Depuis 2015, selon l’Observatoire du marché des
communications électroniques, la consommation moyenne de données mobile par
utilisateur en France métropolitaine a progressé de 530 Mo à 17 Go, soit une
multiplication par 32.
Pour éviter des effets
de saturation, qui nuisent à l’expérience utilisateur, les opérateurs doivent
régulièrement adapter la capacité des réseaux mobiles, en équipant leurs
infrastructures avec de nouvelles bandes de fréquences et en déployant de
nouveaux sites radio (antennes, pylônes...).
Afin d’anticiper au mieux ces besoins, dans une perspective de bonne gestion du spectre de fréquences dont elle est affectataire, et disposer de points de repère sur les investissements que le secteur pourrait être amené à réaliser, l’Arcep a commandé au cabinet Analysys Mason une étude sur l’évolution des usages sur les réseaux de télécommunications sans fil et le dimensionnement des réseaux sans fil. Elle en a publié les résultats le 29 septembre 2025, ainsi que l’avis du comité consultatif chargé d’apporter une analyse critique sur les résultats de cette étude.
Bien gérer
l’affectation des fréquences disponibles les prochaines années : risques de
congestion et bénéfices potentiels de l’usage de la bande 6 GHz
Dans le cadre de ses
missions en matière de gestion des ressources radioélectriques, l’Arcep
estime
nécessaire d’anticiper les scénarios d’évolution des usages qui pourraient
avoir des conséquences sur les besoins en dimensionnement des réseaux sans fil,
notamment en ce qui concerne la mobilisation de nouvelles bandes de fréquences
et le besoin en déploiement de nouveaux sites radio (antennes, pylônes etc.).
D’ici 2035, plusieurs
bandes de fréquences harmonisées pour le déploiement des réseaux mobiles en
France métropolitaine sont disponibles ou susceptibles d’être disponibles, notamment :
- la
bande 1,4 GHz (1427 – 1517 MHz)
- le
bas de la bande 3,5 GHz (3410 – 3490 MHz)
- la
bande 6 GHz (6425 – 7125 MHz)
- la
bande 26 GHz
Avec cette étude,
l’Arcep a souhaité disposer d’un éclairage sur deux points essentiels
:
- les risques
de congestion des réseaux sans fil en fonction des
différents scénarii d’évolution des usages sur ces réseaux ;
- les bénéfices
potentiels de l’usage du haut de la bande 6 GHz (c’est-à-dire
la plage 6425 MHz – 7125 MHz), qu’elle soit exploitée par des réseaux
Wi-Fi ou des réseaux cellulaires.
Les principaux
enseignements en fonction des 4 scenarios d’évolution des usages envisagés
Avec cette note,
l’Autorité partage :
- Une
description de
l’approche méthodologique suivie par le cabinet pour évaluer
les projections de la demande et les différents scénarii de déploiement de
réseaux sans fil ;
- Les principaux
résultats de l’étude en termes de nombre de sites mobiles
incrémentaux nécessaires pour satisfaire la demande en fonction des
hypothèses de déploiement de réseaux, et une estimation de l’impact
carbone associé.
Dans le scénario de « sobriété des usages » - le trafic sur les réseaux reste stable sur les
10
prochaines années - le nombre de sites supplémentaires requis est très faible,
voire nul, quel que soit le scénario de déploiement des réseaux.
Pour les trois autres
scénarios d’évolution de la demande, le nombre de sites mobiles supplémentaires
nécessaires par opérateur et par an d’ici 2035 varie sensiblement, notamment en
fonction des scénarios de déploiement des réseaux retenus. Au-delà du scenario
« médian », en particulier, dans le cas des scénarios
« numérisation accrue » - le trafic serait environ 14 fois plus
important dans 10 ans - ou « usages disruptifs » - le
trafic serait 17 fois plus important -, la mobilisation du haut de la bande
6 GHz permettrait de réduire significativement les sites supplémentaires à
déployer, son impact s’ajoutant le cas échéant à celui d’autres
investissements, tels que un refarming des bandes existantes
et une mutualisation accrue des réseaux.
Concernant l’impact carbone, les résultats indiquent en général que la mobilisation du haut de la bande 6 GHz permet une réduction de l’impact carbone dans chaque scénario d’évolution des réseaux, en particulier pour les scénarios d’évolution les plus intensives de la demande (ex. « numérisation accrue », « usages disruptifs ») ; ces résultats montrent également que les terminaux représentent la majorité
des émissions carbone (plus de 85% dans tous les scénarios modélisés, confirmant ainsi l’étude
Ademe-Arcep.
Une analyse critique de
cette étude par le comité consultatif d’experts sollicité par l’Arcep
L’Arcep publie
une note synthétique des analyses menées par le cabinet Analysys
Mason.
En effet, afin de disposer
d’une analyse critique des résultats de cette étude, l’Arcep a souhaité être
appuyée, tout au long de la conduite de l’étude, par les conseils d’un
comité consultatif de relecture composé de 4 experts académiques :
- Clément
Marquet,
Chargé de recherche au Centre de Sociologie de l’Innovation, Mines Paris –
PSL.
- James
F. Kurose,
Professeur à l’Université de Massachusetts (E.U) et chercheur invité à
l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI – Sorbonne).
- Jean-Samuel
Beuscart,
Professeur à Sciences Po Medialab.
- Marios
Kountouris.
Professeur à EURECOM.
L’Autorité rend
également public l’avis collégial de ce Comité sur l’étude et ses
enseignements.
Points d’attention et
limites
Les conclusions de
l’étude ne préjugent pas des orientations et décisions de l’Autorité en matière
de gestion de spectre radio électrique. L’objectif en rendant public ce
document est de contribuer dans le cadre d’une logique exploratoire et
prospective – à date et avec des hypothèses bien définies – à une
meilleure compréhension de l’impact des évolutions des usages sans fil sur les
réseaux radio et la place dévolue à l’utilisation du spectre dans ce
contexte.
Bien que les
enseignements de l’étude permettent de dégager des tendances sur les besoins en
capacité supplémentaire et d’apprécier le risque de congestion sur les réseaux
en fonction de différents scénarios d’évolution de la demande, l’analyse
comprend un certain nombre de limites et d’incertitudes, dont certaines, dans
la mesure du possible, ont été traitées via des analyses de sensibilité (en
variant par exemples les paramètres de la matrice de passage, les facteurs
d’impact carbone, la disponibilité ou non de certaines bandes pour les réseaux
mobiles, etc.)
Parmi ces limites figurent notamment des aspects liés à la modélisation des réseaux Wi-Fi, l’incertitude inhérente à la projection des usages sur les réseaux sans fil à l’horizon de l’analyse, des incertitudes sur la modélisation de l’impact carbone restreint aux terminaux et aux réseaux – basée sur une approche par cycle de vie non conséquentielle.


