Par Raphaël Glucksmann, co-Président de la
délégation française du groupe S&D, rapporteur du Parlement européen sur le
règlement.
Le Parlement européen a
adopté aujourd’hui sa position en vue de l’ouverture des négociations sur le
filtrage des investissements étrangers dans l’Union européenne. Ce vote marque
une avancée cruciale pour notre souveraineté économique et notre sécurité collective.
Depuis plusieurs
années, des puissances étrangères cherchent à prendre le contrôle
d’infrastructures stratégiques, à s’approprier des technologies critiques, ou à
pénétrer nos écosystèmes médiatiques pour influer sur nos démocraties. D’autres
envisagent de contourner nos droits de douane en investissant en Europe, sans y
créer de valeur ajoutée. Face à ces ingérences, face à la concurrence déloyale
organisée depuis l’intérieur de notre marché, l’Europe doit enfin se doter d’un
véritable rempart.
Notre texte prévoit un
filtrage obligatoire pour les secteurs sensibles : grands médias, matières
premières, infrastructures et technologies critiques, grandes exploitations
agricoles. Aucun projet d’investissement étranger touchant à ces domaines ne
devrait échapper au contrôle d’un État membre. Les procédures nationales
doivent être harmonisées et les failles comblées.
Par ailleurs, aux
termes du texte voté aujourd’hui, la Commission européenne disposera d’un droit
d’intervention renforcé : dotée d’un pouvoir d’enquête, elle pourra faire
barrage à des projets susceptibles de porter atteinte à l’ordre public ou à la
sécurité de l’Union. Ce rôle accru est une garantie contre la volonté de
certains États membres d’attirer les investissements étrangers au mépris de la
sécurité européenne.
Avec ce vote, le
Parlement donne un mandat fort à Raphaël Glucksmann, rapporteur du texte, pour
engager les négociations avec le Conseil. Il est aussi un signal clair :
l’Europe n’est pas un terrain de jeu ouvert aux prédations, elle est une
communauté politique décidée à défendre ses valeurs, son modèle, et ses
intérêts vitaux.
L’époque de la naïveté est révolue.