Chaque minute, le
paludisme tue un enfant ! Pourtant les moyens d’agir existent …
À l’occasion de la
Journée mondiale de lutte contre le paludisme, World Vision France alerte sur
une crise sanitaire persistante. En 2024, cette maladie parasitaire continue de
tuer massivement, en particulier sur le continent africain. Malgré les progrès
scientifiques, un enfant meurt encore toutes les 60 secondes du paludisme.
Il s’agit d’une urgence
humanitaire silencieuse, qui frappe les plus vulnérables : les enfants.
Le paludisme – ou
malaria – est une maladie infectieuse transmise par la piqûre de moustiques du
genre Anopheles, infectés par des parasites du type Plasmodium. Une fois dans
le corps, ces parasites atteignent le foie puis les globules rouges, provoquant
de fortes fièvres, des vomissements, parfois des convulsions et, dans les cas
les plus graves, un coma. Le parasite Plasmodium falciparum est le plus
dangereux et le plus répandu en Afrique. Sans traitement rapide, l’infection
peut entraîner la mort, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans.
Un combat mondial qui
piétine : le nombre de cas repart à la hausse et les enfants en paient le prix
fort
Selon le rapport
mondial 2024 de l’Organisation mondiale de la santé, près de 250 millions de
cas de paludisme ont été recensés dans le monde au cours de l’année écoulée,
soit deux millions de plus qu’en 2023. Le nombre de décès s’élève à 608 000,
dont près de 80 % ont été enregistrés en Afrique subsaharienne. Les enfants
paient le plus lourd tribut : ils représentent 77% des décès liés à la maladie.
Le Nigéria, la République démocratique du Congo, le Mozambique, le Niger et le
Burkina Faso concentrent à eux seuls la majorité des morts.
L’Afrique face au
paludisme : un fléau enraciné dans la pauvreté, les conflits et l’inégalité
d’accès aux soins
L’Afrique subsaharienne
concentre à elle seule 94 % des cas mondiaux de paludisme. La situation s’y
explique par un climat favorable à la prolifération des moustiques, par des
infrastructures de santé sous-dimensionnées, et par des conditions de vie précaires
qui empêchent une prévention efficace.
Dans certaines zones
rurales, l’accès au diagnostic et aux traitements reste extrêmement limité.
Pour les familles vivant dans les camps de déplacés ou dans les régions
affectées par les conflits, la prévention n’est pas une priorité mais un luxe
inaccessible.
Les enfants, premières
victimes invisibles du paludisme : une maladie qui tue, affaiblit et condamne
dès le plus jeune âge
Le paludisme est l’une
des principales causes de mortalité infantile en Afrique. Chez l’enfant,
l’infection progresse très vite. En l’absence de soins, elle peut provoquer de
graves complications : anémie sévère, atteintes neurologiques, retard de croissance.
Les épisodes répétés de paludisme affaiblissent durablement les défenses
immunitaires, exacerbant les risques de malnutrition. Ils entraînent aussi des
absences scolaires, voire des abandons définitifs, aggravant les inégalités dès
le plus jeune âge.
Prévenir pour protéger
: une lutte qui commence à la maison
Les moyens de
prévention sont pourtant connus. L’utilisation de moustiquaires imprégnées
d’insecticide reste la méthode la plus efficace et la plus économique. Une
moustiquaire correctement utilisée peut réduire de 50% le risque d’infection
dans une communauté. D’autres mesures sont nécessaires : assainissement des
zones humides, pulvérisations d’insecticides dans les habitations,
sensibilisation des familles, et accès aux tests de diagnostic rapides dès
l’apparition des premiers symptômes.
Mais ces gestes simples
ne sont pas à la portée de tous. Trop souvent, les moustiquaires sont absentes
ou mal utilisées, faute d’information. Dans de nombreux villages, les enfants
dorment sans protection, à la merci des piqûres.
Vaccins et traitements
: les progrès sont réels, mais l’accès reste inégal et les résistances émergent
Sur le front
scientifique, deux vaccins marquent une avancée importante. Le premier,
RTS,S/AS01 (Mosquirix), est recommandé depuis 2021 par l’OMS pour les enfants
vivant dans les zones à forte transmission. Plus récemment, le vaccin
R21/Matrix-M, approuvé en octobre 2023, offre de meilleures performances avec
une efficacité estimée à 75% après plusieurs doses. Plus facile à produire, il
est également moins coûteux, ce qui permet une distribution plus large. Il a
déjà commencé à être déployé dans plusieurs pays africains depuis début 2024.
En parallèle, les
traitements à base d’artémisinine, notamment les thérapies combinées (ACT),
restent le standard médical. Mais des résistances émergent, notamment en
Afrique de l’Est, ce qui inquiète la communauté médicale internationale. La
surveillance et l’innovation thérapeutique sont donc essentielles pour ne pas
perdre le terrain durement gagné ces dernières années.
Face au paludisme,
World Vision agit : protéger chaque enfant, chaque famille, chaque communauté
Présente dans 25 pays
d’Afrique subsaharienne, World Vision déploie une réponse intégrée et
multisectorielle pour lutter contre le paludisme, en mettant l’accent sur la
prévention communautaire, la protection des enfants et le renforcement des
systèmes de santé locaux.
En 2024, World Vision a
distribué plus de 3,6 millions de moustiquaires imprégnées d’insecticide à
travers ses programmes, notamment au Burkina Faso, au Tchad, en République
démocratique du Congo, au Niger, en Ouganda et au Soudan du Sud. Ces
moustiquaires sont prioritairement remises aux familles avec de jeunes enfants
et aux femmes enceintes, les plus à risque.
Au Malawi, l’ONG a
formé plus de 12 000 agents de santé communautaires à l’identification rapide
des symptômes du paludisme, au dépistage avec tests rapides et à
l’administration des traitements de première ligne. En République
centrafricaine, les équipes ont mené des campagnes de sensibilisation dans plus
de 300 villages, en partenariat avec les chefs communautaires et les écoles,
pour améliorer les connaissances sur les modes de transmission et les gestes de
prévention.
Dans les zones reculées
du Kenya et de la Zambie, World Vision soutient également les structures de
soins primaires en fournissant du matériel de diagnostic et des médicaments
antipaludiques, contribuant à réduire les délais de prise en charge.
En 2024, plus de 1,2
million d’enfants ont été directement protégés grâce à l’ensemble de ces
actions. Dans plusieurs régions pilotes, la prévalence du paludisme a baissé de
30 à 50 % après trois années d’intervention combinée.
L’approche de World
Vision repose sur une logique communautaire et durable : travailler avec les
populations locales, les autorités sanitaires, les écoles, les églises, pour
renforcer la résilience face à la maladie. L’objectif est clair : zéro enfant
tué par le paludisme dans les zones couvertes par les programmes de l’ONG.
« Le paludisme n’est pas une fatalité. Chaque moustiquaire distribuée, chaque enfant vacciné, chaque agent formé est une vie protégée », conclut Camille Romain des Boscs, Directrice de World Vision France