Communiqué
du Syndicat des Indépendants et des TPE.
À l’approche d’un choc
structurel inédit, la France doit faire face à une alerte rarement aussi
pressante : près de 70 000 entreprises menacées de défaillance en 2025 !
Derrière ce chiffre
guetté apparaissent déjà des territoires affaiblis, des emplois perdus, et
surtout une fracture profonde entre les grandes entreprises et les très petites
structures - artisans, commerçants, indépendants - qui forment pourtant la colonne
vertébrale de notre économie.
L’Observatoire BPCE
publiait en début d’année un constat alarmant : 66 422 défaillances en
2024, soit une hausse de 28% par rapport à 2019, et 17 966 procédures au 4ᵉ
trimestre, un record pour cette période depuis 2009. Pire encore, BPCE anticipe
68 000 défaillances en 2025 et 240 000 emplois menacés, notamment parmi les
petites entreprises les plus vulnérables.
Ces projections
confortent l’intuition centrale : nous ne sommes plus dans une simple crise
conjoncturelle, mais face à une rupture structurelle. Sans une action forte et
immédiate, ce seront les plus petites structures qui paieront le prix fort.
Ce qui menace les TPE
• Fiscalité disproportionnée
Sur le plan formel,
l’impôt sur les sociétés est le même taux pour tous. En réalité, les grandes
entreprises optimisent leurs flux, profitent d’échappatoires, de niches
fiscales, de montages sophistiqués — tandis que les TPE paient « plein pot ».
Ce déséquilibre creuse jour après jour l’écart de compétitivité entre les
acteurs.
• Charges fixes et normes nouvelles
L’obligation de
facturation électronique payante, les contraintes administratives, les normes
régulières : autant de coûts fixes qui ne se mutualisent pas pour les petites
structures. Ces charges pèsent de manière démesurée dès le moindre vent
contraire.
• Chocs exogènes
La flambée des coûts
énergétiques, les hausses de taux, les pressions sur les matières premières :
pour beaucoup de métiers, l’énergie n’est pas une variable d’ajustement, mais
une condition d’activité. Quand elle explose, l’équilibre se rompt.
• Absence de portée politique
Le MEDEF s’est mobilisé
avec force contre la taxe Zucman — un outil visant à imposer les grandes
entreprises mondiales — mais reste étonnamment muet face à la détresse des
artisans, boulangers ou petits commerçants soumis à l’explosion de leurs coûts
de fonctionnement.
La taxe Zucman : un
outil à double tranchant
Nous soutenons l’idée
d’un impôt minimum ciblé sur les grandes entreprises à condition qu’il respecte
deux principes non négociables :
1. Cibler strictement les
acteurs ultra-mondialisés, sans risquer un glissement vers la taxation des
patrimoines professionnels des TPE.
2. Redistribuer les
recettes de façon dédiée, pour alléger le fardeau structurel des plus modestes.
Sans ces garanties, la
taxe Zucman pourrait ne rester qu’un étendard symbolique, un bruit médiatique
destiné à masquer l’inaction sur le terrain.
Appel à réaction et
mobilisation
Cet appel ne s’adresse pas uniquement aux décideurs publics. Il interpelle :
• L’État et les collectivités territoriales : elles doivent intégrer
les TPE dans toute réflexion budgétaire, réglementaire et normative, avec des
“tests TPE” systématiques avant toute mesure.
• Les médias et l’opinion publique : relayer cette alerte,
donner visibilité à ces entreprises fragiles, ne pas laisser le récit
économique se faire sans elles.
Car si 2025 confirme les prévisions de l’Observatoire BPCE, ce seront des dizaines de milliers d’emplois, de commerces de proximité, de savoir-faire locaux qui s’effaceront dans un silence assourdissant.


