WeeFin
publie la 2ᵉ édition de son Baromètre de la finance durable une analyse de 50
fonds classés Article 8 et 9.
À retenir
• 70% des fonds excluent désormais de leurs portefeuilles les entreprises développant de nouveaux projets liés au charbon.
• Le secteur pétrolier et gazier demeure encore largement financé : 74% des fonds disposant d’une politique sur les hydrocarbures n’excluent pas les entreprises développant de nouveaux projets dans ce secteur.
• La France se distingue au sein de l'Europe, avec 35% des fonds publiant des rapports d'engagement, un chiffre nettement supérieur à celui de pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Un dynamisme qui reflète une approche proactive, plaçant la transparence et l’engagement au cœur des stratégies d’investissement durable.
• Bien que la SFDR ait
renforcé la transparence depuis 2021, la conformité avec la SFDR 2.0 reste un
défi en 2024 pour les fonds Article 9, aucun d'entre eux n'y étant pleinement
conforme.
Face à des
réglementations européennes de plus en plus strictes et une forte attente de
transparence des investisseurs, les fonds ESG sont sous pression. C’est dans ce
contexte que la fintech à impact, WeeFin publie la 2ᵉ édition de son Baromètre
de la finance durable, une étude approfondie des pratiques ESG de 50 fonds
classés Article 8 et 9.
Cette nouvelle édition
dresse un état des lieux lucide, en mettant en lumière les progrès réalisés,
les écarts persistants, et les leviers pour faire évoluer les pratiques vers
davantage de cohérence et d’impact.
Une transition
énergétique engagée, mais encore partielle : le charbon recule, les
hydrocarbures résistent
Alors que l’Agence
Internationale de l’Énergie souligne qu’une sortie progressive des énergies
fossiles est indispensable pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 -
celles-ci représentant encore plus de 80% des émissions liées à la production
d’énergie - la responsabilité qui pèse sur les investisseurs pour orienter les
capitaux en faveur de la transition énergétique se renforce.
Les résultats du
baromètre 2025 montrent que cette responsabilité commence à se refléter dans
les pratiques d’investissement : en 2024, 70% des fonds européens excluent les
entreprises développant de nouveaux projets liés au charbon. À l’inverse, seuls
38% des fonds américains appliquent une telle exclusion.
Mais si le charbon
recule, le secteur pétrolier et gazier demeure largement financé. 74% des fonds
disposant d’une politique sur les hydrocarbures n’excluent pas les entreprises
développant de nouveaux projets dans ce secteur, et 83% des fonds n’ont pris
aucun engagement public pour en sortir.
SFDR 2.0 : un nouveau
défi pour les fonds ESG
Avec l’arrivée de SFDR 2.0, les fonds durables se retrouvent face à une nouvelle complexité réglementaire. Les critères sont désormais plus stricts et les catégories redéfinies, notamment avec la distinction entre fonds “Durable” et “ESG Collection”. Bien que la SFDR ait introduit plus de transparence en 2021, aucun des fonds Article 9 ne respecte pleinement les nouveaux critères de la catégorie “durable” proposée en décembre 2024 par la plateforme européenne de la finance durable à ce stade.
Par exemple, l’exclusion des producteurs
d’électricité à forte intensité carbone reste partiellement appliquée, avec
seulement 11% des fonds Article 9 ayant intégré cette exclusion. L’intégration
des Principales Incidences Négatives (PAI) pose également problème, avec une
grande variabilité dans la qualité des données fournies, ce qui complique la
comparaison entre les fonds.
Certains acteurs
européens commencent à ajuster leurs stratégies pour anticiper les exigences
futures, mais les données ESG peu homogènes et l’absence de standards
internationaux ralentissent la conformité complète.
L’engagement
actionnarial : entre bonnes intentions et manque de transparence
L’engagement
actionnarial est devenu un véritable pilier de l’investissement durable.
Longtemps opposé aux politiques d’exclusion, il se révèle être un très bon
complément pour mener à bien des stratégies de durabilité réellement efficaces.
Dans cette logique, de
plus en plus de fonds déclarent mener des actions d’influence : 84% en 2024. Le
partage des résultats concrets – votes en AG, dialogues menés, impacts mesurés
– reste rare, et doivent être encouragés.
À l’international, il
existe des disparités géographiques : 35% des fonds français publient un rapport
d’engagement, contre seulement 14% au Royaume-Uni et 8% aux États-Unis. Cette
opacité limite la crédibilité des stratégies d’engagement et soulève une
question centrale : en l’absence de reporting détaillé au niveau des fonds, sur
quoi se fonde réellement l’évaluation de l’efficacité des politiques d’engagement
?
Et pourtant, malgré un contexte réglementaire de plus en plus exigeant, les fonds, tant en France qu’en Europe, continuent de s'investir activement dans la finance durable. Les défis à surmonter ; la qualité de la donnée et les contraintes techniques, les risques de greenwashing et l'incertitude liée aux nouvelles régulations, poussent les fonds à se tourner vers des outils technologiques capables de garantir la transparence, la conformité, et la mise en œuvre d’engagements à la fois concrets et mesurables.