Etude réalisée par iQspot.
À cinq ans de
l’échéance 2030 fixée par le décret tertiaire, qui impose une réduction de 40%
des consommations d’énergie dans l’immobilier tertiaire, iQspot, acteur de
référence dans la collecte et l’analyse des données énergétiques des bâtiments,
dresse un bilan d’étape de la décarbonation du secteur.
Cette étude inédite
s’appuie sur cinq années de données collectées en continu sur un parc de près
de 300 bâtiments, représentant près de 2 millions de m² de surfaces monitorées.
Alors que l’immobilier
tertiaire concentre à lui seul un tiers des consommations énergétiques et des
émissions de gaz à effet de serre du parc immobilier français, l’étude menée
par iQspot révèle une tendance encourageante : plus de la moitié des bâtiments
analysés (52%) toutes typologies d’usage confondues (bureau, commerce, hôtel,
parc d’activités, logistique, …) respectent déjà les objectifs du décret
tertiaire fixés pour 2030.
L’influence des usages
et des surfaces
Les immeubles de
bureaux s’illustrent notamment comme les plus en avance, avec 61% d’entre eux
déjà en conformité, contre 54% pour les commerces et seulement 18% pour les
parcs d’activité, souvent plus complexes à piloter en raison de leur taille et
de la diversité de leurs usages.
La surface des
bâtiments joue également un rôle déterminant. Les plus performants sont ceux de
petite et moyenne taille : entre 53% et 59% des bâtiments de moins de 10 000 m²
respectent les objectifs du décret, tandis que cette proportion chute dès que
la surface dépasse ce seuil, tombant à 45% pour ceux de 10 000 à 15 000 m²,
puis à 38 % pour les grands ensembles de plus de 15 000 m². Une tendance qui
reflète les difficultés croissantes à maîtriser les équipements techniques et
les comportements des occupants à mesure que la taille des bâtiments augmente.
Plus de 40% d’économies
d’énergie pour les monolocataires
Entre 2020 et 2024, les
bâtiments suivis par iQspot ont réalisé en moyenne 32% d’économies d’énergie,
témoignant d’une dynamique de transformation bien engagée dans le secteur
tertiaire. La consommation moyenne est ainsi passée de 148 kWhef/m² à 101
kWhef/m². Un seuil qui place nombre de bâtiments en bonne voie pour atteindre,
voire dépasser, les exigences du décret tertiaire.
Cette performance
énergétique s’avère encore plus marquée dans les bâtiments monolocataires, qui
enregistrent en moyenne 41% d’économies sur la période, contre 30% pour les
bâtiments accueillant plusieurs locataires. Une différence notable, souvent
liée à une plus grande facilité de sensibilisation et d’action quand un seul
occupant est impliqué.
L’Energy Management :
un levier structurant pour accélérer la décarbonation
Si l’usage d’un
bâtiment ou sa configuration locative influencent naturellement les
performances énergétiques, un levier ressort de manière décisive dans les
résultats de l’étude : la présence d’un système de monitoring énergétique. Ce
suivi consiste à mesurer en continu, et en temps réel, les consommations
d’énergie pour identifier rapidement les dérives et ajuster les paramètres de
fonctionnement.
Mais c’est en combinant
ce suivi avec une démarche structurée d’Energy Management (EM) que les gains
deviennent pleinement significatifs. Fondée sur l’observation, l’analyse et
l’ajustement des usages énergétiques, cette approche optimise les usages sans
nuire au confort en agissant au quotidien sur des écarts souvent invisibles –
comme un chauffage maintenu la nuit, une ventilation active dans des espaces
vides ou des consignes de température mal calibrées.
L’effet de levier est particulièrement clair dans les immeubles de bureaux, qui composent près de 70% de l’échantillon étudié. Entre 2020 et 2024, les bureaux bénéficiant d’un suivi EM ont réalisé jusqu’à 35% d’économies d’énergie, contre 26% pour ceux disposant d’un monitoring seul. Et c’est en dehors des heures d’activité (nuits, week-ends, jours fériés) que l’impact est le plus marqué : les économies y sont trois fois plus élevées, atteignant jusqu’à 43% dans les bureaux suivis.
Ce différentiel se
retrouve également selon les zones du bâtiment : alors que les parties
communes, plus facilement optimisables grâce aux systèmes techniques
(chauffage, ventilation, climatisation), permettent déjà des économies (29%
sans EM, 39% avec EM), seules les parties privatives équipées d’un suivi EM
enregistrent des gains significatifs – jusqu’à 25%, contre aucun en l’absence
de suivi car elles supposent des actions ciblées et d’une implication active
des occupants.
« L’Energy Management est un levier discret mais essentiel de la décarbonation. Il transforme les bâtiments en acteurs actifs de la transition, sans perturber leur usage. Notre étude le montre clairement : la réduction des consommations en dehors des heures ouvrées représente un gisement majeur, encore largement sous-exploité. Des économies concrètes sont possibles dès aujourd’hui, grâce à des outils déjà disponibles, sans travaux coûteux. Les professionnels du secteur en sont pleinement conscients et s’engagent activement : s’il reste encore du chemin à faire, la trajectoire carbone imposée par le décret Tertiaire est désormais bien amorcée », précise Julien Bruneau, cofondateur d’iQspot.