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[Etude] Impact du changement climatique sur la production de semences de légumes ou de céréales

Etude inédite publiée par AXA Climate et SEMAE

Blé, carottes, pommes de terre… Alors que la France est le premier exportateur mondial de semences, sa filière, comme l’ensemble des productions agricoles, est particulièrement exposée aux conséquences du changement climatique. AXA Climate, en partenariat avec SEMAE, l’interprofession des semences et plants, a réalisé une étude sur l’évolution de plusieurs filières françaises de production de semences des principales espèces agricoles et maraichères françaises, d’ici à 2030 et 2050.

Chiffres

+13%.  C’est l’augmentation moyenne du niveau de risque (tous risques confondus en lien avec un manque d’eau, des températures élevées ou du gel) pour les productions de semences en France d’ici 2030.  Cette augmentation moyenne du risque atteindra +19% d’ici 2050.
54%. C’est la part du risque lié à la disponibilité de l’eau dans les moments critiques des cultures de semences. Ce risque est et restera le risque n°1.
+40%. C’est l’augmentation de la part des risques liés aux excès de chaleur estivale dès 2030.
60%. C’est le pourcentage des 380 000 hectares actuellement dédiés à la production de semences qui seront soumis à un risque fort ou extrême d’ici 2050 (contre 27% aujourd’hui).
10%. C’est la part de cette surface totale qui sera soumise à un risque extrême et qui ne pourra plus être cultivée avec les mêmes espèces qu’actuellement, d’ici 2050.

Identifier le risque par culture, définir les régions propices 

Pour la production de semences de chaque espèce, par exemple de luzerne, d’orge ou de colza, l’étude analyse l’évolution du risque climatique pour chaque zone géographique de production, et projette des scores de risque globaux en 2030 et en 2050. Pour réaliser cette étude, AXA Climate a travaillé sur la base des données climatiques du GIEC, et a élaboré des indicateurs de vulnérabilité, propres à chaque filière et stade de développement des cultures, grâce à la mobilisation de ses scientifiques et des experts de la filière semencière.  Ces calculs de risque sont strictement basés sur les conséquences des évolutions climatiques, mais ne prennent pas en compte les probables évolutions des pratiques agricoles, des règlementations et des stress biotiques (maladies, ravageurs).

D’ici à 2030, des conditions climatiques plus extrêmes mais hétérogènes

Au global, les températures augmenteront de +1.1°C d’ici 2030, avec des résultats très variables d’un territoire à l’autre : de +0,7° dans le Finistère à +1.3°C dans la Drôme, le Var ou l’Aude. Et selon les périodes de l’année : +0.5°C en hiver, jusqu’à +1.6°C en été.

Si les hivers sont globalement plus doux, les températures minimales extrêmes resteront basses et le risque de gelées printanières perdurera.

En été, les températures approcheront des extrêmes historiques. Par exemple, en juillet dans la Drôme, la température de 37°C qui était dépassée historiquement 1 année sur 10 le sera tous les 2 ans en 2030.

La pluviométrie devrait s’intensifier l’hiver mais diminuer fortement l’été. Dans le Sud-Ouest et en Bretagne, pendant la période estivale, de mai à août, les précipitations pourront ainsi chuter respectivement de 70 mm et plus de 80 mm.

De fait, le manque d’eau est et restera en 2030 le risque n°1 pour les cultures qui en ont le plus besoin en été, devant l’augmentation des températures qui se hissera en 2e position, et le gel en 3e position.

L’ensemble des cultures seront touchées dans la majorité des zones de production

La grande majorité des cultures verra ses conditions de production détériorées dans toutes les zones de production. Le sud de la France sera particulièrement touché du fait de la hausse des températures et du risque de sécheresse en printemps et en été. Certains bassins seront plus propices à la culture que d’autres : l’Aude pour le colza, les Côtes d’Armor pour le tournesol, par exemple.

Des conséquences à prendre en compte pour la plupart des productions de semences

Les cultures analysées voient globalement les risques liés au gel, à la chaleur et au manque d’eau progresser, voire s’envoler pour certaines d’entre elles, dès 2030 ou vers 2050. La proportion des 380 000 ha actuellement dédiés à la production de semences soumises à un risque fort passera ainsi de 27% aujourd’hui à 60% en 2050. Dans ce contexte, sans ajustement des pratiques agricoles ni des caractéristiques des variétés cultivées, la souveraineté française en production de certaines semences deviendrait alors plus difficile à assurer.

Pour toutes les cultures, des stratégies d’adaptation spécifiques devront être prises : choix de variétés plus résilientes, décalage des dates de semis, amélioration de la qualité des sols, optimisation de l’irrigation…

A noter : L’orge de printemps (semé à l’automne) est la seule culture dont les projections montrent une amélioration des conditions de production dans la plupart des zones étudiées.

Beaucoup de cultures sont d’ores et déjà situées dans des zones considérées actuellement à niveau de risque climatique modéré, ce qui permet d’intégrer que ce risque, jusqu’à un certain niveau, est considéré comme soutenable.

Au-delà de l’analyse présentée, cette étude permet aussi d’envisager des opportunités, espèce par espèce, sur des nouvelles zones géographiques à risque modéré en termes de productions de semences.

SelonFranck Prunus, Directeur des services à la filière chez SEMAE : « L’interprofession des semences et des plants a décidé de s’équiper d’un outil fiable d’analyse pour permettre la mise en place de réflexions stratégiques adaptées afin d’atténuer ou de contourner les risques mesurés, et ainsi permettre à la filière et à ses acteurs d’anticiper et d’adapter la production de semences et d’orienter la recherche variétale. »

Antoine Denoix, PDG de AXA Climate poursuit : « Le changement climatique a des conséquences majeures pour les acteurs agricoles. C’est pourquoi il est si important d’anticiper, comme SEMAE l’a fait, afin de mesurer précisément et de façon scientifique l’ampleur de ces évolutions et de mettre en place une stratégie d’adaptation à la hauteur de l’enjeu. »

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