[Observatoire Ankorstore du
Commerce Indépendant 2025] - 3ème édition
Faits saillants
∙ 64% des commerçants jugent
leur situation « tendue » en 2025 (+4 pts vs 2024).
∙ 50% des commerçants ont
augmenté leurs prix en 2024, et 37% prévoient de le faire en 2025.
∙ 86% des Français ont
modifié leur façon de consommer au quotidien en 2025.
En réaction au contexte
international :
∙ 63% des consommateurs
privilégient les produits français ou européens.
∙ 40% des commerçants
ressentent déjà les effets des droits de douane américains.
Des vitrines en
trompe-l’œil ? Entre hausse des prix et arbitrages contraints des
consommateurs, 2024 a mis le commerce indépendant à l’épreuve.
Et 2025, déjà
marqué par une incertitude économique mondiale émaillée de tensions
géopolitiques, pourrait être l’année du point de bascule.
Malgré les efforts
d’adaptation déployés par les commerçants indépendants et une volonté affichée
des Français de consommer mieux et de soutenir l’économie Française, les
chiffres sont là : la situation pour les commerçants n’est pas facile, mais ils
tiennent bon.
La nouvelle édition de l’Observatoire Ankorstore du Commerce
Indépendant, dresse un état des lieux sans détour — et porteur d’enseignements.
« Cet Observatoire est
un signal d’alerte, mais aussi un appel. Face aux difficultés, les indépendants
tiennent bon. Ce qu’il leur faut aujourd’hui, c’est un soutien clair : celui
des consommateurs, bien sûr, mais aussi des décideurs publics. Il ne sert à
rien de déplorer une situation. La pérennité des commerces de proximité,
véritables moteurs de vie sociale et économique, dépend d’une véritable
révolution dans nos comportements et nos politiques locales. », commente Nicolas
d’Audiffret, cofondateur et CEO d’Ankorstore.
L’économie locale
souffre de l'inflation
Les bonnes intentions
n’ont pas résisté aux fins de mois. 58% des Français estiment que leur pouvoir
d’achat a reculé en 2025 (60% en 2024), tandis que seuls 6 % l’ont vu
progresser.
Résultat : 86% déclarent que l’inflation et l’augmentation des prix
ont affecté leur consommation.
En réaction, le premier
réflexe a été de consommer moins (44%), le second de se tourner vers les prix
les plus bas (42%). Ces arbitrages renforcent la pression sur les commerces
indépendants, pris en étau entre des prix en hausse et une demande qui se
rétracte ou se déplace.
Mais l’attachement aux
commerces indépendants persiste malgré tout
Pourtant, l’attachement
aux commerces de quartier demeure. 70% des Français les fréquentent
régulièrement, dont 40% souvent. Cette fidélité repose avant tout sur la
proximité géographique (57%), mais aussi sur l’accès à une offre plus locale
(44%) ou exclusive (27%).
Le commerce de
proximité sous tension
Un amour à toute
épreuve ? Oui et non.
À prix égal, 50% des Français préfèrent et restent fidèles aux commerces
indépendants contre 36% qui déclarent se tourner vers la grande distribution
(28% en 2024).
À en croire les
professionnels eux-mêmes, le secteur est à la peine. 59% des commerçants
constatent une multiplication des fermetures de commerces dans les
centres-villes, contre 56% l’an dernier et
46% en 2023. Depuis deux ans,
vitrines et façades calfeutrées ponctuent le paysage urbain.
L’inflation reste la
principale difficulté : 81% des commerçants affirment qu’elle impacte toujours
autant leur activité, contre 85% en 2024 et 72% en 2023. Une légère accalmie,
mais sur fond d’incertitudes croissantes. Les résultats ne trompent pas : 64 %
des gérants jugent leur situation « tendue », soit 4 points de plus qu’en 2024.
Les indépendants font
preuve de résilience dans un monde en mutation
Pour pallier la hausse
des coûts, 50% des commerçants ont augmenté leurs prix en 2024, et 37%
prévoient de le faire en 2025. Une stratégie plus subie que choisie, visant à
maintenir l’activité à flot. Et elle porte parfois ses fruits : 41% des
professionnels ont réalisé en 2024 un chiffre d’affaires supérieur à celui de
2023, et 15% un chiffre d’affaires équivalent.
Mais pour beaucoup,
cela ne suffit pas. Malgré les arbitrages sur les stocks, l'approvisionnement
et l'adaptation à la demande, la tension sur les marges s’accentue, fragilisant
la capacité d’investissement et d’innovation, si essentielle pour se différencier
face à la grande distribution ou au e-commerce.
L’heure du sursaut
salutaire : commerçants et consommateurs sur la même longueur
2025 s’est ouvert sous
de nouveaux vents contraires. L’instabilité géopolitique, le retour annoncé de
barrières douanières dans certains secteurs, et une consommation encore à la
traîne devraient accentuer les fragilités déjà identifiées. Lucides, 88 % des
Français redoutent une nouvelle flambée des prix.
Les défis présents et à
venir pourraient toutefois être l'occasion d'un sursaut collectif et salutaire.
Peu à peu, une dynamique de recentrage s’installe : 63% des consommateurs
envisagent désormais les produits français (40%) ou européens (23%), quand 39%
cherchent à éviter les marques américaines ou asiatiques.
La prise de conscience
est partagée par les commerçants. 59% envisagent de réorienter leur stratégie
d’approvisionnement vers des circuits européens, plus proches, plus locaux.
Pour cause, 40% sont d’ores et déjà impactés par les premiers effets des
droits de douane américains.
Nicolas d’Audiffret conclut : « Si les commerçants sont lucides face aux difficultés qu’ils rencontrent, ils ne baissent pas les bras et ont bien conscience du rôle économique et social qui est le leur (98% pensent qu’ils ont un rôle à jouer dans la redynamisation des centres-villes). Ils sont ainsi 78% à attendre des mesures des pouvoirs publics pour les aider ! Car le commerce indépendant reste un pilier du tissu social et économique français. Il crée de l’emploi non délocalisable, tisse du lien, structure les territoires. Et il a prouvé, ces dernières décennies, sa capacité d’adaptation. »