L’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) alerte sur la dégradation des mangroves et déploie des actions pour sauvegarder leur santé.
Les mangroves acteurs et régulateurs indispensables à l’équilibre de notre planète
Méconnues, les mangroves, tout comme les herbiers marins, sont des écosystèmes dits « associés » aux récifs coralliens qui forment des « forêts » aquatiques à l’interface entre l’eau douce et l’eau de mer, en amont du lagon, sur le littoral.
Les mangroves, qui représentent un des écosystèmes les plus productifs au monde, assurent un rôle clef et indispensable pour :
-> Protéger le
littoral :
le réseau de racines et la densité des arbres ou arbustes tropicaux sont des
freins à la violence des vagues et des remparts pour protéger le littoral.
-> Abriter une faune abondante et variée : mollusques, crabes, poissons, lézards, serpents, tortues et oiseaux.
-> Épurer les eaux : elles réduisent la
pollution des eaux grâce notamment à l’absorption de l’azote excédentaire.
-> Atténuer les
effets du changement climatique : les mangroves comptent parmi les écosystèmes
les plus riches en carbone de la planète. Elles stockent plus de 6 gigatonnes
de carbone dans leur biomasse et leurs sols.
-> Assurer
l’équilibre des écosystèmes marins : les mangroves assurent la bonne santé et
l’équilibre des écosystèmes environnants.
Elles sont fortement
connectées à d’autres écosystèmes très riches tels que les récifs coralliens
tropicaux et les herbiers marins. En réduisant les flux de sédimentation et de
pollution issus du bassin versant, en abritant de véritables nurseries pour les
espèces côtières et marines, et en produisant des nutriments.
L’Ifrecor engagée dans
leur sauvegarde
La France possède 87
796 ha de mangroves, présentes dans 9 collectivités d’outre-mer dans les
3
grands bassins océaniques. 90% des mangroves françaises sont situées en Guyane
et en Nouvelle-Calédonie.
La France a un rôle clé
à jouer dans la protection des mangroves.
Le dernier bilan de
l’Ifrecor sur l’état de santé des récifs coralliens, mangroves et herbiers
marins des outre-mer français a révélé un état de dégradation des mangroves
contrasté selon les territoires et parfois alarmant.
Sur chaque territoire
des observations, mesures et actions de protection sont donc à déployer.
Parmi les outils et
actions pour protéger les mangroves
- Un réseau
d’observation et d’aide à la gestion des mangroves (ROM), 1 des 3 réseaux de
surveillance de l’Ifrecor, piloté par le Pôle-relais zones humides tropicales
du comité français de l’UICN, a engagé plusieurs actions pour renforcer la
connaissance, la gestion et la conservation des mangroves ultramarines, à savoir :
Ajustement du protocole
de suivi MANRAM :
ce protocole d’évaluation rapide de l’état écologique des mangroves, développé
par le GIE MAREX et le laboratoire LAGAM, est en cours d’adaptation par le ROM
aux Antilles. Il a pour vocation de permettre aux gestionnaires de recueillir
des données simples et reproductibles pour orienter la gestion et la
restauration.
Cartographie
diachronique des mangroves : en appui au programme Écosystèmes du Comité
français de l’UICN, le ROM a participé à une étude sur l’évolution de la
surface des mangroves depuis les années 1950, révélant des tendances
contrastées selon les régions (pertes à Saint-Martin et Saint-Barthélemy,
stabilité en Martinique et Mayotte, gains en Guadeloupe ou Wallis).
Liste rouge des
mangroves :
une évaluation des mangroves des Antilles et du Pacifique selon les critères de
la ‘’Liste rouge’’ des écosystèmes de l’UICN est en cours, menée par le
programme Écosystèmes du Comité français de l’UICN avec l’appui du ROM. Les
résultats de ces évaluations sont prévus pour fin 2025.
- Un annuaire national
en ligne a été créé pour recenser les initiatives, compétences et projets
sur les mangroves dans les outre-mer.
- Une méthode de suivi
post-cyclonique,
la méthode DARAMA développée par l’Université de Mayotte et CREOCEAN pour le
compte de l’Ifrecor permet de faciliter la mise en œuvre des évaluations après
un cyclone, en restant adaptée aux réalités écologiques et aux conditions
logistiques du terrain à Mayotte.
- Un statut de
protection (aires protégées ou autres). L’objectif de la stratégie nationale
biodiversité 2030 est que la surface de mangroves faisant l’objet de mesures de
conservation atteigne 65% d’ici 2030 (contre 57% aujourd’hui).
- Une politique de
maîtrise foncière. Le
Conservatoire du littoral assurait fin 2020 la protection de
25 000 ha de mangroves : 87% des mangroves de Martinique, 78% des mangroves de Guadeloupe, et 85% des mangroves de Guyane. Il vise à poursuivre la mise en œuvre des procédures d'affectations de surfaces de domaine public maritime naturel, avec une attention particulière sur les mangroves en Guyane.
- Un label bas-carbone
des projets de préservation des mangroves. Pour encourager la protection et la
restauration des mangroves, et financer ces opérations, une méthodologie visant
à certifier du Label bas-carbone des projets de préservation des mangroves a
été développée par le bureau d’études
Eco-Act, en lien avec la Direction
générale de l’énergie et du climat. Cela permettra de valoriser le formidable
potentiel de carbone bleu des mangroves et de dégager de nouvelles ressources à
allouer à leur conservation.
- Une plateforme de
financement participatif qui permet d’agir. La Fondation de la Mer a créé en 2021,
en partenariat avec l’Ifrecor, la plateforme de financement participatif SOS
Corail.
Son but est de réunir
et de fédérer le plus grand nombre d’acteurs pour œuvrer en faveur de la
protection et la gestion durable des récifs coralliens, les mangroves et les
herbiers. Cette plateforme permet de récolter et de redistribuer des fonds pour
déployer des actions concrètes dans le but de préserver ces écosystèmes.
Chaque citoyen,
entrepreneur, collectivité, association, mécène, etc., a la possibilité de
choisir de soutenir un projet spécifique, un bassin particulier ou l'ensemble
des programmes SOS Corail.


