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[Tribune] Révision du concept de « pays tiers sûrs » : une inquiétante proposition de la Commission européenne

Lettre d’informations de la délégation française du groupe S&D N°212, par Murielle Laurent.

 

Afin de faciliter drastiquement l’expulsion des demandeurs d’asile, la Commission européenne propose de révolutionner le droit d’asile européen en révisant le concept de « pays tiers sûr ».

 

Ce concept permet, pour un Etat, de déclarer irrecevable certaines demandes d’asile, lorsque cette protection aurait pu être obtenue précédemment dans un pays tiers « sûr », sans examiner le fond de la demande. Ce pays tiers n’est bien sûr pas le pays d’origine du demandeur d’asile.

 

Ainsi, une demande d’asile peut être rejetée, même si la personne a des craintes dans son pays d’origine. Il lui est alors expliqué qu’elle aurait dû demander l’asile dans le pays tiers sûr où elle a vécu. C’est l’état du droit actuellement.

 

Ce que la Commission européenne veut changer aujourd’hui c’est le lien obligatoire qui doit exister entre la personne en quête d’asile et le pays tiers sûr. Pour le moment, un demandeur d’asile ne peut être renvoyé que vers un pays tiers avec lequel il a un lien réel et établi.

 

Avec ce nouveau texte proposé par la Commission, il sera possible de renvoyer un demandeur d’asile vers un pays tiers - n’importe lequel ! – dès lors qu’il est considéré comme sûr par la Commission elle-même.

 

Peu importe que le demandeur d’asile n’y ait jamais mis les pieds, et n’ait aucun lien avec ce pays tiers !

 

La Commission européenne propose également la suppression de l’effet suspensif des recours : ainsi, les personnes pourraient être transférées dans ces pays avant même que leurs recours aient été examiné.

 

Prenons un exemple concret. Une femme afghane qui a fui l’Afghanistan pour les raisons qu’on connait tous : les persécutions effroyables dont sont victimes les femmes du simple fait d’être femme dans ce pays. Cette femme est parvenue à rejoindre l’Europe pour demander l’asile en transitant par exemple par l’Inde.

 

Avec la nouvelle proposition de la Commission, elle pourra être renvoyée vers l’Inde ou vers n’importe quel autre pays tiers sûr, par exemple en Tunisie, en Egypte, en Albanie, sans même que le fond de sa demande ait été examinée et alors même qu’elle aurait pu obtenir le statut de réfugié en Europe.

 

Si elle conteste cette décision, elle pourra être renvoyée avant même la décision définitive de son appel et même si celui-ci conclut qu’elle aurait dû avoir le statut de réfugié en Europe.

 

Tout ceci est inhumain, inadmissible et va s’avérer inefficace. Vous pourrez compter sur moi et mes collègues du Groupe Socialistes et Démocrates pour combattre cette proposition.


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