La CAPEB alerte sur un nouveau coup dur pour les
entreprises artisanales du bâtiment et la transition énergétique
Une suspension des
crédits alloués à MaPrimeRénov’ serait envisagée dès juillet annonce
aujourd’hui Le Parisien : si elle devait prochainement s’avérer exacte, cette
nouvelle susciterait la plus grande incompréhension de la CAPEB puisqu’à ce
jour, seul 1,3 milliard de crédits a été engagé.
Il s’agirait d’un
nouveau coup dur pour nos entreprises, dont l’activité est déjà en berne, qui
s’étaient projetées sur le développement du marché de la rénovation
énergétique. Pareille décision obéirait à une logique de court terme
strictement budgétaire de la part du Gouvernement, ignorant l’ensemble des
retombées économiques, sociales et fiscales du marché aidé de la rénovation
énergétique et incompatible avec la nécessité de répondre aux besoins de nos
concitoyens, aux objectifs environnementaux et à la crise que traverse
l’artisanat du bâtiment.
Un dispositif
déséquilibré et soumis aux aléas budgétaires
Depuis l’an dernier, le
choix a été fait de privilégier les rénovations d’ampleur. Or, ces rénovations
sont beaucoup plus coûteuses – donc plus consommatrices d’aides publiques – et
plus attrayantes pour les fraudeurs, à la différence des mono gestes qui ont
été réintroduits dans le dispositif grâce à la forte mobilisation de la CAPEB.
Certains acteurs ont su tirer profit du système en adaptant leurs offres au
plafond maximal de la prime, entraînant une surfacturation, avec pour
conséquence un étranglement budgétaire du dispositif, un emballement du nombre
de dossiers aux montants excessifs, ainsi qu’un effet d’éviction des ménages
modestes et des artisans locaux.
Au regard de la
situation, la CAPEB déplore l’absence de programmation sur plusieurs années
d’un tel dispositif et juge nécessaire de plafonner les montants pour éviter
qu’une minorité de dossiers de montants très élevés n’absorbent la majorité des
crédits. Elle continue de plaider pour la mise en place d’un parcours de
travaux sur plusieurs années. La rénovation globale serait ainsi accessible
avec la réalisation d’une succession de mono gestes moins onéreux et le
versement d’aides publiques au fur et à mesure avec une bonification en fin de
parcours, limitant de fait sensiblement l’intérêt de la fraude.
Des conséquences très
lourdes pour les petites entreprises
La suspension brutale
de MaPrimeRénov, principal outil de soutien des travaux de rénovation
énergétique constituerait un véritable coup de massue pour les entreprises
artisanales du bâtiment, déjà fragilisées par une conjoncture économique
tendue. Au premier trimestre 2025, le volume d’activité des entreprises
artisanales du bâtiment recule depuis 8 trimestre consécutifs (-5% par rapport
au premier trimestre 2024). Notre
secteur s’enfonce dans une crise structurelle.
Les entreprises
artisanales du bâtiment qui se trouvent déjà confrontées à des délais de
traitement administratif souvent excessifs, verraient leurs chantiers
suspendus, leurs trésoreries déstabilisées, leurs capacités d’investissement
gelées et leurs carnets de commandes lourdement impactés par cette interruption
précipitée du dispositif. Pour un tissu artisanal composé majoritairement de
TPE ancrées localement, cette rupture menace directement l'emploi de proximité,
l'activité économique des territoires et les objectifs nationaux en matière de
rénovation énergétique.
Une décision qui serait
incompréhensible
La CAPEB fait observer
que le budget MaPrimeRénov’ engagé est aujourd’hui de 1,3 milliard et que
seules 100 000 rénovations énergétiques sont engagées à ce jour sur une
capacité de 300 000. Il serait plus que regrettable que la transition
énergétique, essentielle pour les ménages comme pour la planète, soit une
variable d’ajustement budgétaire.
Conclusion de Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB : « Les artisans attendent maintenant des garanties claires sur le maintien de ce dispositif et la détermination de l’Etat à le renforcer en organisant une répartition des fonds avec pragmatisme. Ils veulent savoir si les dossiers déposés jusqu’au 30 juin 2025 seront effectivement tous réglés. Ils s’interrogent aussi sur l’avenir : S’agirait-il d’un simple gel temporaire ou d’une refonte complète du dispositif en 2026 ? Les entreprises artisanales du bâtiment ont besoin de visibilité et de stabilité, en particulier dans ce contexte économique compliqué où leur activité et leur trésorerie sont fragilisées. »