Connexion
/ Inscription
Mon espace
Etudes & Enquêtes
ABONNÉS
Partager par Linked-In
Partager par Xing
Partager par Facebook
Partager par email
Suivez-nous sur feedly

[Etudes] Les retraites européennes au service des combustibles fossiles

Les pensions de retraite des citoyens européens travaillent activement contre la transition écologique

 

Plus de 75 milliards d’euros. C’est le montant des pensions de retraite des citoyens européens actuellement investis dans les industries fossiles, à travers les régimes publics et privés. 
Sphere, plateforme d’investissement dont la mission est de diversifier les portefeuilles avec des produits alignés aux engagements climatiques, a publié en mars 2025 une étude qui révèle l’ampleur des pensions de retraite, publiques comme privées, des citoyens européens investies dans les industries fossiles, souvent à l’insu des cotisants. Intitulé “Investissement des retraites en Europe : un aperçu de l’exposition aux énergies fossiles par pays et par employeur”, quantifie les liens financiers et souligne aussi les recommandations clés pour renforcer la transparence et favoriser des investissements alignés sur les objectifs climatiques.

 

Dans les pays où les pensions sont largement capitalisées, comme les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Finlande, le citoyen moyen a plusieurs milliers d’euros de ses économies de retraite investis dans des actions et obligations liées aux énergies fossiles. Dans d’autres pays, comme la France et l’Allemagne, ce montant est plus faible (quelques centaines d’euros ou moins) car les pensions d’État sont principalement basées sur le système de répartition, bien que les plans complémentaires et les fonds de réserve de retraite de ces pays investissent dans les énergies fossiles.

 

 

 

 


 

Focus sur l’exposition des retraites françaises aux énergies fossiles : entre fonds publics et privés

 

Le système français de retraite fonctionnant par répartition, la majeure partie des cotisations sont versées “en direct” et ne sont pas exposées à l’investissement dans l’industrie fossile. Cependant, la France dispose de plusieurs réserves publiques et fonds additionnels, dont le Fonds de Réserve pour les Retraites (FRR) doté d'environ 30 milliards d'euros d'actifs, qui investissent sur les marchés, et sont donc exposés aux énergies fossiles. Les investissements fossiles actuels du FRR sont de l'ordre de 1 à 2% de son portefeuille (peut-être quelques centaines de millions d'euros en actions pétrolières/gazières – le chiffre exact n'est pas détaillé publiquement). Ainsi selon le rapport, il est estimé que 2 milliards d’euros des pensions nationales sont directement investis dans les énergies fossiles, représentant environ 30€ par habitant (soit 2 milliards d’euros répartis sur environ 67 millions de personnes).

 

Mais c’est dans les pensions privées et complémentaires que se trouve la plus grande exposition aux énergies fossiles : entre 5 et 8 milliards d’euros y sont directement investis. En effet, le financement des pensions de retraite du secteur privé dépend largement de la performance financière des multinationales du pétrole et gaz, telles que Engie et Total Énergies.

 

« En France, même avec un système de retraite principalement par répartition, des milliards d’euros sont encore investis dans les énergies fossiles, que ce soit via des fonds publics ou des pensions privées. La plupart des cotisants l’ignorent complètement. Il est essentiel d’apporter plus de transparence et de donner aux citoyens le pouvoir de choisir où va leur argent. Assurer sa retraite ne devrait pas se faire au détriment de la planète », explique Alex Wright-Gladstein, Fondatrice et CEO de Sphère.

 


Quelles solutions pour aligner ce système de financement avec les objectifs climatiques ?

 

Malgré la difficulté rencontrée par les fonds à se désinvestir du financement des énergies fossiles, des changements systémiques s’opèrent depuis les dernières années. Le rapport de Sphere montre que de plus en plus de systèmes de retraite s’éloignent concrètement des investissements dans les énergies fossiles et définissent des critères d’exclusion en phase avec les Accords de Paris ou l’Investissement Socialement Responsable (ISR). Certains régulateurs européens vont même jusqu’à augmenter les coussins de fonds propres requis pour les investissements dans les énergies fossiles : un mécanisme dissuasif pour les investissements dans les combustibles fossiles, mais incitatif pour ceux plus responsables.

 

•   Divulgation obligatoire des portefeuilles de pension : le rapport invite les régulateurs de l'UE à rendre obligatoire la publication annuelle de tous les avoirs des fonds de pension, à l'instar du Government Pension Fund Global (GPFG) en Norvège. Cela permettrait aux citoyens de savoir exactement dans quelles entreprises de combustibles fossiles leurs économies de retraite sont investies.

•   Des rapports normalisés sur l'exposition au changement climatique : les fonds de pension devraient être tenus de déclarer leurs investissements dans les entreprises d’énergies fossiles en tant que catégorie distincte, en utilisant éventuellement des paramètres en phase avec le règlement de l'UE relatif à la publication des informations sur la finance durable (SFDR).

•   Exploiter les outils activistes et l’open data : l’étude met en avant des ressources comme Investing in Climate Chaos de Reclaim Finance et suggère d’élargir ces initiatives en Europe afin de faciliter l’analyse des placements des fonds de pension dans les énergies fossiles.

•   Techniques analytiques pour une analyse évolutive : l’étude propose d'utiliser des bases de données financières et des outils d’analyse automatisés pour identifier des fonds de pension investissant dans les énergies fossiles, et d'exploiter les statistiques nationales et des indices financiers pour estimer l’exposition lorsque les données directes font défaut.

•   Exiger plus de transparence des prestataires de services de retraite : le rapport souhaite inciter les grands assureurs gérant des retraites collectives à être plus transparents, afin qu’ils publient les détails de leurs fonds d’investissement par défaut.

 

L’étude souligne la dissonance qui existe entre des pensions de retraite censées financer et sécuriser un avenir stable et leur investissement massif dans les industries qui financent la crise climatique. Elle met l’accent sur la nécessité d’aligner les investissements des fonds de pensions aux objectifs climatiques, et argumente que le changement ne pourra se faire que si la transparence est rendue obligatoire, autant au niveau gouvernemental en ce qui concerne les pensions de retraite publiques, que dans le privé, pour les complémentaires et plans d’épargne entreprise. Il est important de proposer des options de retraite sans énergies fossiles, permettant aux épargnants et aux employeurs de choisir des fonds durables.

Lire la suite...


Articles en relation