Depuis son retour à la Maison-Blanche,
Donald Trump a ravivé la guerre commerciale avec la Chine. Le 8 avril, il a
annoncé une hausse spectaculaire des droits de douane sur les produits chinois,
jusqu’à 125% sur certains secteurs stratégiques comme les batteries, les
semi-conducteurs et les véhicules électriques. Ces surtaxes s’ajoutent aux 25%
déjà en vigueur depuis son premier mandat. En riposte, Pékin a imposé des
droits allant jusqu’à 84% sur les importations américaines, tandis que les
tensions provoquent une chute des indices boursiers mondiaux et un
ralentissement des flux logistiques.
Stéphane Auray,
professeur d’économie à Rennes School of Business, alerte sur les risques
économiques majeurs de cette nouvelle guerre tarifaire. À travers ses travaux
menés avec Aurélien Eyquem (Professeur en économie à HEC Lausanne) et Michael
Devereux (Professeur d’économie à Vancouver School of Economics), il identifie
plusieurs conséquences préoccupantes :
• Une hausse des
prix pour les consommateurs : les droits de douane renchérissent les biens
importés, affectant d’abord les ménages à faibles revenus, plus sensibles aux
variations de prix ;
• Un recul des
échanges internationaux : les exportations et importations reculent,
perturbant les chaînes d’approvisionnement et réduisant l’accès aux marchés
mondiaux ;
• Une perte de
compétitivité industrielle : le coût des intrants augmente, fragilisant les
entreprises locales sur le marché mondial et limitant leur capacité à innover ;
• Une réorganisation
coûteuse des chaînes de valeur : pour contourner les barrières tarifaires,
les entreprises délocalisent régulièrement leur production, affaiblissant
l’impact réel des politiques protectionnistes.
« Les guerres commerciales nuisent à l’économie mondiale et au bien-être des consommateurs, sans résoudre les déséquilibres commerciaux structurels », résume-t-il.