Face aux violences accrues et au regain
épidémique, Mehad soigne là où plus personne ne va.
La date du 16 septembre 2025 marquera les 11 ans du démarrage du conflit toujours en cours au Yémen. Dans un contexte de crise humanitaire grandissante, l’ONG Mehad renforce son action, et constitue souvent le dernier recours d’une population totalement privée d’accès aux soins.
Entre regain des
tensions liées à la situation en mer Rouge, malnutrition critique, chocs
climatiques et regains épidémiques, le Yémen s’enfonce dans une crise
humanitaire sans précédent, dans l’indifférence de la communauté
internationale. En 2025, les Nations Unies estiment que 19,5 millions de
personnes ont besoin d’aide humanitaire et de protection dans le pays – soit
une augmentation de plus d’un million par rapport à l’année précédente. Moins
de la moitié des structures de santé fonctionnent encore, tandis que les
flambées épidémiques – choléra, dengue, paludisme – continuent de menacer des
communautés déjà fragilisées.
Selon l’OCHA, la moitié
des enfants de moins de 5 ans dans le pays souffrent de malnutrition aiguë, et
près de la moitié présentent un retard de croissance. Cela entraîne des retards
de développement et des infections, ainsi qu’un risque de décès lié à des
maladies courantes neuf à douze fois supérieur à la moyenne.
Face à cette situation,
l’ONG de santé et de solidarité internationale Mehad vient de renouveler son
soutien à l’hôpital de Lawdar, dans le gouvernorat d’Abyan, une zone de très
forte insécurité où aucune autre ONG n’est présente, et développe d’autres projets
d’intervention dans le pays.
L’hôpital de Lawdar est l’unique structure de soins secondaires pour plus de 135 000 habitants de la région d’Abyan. Il fait face à une pression croissante, alimentée par les déplacements internes et l’arrêt des activités de nombreux centres de santé voisins du fait des coupes budgétaires drastiques des financeurs internationaux – à commencer par USAID. Dans ce paysage marqué par l’insécurité, le retrait d’ONG et la chute du financement international (seulement 9% du plan de réponse humanitaire financé à mi-2025), Mehad a fait le choix de rester, là où l’hôpital constitue l’unique recours pour l’ensemble des populations de la région.
Depuis juillet 2024, Mehad a apporté un soutien déterminant à
l’hôpital, à travers le versement d’incitations financières au personnel et la
mise en place de formations ciblées, avec le soutien du Centre de Crise et de
Soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français. Ces
mesures ont permis de stabiliser le fonctionnement des services, malgré un
contexte sécuritaire et économique très tendu et le départ d’autres acteurs
humanitaires.
Au cours de cette première phase, 75 001 patients ont été pris en charge, dont 52% de femmes et
19% d’enfants de moins de cinq ans. Pour les douze prochains mois, Mehad
prévoit d’amplifier son action. 81 440 patients devraient bénéficier des
activités de cette phase 2, menée elle aussi avec le soutien du CDCS.
Au-delà de l’appui
financier et technique, Mehad inscrit cette nouvelle phase dans une stratégie
de durabilité. En consolidant les compétences du personnel et en renforçant les
systèmes de gestion et de collecte de données médicales, l’ONG prépare le terrain
pour une amélioration structurelle de la qualité des soins. Elle s’engage
également à plaider pour une mobilisation accrue d’acteurs internationaux dans
cette zone négligée.
« Notre soutien à
Lawdar est plus qu’un projet humanitaire : c’est un engagement à préserver un
accès vital aux soins pour des dizaines de milliers de personnes qui n’ont
nulle part ailleurs où aller », souligne Pierre Catoire, médecin
humanitaire et responsable du lancement de cette deuxième phase d’intervention
au Yémen.
Une deuxième phase qui vise également, si les moyens de l’ONG et les partenariats engagés le permettent, de développer l’action de Mehad dans d’autres zones du pays où les besoins, là aussi, sont considérables, notamment sur la côte Ouest, où les centres de santé ont été durement touchés ces derniers mois par le retrait de nombreuses ONG du fait de l’arrêt du financement d’USAID.


