Lettre ouverte de Charlotte Couffon,
Fondatrice de Cornaline Communication, agence de communication
globale basée à Paris.
«
Votre métier va disparaître. L’intelligence artificielle fera tout » : cette phrase, je l’ai
entendue un nombre incalculable de fois.
Et à
chaque fois, j’ai envie de répondre : « Très bien, que l’IA fasse tout.
Mais sans nous, elle ne fera rien de juste. »
Car
l’essence de notre métier d’attachée de presse, ce n’est pas la rédaction d’un
communiqué ou
d’une tribune. Ce n’est pas la compilation d’adresses mails dans
un fichier Excel. Ce n’est pas non plus l’envoi automatisé d’une campagne de
diffusion.
Notre métier, c’est le lien.
Ce lien
invisible mais ultra-solide que nous tissons chaque jour avec les journalistes,
les rédacteurs, les chroniqueurs, les pigistes, les chefs de rubrique.
Ce lien
qui repose sur une seule chose : la relation humaine.
Oui,
notre métier s’appelle "relations presse". Et ce n’est pas un hasard.
Nous
sommes au croisement de l’écoute, de la suggestion, de l’opportunité, de l’info
utile, de la bonne personne au bon moment. Nous sommes la courroie de
transmission entre ce que nos clients veulent dire et ce que les journalistes
veulent (ou non) raconter.
Et ça,
aucune IA, aussi puissante soit-elle, ne pourra le faire à notre place.
Un métier de terrain, d’instinct, et d’échanges constants
Les gens
s’imaginent parfois que nous envoyons des mails impersonnels en rafale, dans
l’espoir qu’un journaliste daigne y répondre. La réalité est tout autre.
Nous
passons nos journées à échanger, ajuster, réorienter, relancer. À chaud, à
froid, au téléphone, par mail, sur WhatsApp, Instagram ou même via un DM
LinkedIn.
Un
journaliste qui cherche un contact en urgence, une info de dernière minute, une
réaction à chaud ? Nous sommes là. Une idée d’angle à creuser ensemble ? On
brainstorme. Une indisponibilité de dernière minute d’un invité presse ? On
trouve un plan B. Tout ça, en temps réel, en confiance, et souvent dans
l’urgence.
Nous ne
sommes pas de simples relais. Nous sommes des partenaires éditoriaux, discrets
mais indispensables.
Et ce
lien-là, celui qui nous unit aux journalistes, ne se décrète pas. Il se gagne,
se nourrit, se travaille.
L’IA peut faire beaucoup. Mais pas tout.
Soyons
clairs : je ne suis pas technophobe.
J’utilise
l’IA. Pour m’aider à structurer un texte, identifier une tendance, gagner du
temps sur certaines tâches.
Mais
jamais pour remplacer mon rôle de conseil, d’interface, de stratège et de
veille permanente.
Parce
qu’un bon sujet n’est pas qu’un bon contenu. C’est un bon contenu, adressé à la
bonne personne, au bon moment, avec le bon angle.
Et ça,
c’est mon métier.
Un
journaliste reçoit des centaines de sollicitations par jour.
Alors
pourquoi ouvre-t-il mon mail ? Pourquoi me répond-il ? Pourquoi accepte-t-il de
traiter mon sujet ?
Parce
qu’il sait que j’ai compris sa ligne éditoriale, son rythme, ses contraintes.
Parce que j’ai pris le temps. Parce que je ne lui ai pas perdre le sien.
Et ça, ce
n’est ni une question de texte, ni d’outil. C’est une question de relation.
La
réalité, c’est qu’on travaille ensemble !
Attachée
de presse et journaliste, c’est un duo. Pas un duel.
L’un sans
l’autre, c’est un peu comme un micro sans voix. Une actu sans éclairage. Une info
sans source fiable.
Oui, je
propose des sujets. Mais c’est le journaliste qui choisit s’il veut les
traiter.
Et
souvent, on les ajuste ensemble. On affine, on reformule, on décline.
C’est du
travail d’équipe, parfois informel, souvent réactif, toujours humain.
Ce que je
défends ici, ce n’est pas juste mon métier. C’est un mode de fonctionnement
dans l’écosystème médiatique.
Ce sont
ces échanges à toute heure, ces coups de fil improvisés, ces complicités
professionnelles qui se construisent avec le temps. Ce sont ces journalistes
qui me font confiance, et à qui je dois leur rendre la pareille : avec de la
qualité, de la transparence, et beaucoup de réactivité.
Le mot de la fin : notre métier ne disparaît pas... il évolue, et c’est tant mieux.
Alors
non, notre métier n’est pas mort. Il est en constante évolution. Et c’est
précisément pour cela qu’il est passionnant.
Oui, l’IA
va transformer certaines tâches. Tant mieux. Cela nous permettra de consacrer
encore plus de temps à ce qui fait notre vraie valeur : le lien, la finesse, le
sur-mesure, le flair.
Les relations presse ne sont pas un métier de
l’ombre. Ce sont des métiers de l’écoute et de la confiance.
Et tant qu’il y aura des journalistes pour chercher des
bons sujets, il y aura des attachées et attachés de presse pour les leur souffler, les
affiner, les rendre incarnés.
C’est un travail d’équipe. C’est un duo. Et
c’est un métier d’avenir.