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[Tribune] "Quand le diplôme gagne en compétences, c’est l’emploi qui triomphe "

Par Jérôme Bard, Directeur de la Transformation Digitale du Groupe Sovitrat, réseau d'agences d'intérim.

Depuis une bonne dizaine d’années, le diplôme, ou plus précisément sa centralité dans le système éducatif et professionnel français, s’attire un lot récurrent de critiques. On le dit parfois obsolète, inapte à capter profondément les transformations de la société et les mutations du travail.

Rendons-lui d’abord sa valeur historique. Ciment de la charpente républicaine, le diplôme s’est imposé comme un rite initiatique de cooptation sociale, consacrant l’instruction et le mérite, sur les ruines d’un système aristocratique profondément inégalitaire. Peu à peu, cette dimension quasi-politique s’est estompée. Le diplôme est devenu une monnaie transactionnelle d’accès à l’emploi, notamment pour les cadres. Aujourd’hui encore, toutes les études convergent pour rappeler que le diplôme reste le meilleur sésame pour l’emploi, ou, à défaut, le premier bouclier contre le chômage.

Et il est loin de disparaître, notre bon vieux « parchemin » : si l’on en croit l’INSEE, en trente ans, le nombre de diplômes de l’enseignement supérieur a plus que doublé dans l’Hexagone. De son côté, France Stratégies, le service de prospective placé sous l’égide du Premier ministre, estime que 12,5 millions d’actifs pourraient être diplômés du supérieur en 2030, soit 15% de plus qu’en 2018.

Montée en puissance des compétences

Pourtant, s’il demeure une valeur étalon du marché de l’emploi en début de carrière, force est de constater que le diplôme perd de sa superbe avec le déroulement des parcours professionnels. On peut considérer qu’au-delà de la trentaine – âge qui correspond en moyenne au troisième poste et à une éligibilité au statut de haut potentiel – le diplôme n’est plus incontournable. À un certain niveau de management, le critère diplôme sort même très franchement des radars au profit d’un nouveau bouquet d’exigences : réalisation d’objectifs, potentiel d’évolution, expériences, compétences. Car ce sont bien les compétences qui font aujourd’hui référence dans les entreprises, dans les départements des ressources humaines et de manière élargie chez tous les acteurs de l’emploi. Les dispositions comportementales, ces fameux « soft skills » prennent une place de choix dans les arbitrages.

Les entreprises de travail temporaire ne sont pas ici en reste, plaçant l’expression et la valorisation des compétences au service de l’employabilité et de l’émancipation des individus, quels que soient leur parcours et leurs aspirations.

Faut-il opposer diplôme et compétences ? Certainement pas. Le système éducatif l’a d’ailleurs bien compris, qui, avec la Loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, a introduit la notion de « bloc de compétences » comme unité substantielle de la diplomation, depuis les titres à finalité professionnelle jusqu’aux diplômes d’État, en passant par les certificats de qualification référencés au Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP). Aujourd’hui, la volonté du politique de répondre expressément aux besoins du monde économique est patente et les branches et partenaires sociaux sont directement impliqués dans la gouvernance des diplômes et certifications.

L’intérim : une promesse de compétences pour tous

Que la sphère éducative et ses partenaires du monde professionnel réfléchissent et agissent ensemble pour doper la notion de compétences, voilà une dynamique à laquelle les acteurs de l’intérim ne peuvent que souscrire.

Proposer des missions à tous les niveaux de qualification, c’est bien la vocation des entreprises de travail temporaire. En optant pour l’intérim, les diplômés peuvent, à tout moment de leur parcours professionnel, découvrir et éprouver sur une durée donnée un métier, un marché, un employeur, ses pratiques et ses valeurs, avant de prendre une direction plus engageante. Avec les missions temporaires, ceux qui aspirent à se former et à entrer dans un processus certifiant ont l’opportunité de multiplier des immersions professionnelles pour arrêter, compléter ou réviser le choix d’orientation le plus pertinent. Quant aux non-diplômés, ils ont la possibilité de bâtir leur employabilité en consolidant leurs compétences et en les valorisant au travers de dispositifs dédiés.

Parce qu’elles s’acquièrent, évoluent et s’adaptent plus vite que les diplômes, les compétences constituent un matériau aussi précieux pour les agences d’emploi que pour la réalisation des parcours professionnels et de vie. Plus le système de qualification à travers des formations diplômantes pourra pleinement intégrer cette réalité, plus les organisations du travail, l’économie et la société tout entière en profiteront.

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