Connexion
/ Inscription
Mon espace
Etudes & Enquêtes
ABONNÉS
Partager par Linked-In
Partager par Xing
Partager par Facebook
Partager par email
Suivez-nous sur feedly

[Expertises] MaPrimeRenov' : tourner le dos a l'isolation des murs est une faute majeure

Après la suspension de MaPrimeRénov' Rénovation d'ampleur durant l’été et le durcissement des conditions d'éligibilité pour sa réouverture au 30 septembre, c'est désormais le parcours par geste de MaPrimeRénov’ (finançant un seul travail) qui subit à son tour de nouvelles restrictions, prenant le secteur au dépourvu. Un décret d'application établissant de nouvelles règles pour MaPrimeRénov' est soumis ce jeudi 4 septembre à la consultation du Conseil national de l'habitat avec pour objectif une adoption rapide avant le vote de confiance au gouvernement prévu le 8 septembre.

 

Ce texte prévoit l’exclusion de deux catégories de travaux de MaPrimeRénov’ Parcours par geste à partir du 1er janvier 2026 : l’isolation des murs et l’installation d’une chaudière biomasse.

 

Si l’abandon du soutien à la filière biomasse se justifie par des objectifs de qualité de l’air, la fin du soutien à l’isolation des murs, un des gestes les plus efficaces pour réduire les déperditions thermiques, constitue une erreur stratégique.

 

Fin du soutien à l’isolation des murs : une mauvaise nouvelle pour le confort thermique des ménages

 

La fin du soutien aux chaudières biomasses s’inscrit dans la continuité des mesures de 2025, qui avaient déjà réduit de 30% les subventions pour le chauffage au bois (granulés et à bûches, poêles et cuisinières à granulés et à bûches, inserts et foyers fermés). Cette mesure se comprend car, bien que peu émetteur de carbone, le chauffage au bois constitue la première source de particules fines en France.

 

En revanche, l’isolation des murs est l’un des gestes les plus efficaces pour réduire les déperditions thermiques d’un logement (20 à 25% selon l’ADEME). Supprimer son soutien revient à priver les ménages d’un levier simple et abordable pour améliorer leur confort et réduire leur facture.

 

La décision de gouvernement s’appuie notamment sur l’étude du Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de l'Aménagement du territoire, publiée en juillet 2025, concluant à un écart important entre les gains énergétiques théoriques de l’isolation des murs, et ceux réellement constatés après travaux (3,3 MWh/an attendus contre 0,7 MWh/an observés en électricité ; 3,6 MWh/an contre 1,7 MWh/an en gaz).

 

Mais cette étude a des limitations : elle évalue uniquement la consommation d’énergie des ménages, sans prendre en compte leur confort thermique.

 

En effet, après des travaux de rénovation énergétique, les habitants adaptent leurs usages et consomment parfois davantage : c’est « l’effet rebond ». En réalité, ils peuvent enfin chauffer correctement leur logement, auparavant trop énergivore. Leur consommation d'énergie peut donc dépasser les prévisions, même si leur logement est désormais beaucoup plus performant.

 

Deux signaux positifs dans le marasme de la rénovation énergétique

 

Malgré ces restrictions, deux évolutions positives émergent pour 2026 :


● Le maintien du soutien aux pompes à chaleur air-eau confirme une orientation que Hello Watt défend depuis des années :
privilégier le mode de chauffage qui permet de faire le plus d’économies de consommation. Le coût de revient annuel d’une pompe à chaleur est ainsi de 1 510€, contre 2 130€ pour la chaudière biomasse. La pompe à chaleur présente aussi l'avantage d'être 100% électrique, contribuant ainsi à réduire la dépendance énergétique de la France aux importations de gaz et de pétrole.


● Le report de l’obligation de fournir un DPE à janvier 2027 et la prolongation de l’accès des passoires thermiques
(logements dont le DPE est G et F) au dispositif par geste pour l’année 2026. Une mesure pragmatique : les propriétaires de passoires thermiques ne seront pas contraints de passer par le parcours rénovation d’ampleur de MaPrimeRénov’, plus long, plus coûteux, et très instable, comme l’a montré sa fermeture pendant l’été 2025.

 

Ces signaux positifs restent toutefois largement insuffisants. Hello Watt plaide pour une meilleure prise en compte du confort thermique dans l’évaluation des dispositifs d’aides et une meilleure stabilité des dispositifs d'aides. Les revirements successifs du gouvernement désorientent les particuliers et paralysent le secteur de la rénovation énergétique. L’exemple de l’été 2025 est révélateur : d’abord l’annonce d’une suspension des deux parcours MaPrimeRénov’ pour la période estivale, suivie d’un revirement ne concernant finalement que la rénovation globale, puis, au fil de l’été, une série de nouvelles restrictions venant détricoter un dispositif pourtant essentiel pour les ménages et la filière.

 

Pour relancer le secteur et répondre aux objectifs climatiques, la stabilité et la lisibilité de MaPrimeRénov’ sont indispensables : deux conditions aujourd’hui absentes, accentuées par l’incertitude politique.

Lire la suite...


Articles en relation