Selon le rapport "People at Work 2025" d'ADP Research, bien que le taux d’emploi mondial ait atteint un niveau record en 2024, plus de la moitié (57%) des travailleurs dans le monde et 43% en France, rencontrent des difficultés à équilibrer leurs finances en fin de mois.
En conséquence, 23%
cumulent deux emplois ou plus (15% en France), principalement pour subvenir à
leurs besoins essentiels.
Menée auprès de près de
38 000 salariés dans 34 pays, dont plus de 1 000 en France, cette étude met en
lumière d’importantes disparités régionales, ainsi que des écarts
générationnels en matière de résilience financière.
Cumuler plusieurs
emplois : une nécessité pour subvenir à ses besoins
Le cumul d’emplois
devient une nécessité dans certaines régions où les salaires moyens restent
faibles au regard du coût de la vie. Le poids important de l’économie
informelle en Afrique, en Amérique latine et dans certaines parties de l’Asie
aggrave la situation, en privant de nombreux travailleurs de stabilité et de
protection sociale.
Selon l’enquête, le
phénomène du cumul d’emplois est ainsi particulièrement répandu au Moyen-Orient
et en Afrique (34%), en Amérique latine (24%) et dans la zone Asie-Pacifique
(24%). La majorité des travailleurs y ont recours pour couvrir leurs besoins
essentiels (51%), épargner en vue de projets futurs (47%) ou se constituer une
réserve pour la retraite (39%).
Ces motivations varient
avec l'âge : les salariés de moins de 40 ans cumulent plusieurs emplois pour
acquérir de l’expérience professionnelle (40%), et près d’un tiers le font pour
financer leurs études ou une formation. En comparaison, seuls 27% des plus de
40 ans cherchent à gagner en expérience via un emploi supplémentaire, tandis
que 21% le font pour financer une formation.
Une pratique peu
répandue en France
En France, seulement
15 % des salariés déclarent cumuler plusieurs emplois, plaçant ainsi le pays au
huitième rang des 34 marchés étudiés comptant la plus faible proportion de
travailleurs concernés. Un chiffre qui varie selon plusieurs facteurs :
• l’âge : 28% des 18-26 ans
occupent plusieurs emplois, contre 10% des salariés de 40 ans et plus.
• le genre : 16% des femmes
exercent plusieurs emplois (10% occupent deux emplois et 6% trois emplois ou
plus), contre 13% des hommes.
Les principales raisons
de ce cumul d’emplois en France sont la nécessité de couvrir les dépenses
essentielles (41%), l’épargne en vue de projets futurs (33%) et la préparation
de la retraite (32%).

Cumuler les emplois ne
suffit pas à joindre les deux bouts
À l’échelle mondiale, la pression financière
est généralisée, et cumuler les emplois ne suffit pas toujours à boucler les
fins de mois. Ainsi, 59% des salariés ayant deux emplois déclarent rencontrer
des difficultés financières, un chiffre qui grimpe à 61% chez ceux cumulant
trois emplois ou plus. Même parmi ceux n’ayant qu’un seul emploi, plus de la
moitié (54%) affirment vivre au jour le jour, preuve que la précarité touche
l’ensemble des profils, quel que soit le nombre d’emplois.
L’Égypte enregistre la
proportion la plus élevée de travailleurs en difficulté financière (84%),
suivie par l’Arabie Saoudite (79%) et les Philippines (78%). À l’inverse, la
Corée du Sud affiche le taux le plus faible avec seulement 18%.
La France, avec un peu plus de 4
salariés sur 10 (43%) affirmant avoir des fins de mois difficiles, se situe en
dessous de la moyenne européenne (51%) et enregistre la deuxième plus faible
proportion. Ce chiffre est légèrement plus élevé chez les femmes (45%) que chez
les hommes (40%).
Partout dans le monde, il existe également un
écart entre la perception de disposer de suffisamment d’argent pour subvenir à
ses besoins et celle de satisfaire ses envies. En France, 48% des
salariés estiment avoir suffisamment d’argent pour acheter les biens et
services dont ils ont besoin, mais seuls 32% déclarent pouvoir acheter ce
qu’ils veulent.
« La rémunération
constitue la base du bien-être financier pour la majorité des travailleurs.
Pourtant, nos données révèlent qu’un emploi, même stable, ne suffit pas à
offrir une sécurité financière. Près de deux tiers des personnes cumulant trois
emplois peinent encore à joindre les deux bouts. Cette réalité représente une
opportunité pour les employeurs d’adopter une approche plus globale de la
rémunération, afin d’aider leurs collaborateurs à faire face à la hausse du
coût de la vie »,
souligne Nela Richardson, Cheffe économiste chez ADP.
« Pour les entreprises
faisant face à un contexte économique incertain, augmenter les salaires n’est
pas toujours envisageable. Au-delà de la rémunération, qui est un élément
essentiel, notre enquête a identifié plusieurs facteurs importants qui influencent
l'attraction et la rétention des talents. Notamment, les possibilités de
développement des compétences et les opportunités de formation qui peuvent
aider les collaborateurs à progresser dans leur carrière et potentiellement
augmenter leur salaire, explique Carlos Fontelas de Carvalho, Président d’ADP
en France et Europe centrale.
Ces facteurs clés
d'engagement peuvent notamment être présentés dans un Bilan Social Individuel
(BSI), offrant ainsi une plus grande clarté sur tous les aspects de la
rémunération, au-delà du salaire de base. Cela peut inclure des horaires ou
lieux de travail flexibles, des avantages en nature ou sociaux en matière de
santé, des primes exceptionnelles et des facilités pour un meilleur équilibre
entre vie professionnelle et vie privée.
De telles mesures, lorsqu’elles sont mises en avant et connues des salariés, jouent un rôle important dans l'attraction et la fidélisation des talents, ainsi que dans l’engagement des collaborateurs », conclut-il.


