Meta franchit une nouvelle étape déterminante en s’engageant sur un contrat de fourniture électrique nucléaire d’une durée inédite de vingt ans.
Face à l’explosion des
besoins énergétiques liés à l’intelligence artificielle, cette alliance
stratégique avec Constellation Energy illustre la volonté de l’entreprise de
garantir une alimentation stable, décarbonée et pérenne pour ses datacenters.
Plus qu’un simple accord commercial, ce partenariat symbolise l’adaptation des
acteurs du numérique à la transition énergétique et à la sécurisation de leurs
infrastructures critiques.
Edouard Lotz, analyste
marché et énergie au sein du cabinet de conseil Omnegy, souhaite partager son
analyse quant à cette annonce : « Le contrat signé par META sur un
approvisionnement en nucléaire sur près de 20 ans est symptomatique de ce qu’il
est en train de se passer dans le monde de l’IA et de l’infrastructure qui doit
la supporter, à savoir les Data Center. Les « 7 Magnifiques » mais également de
nombreux autres acteurs du secteur technologique comme OpenAI vont bâtir de
plus en plus de centres de données, de plus en plus puissant (en termes de
capacités de calcul et d’hébergement). Les projets à venir les plus titanesques
pourraient consommer l’équivalent en électricité de 2 à 5 millions de foyers.
Il est donc tout à fait logique que ces entreprises cherchent à sécuriser de
manière durable et à bas coût leur approvisionnement électrique, qui constitue
un enjeu clé pour maximiser la rentabilité d’un Data Center.
Récemment, Donald Trump
a signé plusieurs décrets visant à accélérer le déploiement de nouvelles
centrales nucléaires aux États-Unis, dont l’essor est bien évidemment porté en
grande partie par l’émergence des centres de données. La production nucléaire américaine
semble donc pouvoir être privatisable pour qui en a les moyens et ainsi
conserver son avantage technologique. D’autres acteurs comme Microsoft, Google
ou bien encore Amazon vont emboîter le pas à Meta aux États-Unis, car le cadre
législatif, plus souple, et la possibilité de contractualiser à long terme sur
ce type d’énergie ouvre des perspectives extrêmement profitables à ces
entreprises pour se développer.
Côté européen, la France, très nucléarisée, constitue également une cible de choix pour qui souhaite y implanter un Data Center (en plus des câbles sous-marins qui nous parviennent). Le coût complet du nucléaire français, à 60,7 €/MWh selon la CRE, demeure incitatif. Toutefois, il manque encore à la France (et à EDF) de faire preuve de plus de transparence et de visibilité sur le prix à long terme de l’électricité dans le pays, et de proposer un cadre clair pour conclure des contrats à long terme sur le nucléaire (10 à 20 ans). Il existe bien les CAPN (contrats d’allocation de production nucléaire) lancés par EDF, à destination des entreprises consommant plus de 7 GWh/an pour une durée de 10 à 15 ans mais dans un volume limité à 10 TWh seulement (l’ARENH représentait 100 TWh annuels). Si la France a bien sécurisé de grands investissements et de nombreux projets de Data Center à implanter sur son sol, il s’avère impératif d’offrir un cadre plus ambitieux pour accueillir ces infrastructures, au risque de perdre du terrain face aux États-Unis et à la Chine, qui bénéficient d’une énergie compétitive et avec de la visibilité (gaz aux USA pour produire de l’électricité + nucléaire, subventions en Chine pour les centrales). »