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[Expertises] Loi Duplomb : biodiversité en danger

Un contre-modèle : les écolieux préservent le vivant tout en réconciliant écologie et économie

 

Alors que la loi Duplomb, tout juste adoptée, marque un recul majeur pour la protection de la biodiversité et des écosystèmes agricoles, une autre voie se dessine sur le terrain : celle des écolieux protégés par des Obligations Réelles Environnementales (ORE). Portée par la Coopérative Oasis, cette dynamique allie outil juridique robuste, pratiques agroécologiques, engagement territorial et résilience économique.


Ces lieux démontrent que protéger la nature peut aussi créer de l’activité locale. Ils produisent, forment, vendent et emploient. Ce sont des modèles économiques sobres, autonomes et reproductibles. Là où ils s’installent, la biodiversité revient, les pollinisateurs réapparaissent et les indicateurs de santé écologique s’améliorent.

 

« Plutôt que de faire passer l’économie avant la nature, il est temps de se donner un cadre clair pour développer une économie qui respecte le Vivant. Les ORE peuvent contribuer à répondre à cet enjeu : ce sont des outils concrets, robustes et duplicables, qui permettent de faire de la préservation de la biodiversité une réalité juridique. Là où l’État recule malheureusement, des collectifs locaux s’engagent partout en France. Les centaines d’écolieux prouvent qu’il existe des modes de vie et des façons de faire société qui permettent à la fois un développement économique, une solidarité humaine et la prise en compte réelle des enjeux écologiques » insiste Mathieu Labonne, PDG de la Coopérative Oasis.

 

L’ORE : un nouvel outil juridique pour protéger durablement la biodiversité

 

L’Obligation Réelle Environnementale (ORE) est un contrat environnemental inscrit dans le Code de l’environnement (article L.132-3). Volontaire et transmissible entre propriétaires, il permet d’inscrire des engagements de préservation de la biodiversité dans la durée : 30, 50 voire 99 ans. Grâce à ce mécanisme, des terres à haute valeur écologique deviennent juridiquement sanctuarisées, offrant une véritable sécurité pour les espèces, les paysages et les pratiques agricoles durables.

 

La Coopérative Oasis, réseau national d’écolieux, s’est engagée depuis 2024 dans la mise en œuvre d’ORE. Elle agit en tant que partenaire contractuel aux côtés des collectifs citoyens qui possèdent des écolieux, en co-signant les engagements. Elle accompagne juridiquement chaque étape de la démarche, et met en place un dispositif de suivi écologique rigoureux, comprenant des visites croisées, un suivi annuel, et un bilan décennal. Grâce au soutien du Fonds Fraternité pour Demain, elle finance la mise en place des ORE pour les écolieux membres de la coopérative, rendant ce dispositif accessible à un plus grand nombre de porteurs de projets.

 

Des écolieux actifs, ancré dans la réalité économique et au service du vivant


À ce jour, 9 ORE ont été signées, pour une surface totale de 73 hectares, 15 sont en cours, avec un objectif de 10 nouvelles signatures d’ici fin 2025. Parmi ces lieux : l’écovillage de Sainte Camelle, la Ferme légère, le Pradal Haut...

 

Ces lieux sont bien plus que des espaces de vie partagés : ils sont aussi des fermes, des centres de formation, des ateliers de transformation, des lieux d’accueil social et pédagogique…


À La Bigotière, en Ille-et-Vilaine, 4,5 hectares sont d’ores et déjà consacrés à la cohabitation entre humains et non-humains. Ce « terre-lieu » accueille 22 habitants engagés dans une gestion écologique adaptée aux milieux : non-intervention dans les bois, fauche douce des prairies, valorisation raisonnée des haies.


Un observatoire local, le « Bigoscope », permet un suivi scientifique rigoureux. On y a recensé

38 espèces animales, dont 34 nicheuses. L’ORE, en cours de préparation, permettra de protéger juridiquement ces équilibres dans la durée.


Quant à l’Oasis du Coq à l’Âme, dans le Sud-Ouest, cet éco-hameau de 26 hectares associe habitat partagé, agroécologie, et accueil solidaire. Le site abrite une biodiversité remarquable, avec des espèces sensibles comme la chouette chevêche ou l’azuré du serpolet.


La signature prochaine d’une ORE viendra renforcer et inscrire dans le temps les pratiques existantes : permaculture, agroforesterie, sobriété énergétique et coopération territoriale. Ce lieu montre qu’un autre rapport à la terre est possible à la fois fertile, durable et vivant.

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