Communiqué du Ministère de la Transition Ecologique, de l'Energie, du Climat et de la Prévention des Risques
La troisième
Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC-3), co-présidée par la France et
le Costa Rica, a été l’occasion de faire des annonces inédites et décisives en
faveur de la protection de l’Océan.
La France a su fixer un
cap clair autour de 4 priorités : renforcer la protection de la biodiversité
marine, lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée,
décarboner le secteur du maritime et lutter contre les pollutions plastiques.
1/ Protéger la
diversité marine
• Renforcer la
protection et la conservation de la biodiversité marine
La France, deuxième
espace maritime mondial, a annoncé la création de la plus grande aire marine
protégée (AMP) du monde en Polynésie française. La quasi-totalité de la zone
économique exclusive (ZEE) de l’archipel, soit 4,8 millions de km2, sera placée
sous protection, dont 900 000 km2 sous protection stricte (catégorie 2 UICN),
soit la plus grande zone bénéficiant de ce statut au monde.
Le lancement de la
stratégie dédiée à la protection des fonds marins, permettra de lever les
pressions qui s’exercent sur les habitats, quelle que soit leur origine, et ce
sera chose faite dès 2026 dans nos parcs nationaux et réserves naturelles
nationales. Seront interdites dans ce cadre toutes activités qui pourraient
endommager les habitats vulnérables comme le chalutage de fond ou le nautisme.
Des plans de lutte contre les pollutions d’origine terrestre seront également
mis en place dans les aires marines protégées dans l’optique de réduire
l’ensemble des pressions qui pèsent sur la biodiversité marine.
Le président de la
Polynésie française, Moetai Brotherson, a également annoncé la volonté de la
Polynésie française d’étendre cette protection de catégorie 2 UICN aux
archipels des Terres Australes et des Marquises d’ici au 8 juin 2026.
Ainsi, dès fin 2026 :
- 78% de la surface
maritime française totale sera protégée, dont 14,8% sous protection forte,
contre 4,8% aujourd’hui ;
- 4% des eaux hexagonales passeront sous
protection forte contre 0,1% actuellement.
Le président de la
République avait fixé l’objectif de classer 10% du territoire en protection
forte en 2030, dont 5% de l’espace maritime hexagonal. La France tient ainsi
dès aujourd’hui l’engagement du président de la République de placer 10% de ses
eaux territoriales sous protection forte d’ici 2030 et atteindra au moins 80%
de son objectif pour les eaux hexagonales quatre ans avant l’échéance fixée.
Ces annonces témoignent de la mobilisation générale inédite pour la protection
de la biodiversité marine.
Par ailleurs, au niveau
mondial, les annonces faites à l’UNOC de différents pays pour créer des aires
marines protégées ou étendre celles existantes fait augmenter le niveau global
de protection de 8,3% fin 2024 à plus de 12% soit une augmentation de 30% de
la surface des AMP au niveau mondial grâce
à l’UNOC. Cet engagement collectif
permet de se rapprocher significativement de l’objectif de 30%
de protection
des mers en 2030, acté par le nouveau cadre mondial pour la biodiversité de
Kunming – Montréal (2022).
• Protéger l’Océan et
la biodiversité marine en haute-mer : accélérer l’entrée en vigueur de l’accord
« BBNJ »
La France s’est
fortement mobilisée afin d’accélérer l’entrée en vigueur de l’Accord des
Nations Unies sur la haute mer, dit « accord BBNJ » (« Biodiversity Beyond
National Jurisdiction ») en incitant les Etats à signer et à ratifier cet
instrument juridique qui permettra d’établir des aires marines protégées en
haute mer.
La France a réussi à
recueillir à l’UNOC suffisamment de ratifications et de promesses de
ratification d’ici l’Assemblée générale des Nations unies de septembre
prochain, pour que l’accord BBNJ puisse entrer en vigueur dès l’année 2026. Par
conséquent, dès janvier 2026, la haute mer, qui représente 64 % de la surface
totale de l’Océan, bénéficiera d’un cadre juridique permettant de préserver la
biodiversité marine, notamment via la création de nouvelles aires marines
protégées.
