Moins de salariés en télétravail, un regain d’intérêt des investisseurs :
l’immobilier tertiaire, après des années de crise, commence à retrouver des
couleurs. Et depuis le début 2025, le prix des loyers de bureaux et entrepôts
amorce une remontée. Dans ce contexte, bon nombre d’entreprises cherchent à
renégocier dès aujourd’hui leurs loyers.
Les employeurs français
l’ont largement fait savoir à leurs salariés : le “bureau bashing”, c’est fini
! Résultat, le nombre de jours télétravaillés a diminué de plus de 40% depuis
2021. Dans le même temps, la détente des taux d’intérêt fait revenir les
investisseurs vers l’immobilier tertiaire, qu’il s’agisse de bureaux ou de
bâtiments industriels. Sur ce marché, après plusieurs années de disette,
l’investissement pourrait croître de 15 à 20% en 2025. Résultat : les loyers des bureaux commencent
à progresser dans les grandes villes, ceux des entrepôts et bâtiments
industriels se maintiennent dans la plupart des régions. Et les professionnels
du secteur anticipent de nouvelles augmentations de loyers dans les mois à
venir, du moins pour les bâtiments les plus qualitatifs et les mieux situés.
Dans ce contexte, les
entreprises commencent aujourd’hui à repenser leur stratégie immobilière : « Depuis
la crise du Covid, le mot d’ordre consistait à rationaliser le parc immobilier,
notamment en réduisant les surfaces, en fermant ou fusionnant des sites, détaille
Anne-Flore de Rochemonteix, spécialiste de l’immobilier d’entreprise au sein du
cabinet de conseil Nerium. Aujourd’hui, les entreprises veulent
instaurer de nouvelles règles de présence au bureau, mais sans surcoût. Elles
adoptent donc une stratégie d’optimisation immobilière. Il s’agit de
s’implanter dans de beaux locaux, bien situés, conformes aux normes RSE et aux
attentes des salariés… le tout sans se ruiner ».
Des négociations
possibles à tout moment
Les entreprises
prennent de plus en plus conscience d’un droit longtemps méconnu : celui de
négocier leurs loyers à tout moment, et pas uniquement en fin de bail. Pour ce
faire, un nombre croissant d’entre elles commencent par analyser en détail leur
bail commercial. Il s’agit de prendre en compte le montant du loyer bien sûr,
la répartition des charges, l’évolution de la localisation, l’obligation de
remise en état, le contexte économique dans lequel se trouve son bailleur...
Cet examen détaillé permet d’identifier les marges de manœuvre possibles.
« Il faut ensuite
procéder à un benchmark des loyers acquittés pour des biens similaires, dans la
même zone géographique, reprend Anne-Flore de Rochemonteix. Mais
attention à ne pas se laisser aveugler par le grand bluff des loyers faciaux :
les entreprises locataires paient rarement le loyer affiché. Ce qui compte,
c’est le loyer économique, c’est-à-dire le montant effectivement payé, prenant
en compte les mesures d'accompagnement accordées par le bailleur : franchise de
loyer ou financement de travaux par exemple ».
Indexation et charges
locatives : des leviers de négociation efficaces
Au-delà de ces mesures
d’accompagnement, généralement obtenues à la prise à bail, les entreprises
cherchent aujourd’hui à obtenir plus : la réduction durable de leur loyer.
Au-delà de la négociation sur le montant, un levier s’avère de plus en plus
utilisé : la clause d’indexation. Les entreprises cherchent à en vérifier la
conformité avec la réglementation, contrôler la justesse des calculs (indice
utilisé, trimestre de référence…). La démarche s’avère souvent rentable : en
cas d’erreur, les entreprises peuvent récupérer les sommes indues sur les 5
dernières années ou encore négocier avec le bailleur un gel ou une suppression
d’indexation.
Autre point
régulièrement évoqué dans ces négociations, les charges locatives : de
nombreuses entreprises locataires se rendent compte, à l’usage, qu’elles ne
correspondent pas aux prestations réellement fournies et inscrites au bail. Les
auditer et renégocier leur répartition avec le bailleur peut permettre de
réaliser de sérieuses économies.
« L’important,
dans ces négociations, consiste à avoir défini en amont ce que l’on souhaite
obtenir, et quelles concessions on peut envisager en échange, détaille Anne-Flore de
Rochemonteix.
Le locataire peut, par exemple, proposer de renoncer à sa prochaine échéance
triennale, ou encore de repartir sur un nouveau bail de manière anticipée pour
obtenir une baisse de loyer. »
Bien menées, ces négociations permettent aujourd’hui aux entreprises d’obtenir de substantielles économies immobilières. Les bailleurs, sur un marché en début de retournement, restent relativement ouverts aux négociations, notamment en périphérie des grandes villes.