La France veut oser l’IA. Mais peut-elle vraiment la déployer ?
En février 2025, le monde entier se réunissait à Paris pour affirmer une ambition collective : construire une intelligence artificielle éthique, transparente, inclusive, au service de l’intérêt général. Chefs d’État, ONG, chercheurs, entreprises : tous ont signé, discuté, engagé. On parlait de souveraineté technologique, d’IA durable, de coopération mondiale. On annonçait des milliards d’euros d’investissements.
Cinq mois plus tard, le
gouvernement français dévoile un nouveau plan baptisé Osez l’IA. L’objectif est
clair : accélérer l’adoption de la technologie dans toutes les entreprises
d’ici 2030. Objectif : faire entrer 100% des grands groupes, 80% des ETI et
PME, et 50% des TPE dans l’ère de l’IA, avec des financements, des formations
et des ambassadeurs.
Mais sur le terrain,
les résultats se font toujours attendre. Peu de projets passent en production.
Les IA souveraines restent marginales. Et les modèles dominants, souvent
opaques et conçus hors d’Europe, continuent de s’imposer sans résistance.
Pour Homeric de Sarthe,
Directeur Général de Craft AI, il est urgent de passer de la posture à l’action
: «
Ce Sommet a produit un consensus mondial, le plan "Osez l’IA" tend à
prolonger l’élan. Mais tant qu’on ne traite pas la question de
l’industrialisation, tout cela restera une vitrine.
On parle d’éthique,
d’éducation, d’investissement, mais on ne parle jamais du cœur du sujet :
pourquoi l’IA ne tourne-t-elle toujours pas dans les entreprises ? Les
organisations restent désarmées face à des technologies complexes, opaques, peu
intégrables.
Une IA de confiance n’est pas un concept à promouvoir, c’est une réalité à construire. Elle doit être explicable, opérationnelle, et alignée sur les contraintes métiers. Tant qu’on ne se dote pas de cette capacité à produire concrètement, avec et pour les hommes et les femmes dans les entreprises, tant que les DSI dans les entreprises n’accepteront pas de « prendre des risques » en choisissant des solutions européennes, on prolongera l’illusion. Et pendant ce temps, de chaque côté de l’océan pacifique, d’autres avancent. »