Après la suspension de
MaPrimeRénov' Rénovation d'ampleur durant l’été et le durcissement des
conditions d'éligibilité pour sa réouverture au 30 septembre, c'est désormais
le parcours par geste de MaPrimeRénov’ (finançant un seul travail) qui subit à
son tour de nouvelles restrictions, prenant le secteur au dépourvu. Un décret
d'application établissant de nouvelles règles pour MaPrimeRénov' est soumis ce
jeudi 4 septembre à la consultation du Conseil national de l'habitat avec pour
objectif une adoption rapide avant le vote de confiance au gouvernement prévu
le 8 septembre.
Ce texte prévoit
l’exclusion de deux catégories de travaux de MaPrimeRénov’ Parcours par geste à
partir du 1er janvier 2026 : l’isolation des murs et l’installation d’une
chaudière biomasse.
Si l’abandon du soutien
à la filière biomasse se justifie par des objectifs de qualité de l’air, la fin
du soutien à l’isolation des murs, un des gestes les plus efficaces pour
réduire les déperditions thermiques, constitue une erreur stratégique.
Fin du soutien à
l’isolation des murs : une mauvaise nouvelle pour le confort thermique des
ménages
La fin du soutien aux
chaudières biomasses s’inscrit dans la continuité des mesures de 2025, qui
avaient déjà réduit de 30% les subventions pour le chauffage au bois (granulés
et à bûches, poêles et cuisinières à granulés et à bûches, inserts et foyers
fermés). Cette mesure se comprend car, bien que peu émetteur de carbone, le
chauffage au bois constitue la première source de particules fines en France.
En revanche,
l’isolation des murs est l’un des gestes les plus efficaces pour réduire les
déperditions thermiques d’un logement (20 à 25% selon l’ADEME). Supprimer son
soutien revient à priver les ménages d’un levier simple et abordable pour
améliorer leur confort et réduire leur facture.
La décision de
gouvernement s’appuie notamment sur l’étude du Service des données et études
statistiques (SDES) du ministère de l'Aménagement du territoire, publiée en
juillet 2025, concluant à un écart important entre les gains énergétiques
théoriques de l’isolation des murs, et ceux réellement constatés après travaux
(3,3 MWh/an attendus contre 0,7 MWh/an observés en électricité ; 3,6 MWh/an
contre 1,7 MWh/an en gaz).
Mais cette étude a des
limitations : elle évalue uniquement la consommation d’énergie des ménages,
sans prendre en compte leur confort thermique.
En effet, après des
travaux de rénovation énergétique, les habitants adaptent leurs usages et
consomment parfois davantage : c’est « l’effet rebond ». En réalité, ils
peuvent enfin chauffer correctement leur logement, auparavant trop énergivore.
Leur consommation d'énergie peut donc dépasser les prévisions, même si leur
logement est désormais beaucoup plus performant.
Deux signaux positifs
dans le marasme de la rénovation énergétique
Malgré ces
restrictions, deux évolutions positives émergent pour 2026 :
● Le maintien du
soutien aux pompes à chaleur air-eau confirme une orientation que Hello Watt
défend depuis des années : privilégier le mode de chauffage qui permet de faire le
plus d’économies de consommation. Le coût de revient annuel d’une pompe à
chaleur est ainsi de 1 510€, contre 2 130€ pour la chaudière biomasse. La pompe
à chaleur présente aussi l'avantage d'être 100% électrique, contribuant ainsi à
réduire la dépendance énergétique de la France aux importations de gaz et de
pétrole.
● Le report de
l’obligation de fournir un DPE à janvier 2027 et la prolongation de l’accès des
passoires thermiques
(logements dont le DPE est G et F) au dispositif par geste pour l’année 2026.
Une mesure pragmatique : les propriétaires de passoires thermiques ne seront
pas contraints de passer par le parcours rénovation d’ampleur de MaPrimeRénov’,
plus long, plus coûteux, et très instable, comme l’a montré sa fermeture
pendant l’été 2025.
Ces signaux positifs
restent toutefois largement insuffisants. Hello Watt plaide pour une meilleure
prise en compte du confort thermique dans l’évaluation des dispositifs d’aides
et une meilleure stabilité des dispositifs d'aides. Les revirements successifs
du gouvernement désorientent les particuliers et paralysent le secteur de la
rénovation énergétique. L’exemple de l’été 2025 est révélateur : d’abord
l’annonce d’une suspension des deux parcours MaPrimeRénov’ pour la période
estivale, suivie d’un revirement ne concernant finalement que la rénovation
globale, puis, au fil de l’été, une série de nouvelles restrictions venant
détricoter un dispositif pourtant essentiel pour les ménages et la filière.
Pour relancer le secteur et répondre aux objectifs climatiques, la stabilité et la lisibilité de MaPrimeRénov’ sont indispensables : deux conditions aujourd’hui absentes, accentuées par l’incertitude politique.