2/ Lutter contre la
pêche INN
La France s’engage
contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN). Plusieurs actions sont
engagées pour renforcer nos moyens de contrôle, moderniser nos outils de
surveillance, et accroître la coopération internationale. Trois grandes
priorités sont établies :
- Renforcer le cadre
international : la France appelle à la ratification des grands accords
multilatéraux, tels que l'accord sur les mesures du ressort de l'État du port
de l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l'accord de
l'Organisation mondiale du commerce sur les subventions à la pêche. Elle œuvre
également, avec l’Union Européenne, au renforcement de la coopération régionale
et internationale notamment via la promotion de trois accords internationaux
fondamentaux : l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’Etat du port,
l’Accord du Cap et la Convention 188. Les Organisations régionales de gestion
des pêches (ORGP) jouent un rôle crucial dans cette lutte.
- Intégrer la lutte
contre la pêche illégale dans le Pacte européen sur les Océans pour améliorer la
traçabilité et conditionner les licences de pêche à des engagements en matière
de lutte contre la pêche INN.
- Soutenir les pêcheurs
responsables
en valorisant ceux qui respectent les lois, et en reconnaissant leur
contribution à une pêche durable et équitable.
Sur le plan
opérationnel, la France déploie des moyens importants pour protéger ses eaux,
notamment à travers le Centre national de surveillance des pêches.
3/ Décarboner le transport
maritime
Alors que le transport
maritime représente 90% des échanges mondiaux et 3% des émissions de gaz à
effet de serre, décarboner le secteur maritime est une nécessité dans la lutte
contre le changement climatique mais aussi une opportunité économique.
La France s’est dotée
dès 2023 d’une stratégie nationale ambitieuse pour atteindre la neutralité
carbone d’ici 2050, en lien étroit avec l’ensemble de la filière.
Trois leviers majeurs
permettront d’y parvenir :
• L’efficacité
énergétique :
optimisation des carènes, entretien des navires, développement des systèmes
d’économie d’énergie, routage météo.
• La sobriété : réduction volontaire
de la vitesse des navires (jusqu’à -30% d’émissions possibles), limitation des
voyages à vide, mutualisation du fret.
• La transition
énergétique :
substitution progressive du fioul lourd par des biocarburants et e-carburants,
mise en place de sources d’énergie et de technologies décarbonées (exemple de
l’énergie du vent).
Cette transformation
nécessite également de repenser l’écosystème en profondeur : moderniser les
ports, former les professionnels et investir massivement.
La France consacre
ainsi 1,5 milliard d’euros à cette transition, avec un volet spécifique dans
France 2030. Grâce à ces engagements, elle entend jouer un rôle moteur à
l’échelle européenne et mondiale.
L’UNOC a également été
l’occasion de renforcer la mobilisation en faveur des mesures adoptées à l’OMI
en avril 2025, qui doivent y faire l’objet d’un vote de confirmation en octobre
2025, destiné à assurer leur mise en œuvre au niveau mondial.
4/ Lutter contre le
pollution plastique
• Mettre fin au fléau
de la pollution plastique : 96 pays réaffirment leur ambition commune pour un traité
ambitieux contre la pollution plastique
Sous l’impulsion de la
France, 96 pays ont lancé « l'Appel de Nice pour un traité ambitieux contre la
pollution plastique ». Cet appel souligne la nécessité d'agir et de s’engager
collectivement pour réduire la production et la consommation de plastiques,
afin de protéger l’environnement et la santé humaine. Des pays de toutes les
régions du monde et de tous les niveaux de développement ont ainsi affirmé leur
ambition commune de conclure en août 2025, à Genève en Suisse, un traité
international effectif et ambitieux pour mettre fin à la pollution en prenant
en compte l’ensemble du cycle de vie du plastique.
