisse, Allemagne,
Japon, Brésil et Singapour. Elle explore leurs préférences, leurs habitudes
d’achat, leur participation à des événements, leurs motivations de collection
ainsi que leurs interactions avec les artistes, les galeries et les
institutions.
ClareMcAndrew, auteure
et fondatrice d'Arts Economics, déclare : « Dans un contexte d’incertitude
économique mondiale croissante, cette étude offre une occasion précieuse
d’examiner la manière dont les collectionneurs s’adaptent au risque, en mettant
un accent particulier sur les différences entre les sexes. Contrairement au
stéréotype selon lequel les femmes seraient plus réticentes à prendre des
risques que les hommes, les résultats montrent que, dans le domaine du
collectionnisme, elles sont tout aussi conscientes des risques potentiels, mais
souvent plus enclines à les accepter dans la pratique. Elles achètent un
éventail plus large de supports non traditionnels et soutiennent activement les
artistes émergents ou méconnus. Les femmes ont également davantage collectionné
et dépensé pour des œuvres d’artistes féminines – une tendance également
visible chez les jeunes collectionneurs. Alors que la richesse continue de se
redistribuer à la fois verticalement et horizontalement, ces dynamiques
devraient contribuer, dans les années à venir, à un meilleur équilibre et à une
plus grande diversité dans le monde du collectionnisme. »
Les principales
conclusions de l'enquête
• Les particuliers fortunés ont augmenté
la part de leur patrimoine consacrée à l'art en 2025 : en moyenne, ils ont
consacré 20 % de leur fortune à l’art, contre 15 % en 2024. Les allocations
augmentent avec le niveau de richesse et l’ancienneté de la collection : les
particuliers très fortunés (UHNWI), disposant de plus de 50 millions USD
d’actifs, y allouent 28 % en moyenne, et ceux collectionnant depuis plus de 20
ans, 24 %. Les collectionneurs de la génération Z déclarent une part supérieure
à la moyenne, à 26 %
• Leurs habitudes d'achat se sont diversifiées en termes de supports, de catégories d'artistes et de canaux d'achat : la peinture demeure le support le plus acheté et le plus important en valeur
(27 % des dépenses totales en 2024). La part des achats réalisés dans les foires d’art a progressé à
58 %, tandis que les galeries et marchands restent
les principaux canaux de vente. Les achats via Instagram ont atteint 51 %, et
ceux effectués directement auprès des artistes ont plus que doublé. Si les
dépenses se concentrent encore sur des artistes établis, 66 % des particuliers
fortunés ont acquis des œuvres d’artistes découverts au cours des 18 derniers
mois, soit +8 points par rapport à 2024 et une forte hausse par rapport aux 43
% de 2022.
• Les femmes collectionneuses dépensent
davantage et affirment de nouvelles tendances : en 2024, leurs
dépenses moyennes en art et antiquités étaient supérieures de 46 % à celles des
hommes. En Chine continentale, elles ont dépensé plus du double de leurs
homologues masculins. Leurs collections comportent une part plus importante
d’œuvres d’artistes féminines et témoignent d’une plus grande ouverture à la
découverte de nouveaux talents.
• Les milléniaux et la génération Z présentent les goûts les plus éclectiques : les milléniaux dominent les dépenses dans les arts décoratifs, le design et la joaillerie, en lien avec leur mode de vie.
La génération Z se distingue par ses achats dans les catégories sacs à
main, baskets et objets de luxe – leurs dépenses en baskets étant près de cinq
fois supérieures à celles des autres groupes. Dans les beaux-arts, les jeunes
collectionneurs explorent un éventail plus large de supports : la génération Z
se montre la plus active dans l’art numérique, tandis que la génération Y privilégie
les estampes, la photographie et les œuvres sur papier.
• L'héritage familial reste au cœur du
processus de collection : près de 90 % des collectionneurs de la génération Z ayant
hérité d’œuvres les ont conservées, soulignant l’importance des traditions
familiales. Toutes générations confondues, 80 % prévoient de transmettre leurs
collections à leurs enfants ou à leur conjoint.
• La participation aux événements
artistiques continue de se normaliser après la pandémie : en 2024, les
particuliers fortunés ont assisté en moyenne à 48 événements liés à l’art (un
niveau supérieur à celui d’avant 2020). Les femmes y participent davantage que
les hommes et prévoient une fréquentation encore plus élevée en 2025. Les
visites de musées et de galeries demeurent centrales, mais les visites
d’ateliers d’artistes enregistrent la plus forte progression. Près de 96 % des
répondants envisagent d’assister à des événements en 2026, les jeunes
collectionneurs se montrant les plus engagés.
• Les particuliers fortunés restent
confiants dans les perspectives à court terme du marché de l’art : 40 % prévoient
d’augmenter leurs achats d’œuvres au cours des 12 prochains mois (contre 43%
en 2024 et 54 % en 2023), tandis que 84 % demeurent optimistes quant à la
solidité du marché mondial de l’art à court terme. Les intentions de vente
reculent à 25 % (contre 55 % en 2024). Un quart des répondants prévoient par
ailleurs de faire don d’œuvres, confirmant une tendance croissante à la
philanthropie.
Paul Donovan,
économiste en chef chez UBS Global Wealth Management, déclare : « Le grand
transfert de richesse influence non seulement les flux financiers, mais aussi
l’engagement des collectionneurs. À mesure que les jeunes générations et les
femmes prennent une part plus active à la gestion du patrimoine, leurs choix de
collection reflètent davantage leurs valeurs personnelles et leur conscience
sociale. Beaucoup sont attirés par un art porteur d’identité, de communauté et
de sens. Cette évolution annonce une approche plus réfléchie et axée sur les
valeurs, reliant la richesse à la créativité d’une manière en phase avec
l’esprit du temps. »
Noah Horowitz, PDG d'Art Basel, ajoute : « L’enquête Art Basel et UBS 2025 offre un aperçu fascinant de la transformation du secteur. Les milléniaux et la génération Z abordent le marché avec de nouveaux comportements, goûts et modes d’engagement, tandis que l’influence croissante des femmes collectionneuses et la mise en avant des artistes féminines exercent un impact tangible sur le commerce de l’art. Nous observons également que les jeunes collectionneurs s’éloignent des catégories traditionnelles pour explorer l’art numérique, le design et le lifestyle, acquérant leurs œuvres via un nombre croissant de canaux. Ces enseignements sont essentiels pour orienter notre mission : soutenir les galeries et leurs artistes, cultiver de nouveaux publics et renforcer l’écosystème artistique mondial. »


