Connexion
/ Inscription
Mon espace
Tribunes & Témoignages
ABONNÉS
Partager par Linked-In
Partager par Xing
Partager par Facebook
Partager par email
Suivez-nous sur feedly

[Tribune] Pierre Rabhi est parti, il a ouvert une voie

La cérémonie funéraire de Pierre Rabhi a eu lieu vendredi 11 décembre 2021 aux Amanins dans la Drôme.

« Il nous faudra bien répondre à notre vocation qui n’est pas de produire et de consommer sans fin, mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes. » - Pierre Rabhi

La cérémonie pour honorer la vie et le départ de Pierre Rabhi a eu lieu vendredi dernier, 10 décembre 2021. Sa famille, ses amis et ses compagnons de route se sont réunis dans l’intimité aux Amanins (Drôme), un centre agroécologique qu’il avait contribué à faire naître.

Pierre Rabhi nous quitte mais il restera toujours là : il a ouvert une voie, celle de l’espoir en une civilisation qui repose sur les fondements de l’amour, la beauté, l’équité, l’harmonie avec la nature et la « sobriété heureuse ». On le connaît comme l’un des pionniers de l’agroécologie, il est aussi celui de la réconciliation des peuples par l’acceptation de la complexité et du non-jugement.

Sortir du système imposé

C’est son acte politique et audacieux de quitter la ville et l’usine pour oser l’aventure du retour à la nature qui, à l’origine, a fait connaître Pierre Rabhi. Qui était donc ce petit homme venu du désert qui défiait avec sa femme Michèle la loi sociale et économique du moment ? Un homme simple qui croyait en l’intelligence contenue toute entière dans une graine et qui relie toute chose. Un homme qui avait le désir d’ancrer et d’aligner sa vie sur cette intelligence et toute l’abondance qu’elle recèle.

Se mettre au service de la Terre

De l’Ardèche au Sahara, il saura redonner vie aux terres les plus pauvres. Le paysan philosophe a inspiré de nombreuses actions et consciences au service de l’agroécologie érigée en philosophie de vie. Il aspirait ainsi à semer les graines des « utopies concrètes », à créer des « oasis en tous lieux », où chacun fait « sa part de colibri », afin que chacun devienne plus autonome et plus solidaire sans pour autant empoisonner la terre. Ses différentes initiatives ou créations - notamment celles de Terre & Humanisme ou des Agroécologistes sans frontières - ont permis de former un nombre important de personnes à l’agroécologie dans le monde.

Réconcilier l’homme avec la nature

Son regard, parfois intransigeant, ne jugeait personne, ne fustigeait aucune minorité ethnique ni aucune orientation sexuelle. Fervent défenseur du féminin, il avait à coeur de dépasser la pensée binaire, pour mieux dévoiler la vie dans sa diversité. Diversité naturelle et diversité culturelle. Élevé dans sa prime enfance dans une famille musulmane, puis confié à une famille chrétienne, avant de s’émanciper plus tard de tout dogmatisme, il a su déjouer les pièges des contradictions de l’apparence pour plonger dans les profondeurs d’une identité libre, sans rien rejeter de ses racines multiples. Il encourageait ainsi les voies de la réconciliation avec toutes les parts de nous-mêmes, et avec tous les peuples. Refusant les avatars sombres de la modernité, il aimait valoriser les cultures autochtones pour leurs sagesses millénaires, respectueuses de toute forme de vie.

« Nous devons d’abord nous transformer avant de vouloir transformer le monde », répétait volontiers Pierre.

« Les polémiques indignes et ineptes qui ont pu polluer sa mort nous révulsent tant elles sont viciées ou fausses, tant elles sont loin de l’homme que nous avons intimement connu. Elles disent à tout le moins beaucoup de l’intolérance et de l’agressivité d’une époque que cet enfant du désert, amoureux de la nature vierge et de la simplicité, n’aimait décidément guère », conclut Bernard Chevilliat, Président du Fonds de Dotation Pierre Rabhi

Lire ICI à ce sujet la tribune « Des amis de Pierre Rabhi prennent la parole », signée par plus de 100 personnes et publiée sur le site de Reporterre.

Lire la suite...


Articles en relation