Les résultats des tests de résistance conduits en 2025 par l’Autorité bancaire européenne (ABE)
et la
Banque centrale européenne (BCE) confirment la résilience du système bancaire
français, face à un scénario particulièrement sévère.
Le test de résistance lancé par l’ABE le 20 janvier 2025 a porté sur les 64 groupes bancaires européens les plus importants, dont 51 groupes sous la supervision directe de la Banque centrale européenne (BCE), et couvrant environ 75% des actifs du système bancaire européen.
En parallèle, un test de résistance complémentaire a
été lancé par la BCE le même jour pour 45 autres banques sous sa supervision.
L’objectif de ces tests
est d’évaluer la capacité de résistance des grands groupes bancaires européens
face à des chocs macroéconomiques et financiers très défavorables afin de
s’assurer qu’ils disposent d’un niveau suffisant de fonds propres. Dans les deux
cas, l’ABE et la BCE ont eu recours aux mêmes scénarios et à la même
méthodologie.
8 banques françaises ont été concernées par l’exercice mené par l’ABE :
BNP Paribas, Bank of
America Securities Europe, Groupe BPCE, Groupe Crédit Agricole, Groupe Crédit
Mutuel, La Banque Postale, HSBC Continental Europe et Société Générale.
3 établissements français ont participé au test complémentaire conduit par le MSU :
Bpifrance, RCI Banque
et SFIL.
Les banques
participantes ont projeté leurs ratios de solvabilité et de levier sur un
horizon de trois ans selon un scénario de base fondé sur les prévisions
macroéconomiques publiées par les banques centrales en décembre 2024. En
complément, elles ont fourni une projection établie selon un scénario
défavorable, sévère mais plausible.
Le scénario défavorable considéré est plus sévère que celui de la crise financière de 2008 et que les récents développements macroéconomiques adverses issus de chocs plus récents (crise du Covid-19, déclenchement de la guerre en Ukraine ou volatilité des marchés suite aux annonces des évolutions des droits de douane US). Il suppose notamment que le PIB réel de la France diminue de 5,9% en cumulé sur les trois années de l’exercice, tandis que le taux de chômage progresserait jusqu’à atteindre 12,5%, que la valeur des actifs immobiliers baisserait significativement (-28,2% pour l’immobilier commercial et
-13% pour le
résidentiel) et les actions chuteraient de 50% la première année. Par ailleurs,
afin d’assurer un caractère très prudent des projections financières, un
certain nombre de contraintes méthodologiques sont appliquées. Par exemple,
l’exercice se déroule à bilan statique, les projections de revenus d’intérêt
sont bornées, les encours de crédit en défaut ne peuvent revenir en sain.
Les banques participantes étaient tenues de réaliser cet exercice en prenant en compte le nouveau cadre réglementaire européen CRD6/CRR3 entré en vigueur au 1er janvier 2025 qui transpose les accords finaux de Bâle III au sein de l’Union européenne. L’analyse des résultats du stress-test se concentre sur les ratios de solvabilité avec prise en compte des mesures transitoires applicables afin de refléter au mieux la situation des établissements au regard de l’entrée en vigueur progressive de cette réforme.
Ces mesures transitoires concernent des
traitements préférentiels temporaires pour le calcul des actifs pondérés par
les risques de certaines expositions (immobilier, entreprises non cotées par
exemple) et le seuil d’application de l’« output floor », qui limite le gain de
fonds propres permis par le recours aux modèles internes. Ainsi, alors que le
seuil d’application cible est de 72,5%, le niveau intermédiaire atteint fin
2027 est de 60%.
Concernant le point de
départ du ratio de solvabilité CET1 à fin 2024, le changement de cadre
règlementaire a un effet négligeable à la baisse, de - 0,2 point de pourcentage
pour les banques françaises des deux échantillons. Compte tenu des contraintes
méthodologiques et du scénario macroéconomique et financier particulièrement
dégradé, les résultats des tests de résistance permettent de confirmer la
résilience du système bancaire français dans son ensemble et sa capacité d’absorption du choc : en tenant compte
des mesures transitoires, le ratio de CET1 agrégé des banques françaises
passerait de 15,91% à 10,52% (soit une diminution de 5,4 points de
pourcentage), et le ratio de levier passerait de 5,54% à 4,14% (soit une
diminution de 1,4 point de pourcentage).
Les résultats du test de résistance sont pris en considération dans le cadre du processus de contrôle et d’évaluation prudentiels (SREP) et la fixation des exigences en capital correspondantes.


