À l’occasion des
60 ans de la loi du 13 juillet 1965 sur l’émancipation financière des femmes,
ASAC-FAPES met en lumière, à travers les données de son Observatoire des
solidarités intergénérationnelles réalisé avec l’IFOP en mars 2025, la manière
dont les femmes françaises abordent la transmission de leur patrimoine. Si
elles se montrent plus prévoyantes, elles demeurent néanmoins moins bien
équipées et informées pour structurer leur succession.
60 ans après leur
émancipation financière, les femmes sont en retrait face aux outils
patrimoniaux
Malgré 6 décennies
d’émancipation financière, des écarts subsistent dans l’accès aux solutions
patrimoniales. L’assurance-vie, pourtant largement plébiscitée comme outil de
transmission, est détenue par seulement 47% des femmes, contre 59% des hommes.
Un écart qui, contrairement aux idées reçues, s’accentue davantage parmi les
jeunes générations : avant 35 ans, seules 39% des femmes possèdent un contrat
d’assurance vie, contre 47% des hommes du même âge.
Même tendance du côté du Plan d’Épargne Retraite (PER), souscrit par 18% des femmes, contre
24% des
hommes, ou de l’investissement immobilier indirect (SCPI, OPCI, SCI) qui reste
également moins représenté chez les femmes (12% contre 17%).
L’écart est encore plus
marqué pour les placements boursiers (comptes-titres, PEA), détenus par près de
2 fois moins de femmes que d’hommes : 16% des femmes en possèdent, contre 29%
des hommes, un écart de 13 points qui perdure quelle que soit la tranche d’âge
observée. Une différence qui s’explique à la fois par une appétence au risque
plus modérée et une perception de ces dispositifs comme complexes ou peu
accessibles.
Une volonté affirmée de
transmettre
Si plus d’une femme sur
2 déclare ne pas connaître les démarches nécessaires à effectuer pour léguer un
héritage (53% contre 47% des hommes), elles sont également moins nombreuses que
leurs homologues masculins à projeter de pouvoir léguer un héritage à l’avenir
(68% contre 73%). Les femmes n’en sont pourtant pas moins engagées dans la
préparation de leur succession. Elles sont ainsi 31% à avoir déjà rédigé ou
envisagé de rédiger un testament, un niveau quasi équivalent à celui des hommes
(33%).
Elles se montrent également plus enclines à sortir du cadre traditionnel de la transmission. Plus de
6 femmes sur 10 (61%) envisagent une donation de leur vivant, soit 5 points
de plus que les hommes, un écart qui atteint même 12 points chez les moins de
35 ans (69% contre 57%). Cette volonté d’anticipation repose autant sur des
considérations fiscales (28% souhaitent d’abord limiter les droits de
succession) que sur un souci de protection des proches (18% placent cet
objectif en tête).
Autre indicateur de cette appropriation progressive des enjeux patrimoniaux : la désignation de vie sur
10 (39%), et près d’une sur deux chez les moins de 35 ans (44%). Une démarche qui répond souvent à la volonté de disposer d’une plus grande liberté dans le choix de la transmission de son patrimoine
(39% des principales raisons
évoquées) et d’éviter des tensions familiales (25%).
De fortes
préoccupations face à la question de la retraite
Cet engagement
croissant des femmes en matière de transmission patrimoniale contraste avec une
perception plus incertaine de leur propre avenir financier, notamment lorsqu’il
s’agit de retraite. Plus encore que les hommes, elles appréhendent cette période
de leur vie avec inquiétude : Près de 6 femmes sur 10 en ont une vision
négative (dont 14% très négative), contre 4 hommes sur 10.
La raison ? Les femmes se montrent particulièrement sensibles au contexte économique et politique instable, qui brouille les repères et rend le système de retraite difficilement lisible ; une insécurité citée en priorité par 44% d’entre elles, contre 35% des hommes. En effet, les réformes à répétition alimentent un sentiment d’incertitude sur leur propre trajectoire (âge légal de départ, niveau de pension, nécessité de constituer soi-même un complément…) et sont citées comme première source de préoccupation par
30% des femmes, contre 19% des hommes.
« Soixante ans après leur émancipation financière, les femmes restent en retrait face aux outils patrimoniaux. Pourtant, la tendance évolue positivement : elles s’engagent plus tôt et avec détermination, souligne Nathalie Lejeune, Directrice générale de FAPES Diffusion (ASAC-FAPES). Confrontées à une certaine inquiétude quant à leur avenir financier, cet engagement prend une autre dimension : celle d’une volonté affirmée de prendre le contrôle de leur stratégie patrimoniale et de renforcer leur autonomie face aux incertitudes économiques et sociales. Cette dynamique d’anticipation met en lumière l’importance de les accompagner efficacement, en leur apportant les clés de lecture et les leviers d’actions adaptés à leurs besoins. »