• Réduire l’usage du
plastique en France :
le plan plastique 2025-2030
La France s’engage
depuis plusieurs années pour réduire l'utilisation du plastique et combattre la
pollution marine. En 2019, 600 000 tonnes de déchets plastiques étaient
déversées dans la Méditerranée, dont 11 000 tonnes provenant de la France,
causant des dommages significatifs à la biodiversité marine et à la santé
humaine. Pour limiter les impacts de la pollution plastique, le Gouvernement
agit sur plusieurs fronts : soutien à l'éco-conception, valorisation des
solutions de réemploi et recyclage, et amélioration de la collecte. Le Plan
plastique 2025-2030, annoncé lors de l’UNOC3, s’articule autour de quatre
principaux axes de progrès :
- Une éco-conception
des produits prenant en compte la recyclabilité et la réemployabilité des
emballages plastiques.
- Le développement
d'une vision industrielle de l'économie circulaire du plastique, avec des
investissements dans des infrastructures de réemploi et de recyclage.
- Le ciblage et
l'accompagnement des collectivités pour améliorer la performance de collecte et
de tri.
- Une démarche
d'exemplarité des acteurs publics et privés dans leur usage des produits
plastiques.
• Renforcer la
protection de l’environnement et lutter contre la pollution plastique en
Méditerranée
Les ministres de
l’Environnement des Parties contractantes de la Convention de Barcelone (22
Etats riverains de la Méditerranée) ont adopté une déclaration réaffirmant leur
détermination à unir leurs efforts pour renforcer la protection de
l’environnement. Ils se sont notamment engagés à renforcer les mesures de
protection des espèces marines en danger, à restaurer et protéger les herbiers
de posidonie, à lutter contre la pêche INN, ainsi qu’à lutter contre la
pollution plastique en Méditerranée.
Cette déclaration des
ministres soutient également l’initiative Circe.Med, portée à l’UNOC par
l’ADEME et incluant plus de 200 acteurs du pourtour méditerranéen, qui
s’emploie à structurer et massifier les solutions d’économie circulaire,
notamment pour lutter contre la pollution par les plastiques.
Selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche : « Une dynamique est enclenchée et je peux l'affirmer aujourd'hui :
il y aura un avant et un après Nice. L'UNOC-3
s’inscrit comme un véritable tournant décisif dans la lutte contre le
dérèglement climatique et la protection de l’Océan. L'enjeu est désormais de
concrétiser ces engagements et d'amplifier cette dynamique. La France est venue
fixer un cap clair : le cap d'une protection efficace, juste, renforcée et
partagée par l’ensemble des partenaires internationaux. »
5/ Innovation et océan
• Mercator - Mettre les
technologies numériques les plus innovantes au service de la décision et de la
protection de l’océan
Sous l’impulsion de la
France et de la Norvège, douze pays européens lancent Mercator International
Center for the Ocean, la première organisation intergouvernementale au monde
dédiée aux services numériques et systèmes d’informations pour l’océan.
La signature de la
convention internationale établissant cette nouvelle organisation
intergouvernementale permettra d’offrir des services numériques et systèmes
d’informations pour l’océan de classe mondiale – dont le Jumeau Numérique
Européen de l’Océan - afin de fournir des informations fiables et en temps réel
pour renforcer la résilience climatique, la sécurité maritime, la protection de
l’environnement et le développement d’une ’économie bleue durable.
Basé à Toulouse, en France, le Centre deviendra un pôle mondial de collaboration et d’innovation, au service des gouvernements, des acteurs de l’économie bleue durable et de la société.
• IA & Océan –
Développer une intelligence artificielle au service de la protection des
espaces maritimes
La France a annoncé le
lancement d’une nouvelle thématique de recherche intitulée « IA & Océan au
sein de la Coalition pour une IA durable. Cette initiative, portée par le
ministère permettra d’utiliser les avancées technologiques en intelligence
artificielle pour contribuer à la protection et à la gestion de l’Océan. Elle
cible notamment des enjeux tels que la surveillance de la qualité de l’eau, la
modélisation climat-océan et la détection des pollutions.