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« Les besoins de financement de la Grèce sont encore colossaux »

Le retour de la Grèce sur les marchés obligataires s’est soldé aujourd’hui par la levée de 3 Mds€ à 5 ans, à un taux proche de 4,95%. Ce placement constitue une première depuis quatre ans sur une échéance aussi longue. Cette émission obligataire a suscité l’appétit des créanciers, puisque près de 550 investisseurs ont manifesté leur intention de souscrire l’emprunt, pour un book dépassant les 20 Mds€.

Ronan Blanc, gérant obligataire chez Quilvest Gestion, estime que « cette émission d’emprunts souverains peut être perçue comme un succès symbolique, mais qu’il est encore trop tôt pour pouvoir parler d’un retour définitif de la Grèce sur les marchés. Ce placement permettra avant tout à la coalition gouvernementale grecque de négocier dans de meilleures conditions le versement des prochaines tranches d’aide financière, avec ses partenaires européens et la troïka. En revanche, le volume de cette émission reste dérisoire au regard des échéances de remboursement auxquelles la Grèce doit faire face, estimées à 50 Mds€ d’ici 2 ans. Dans ces conditions, ce n’est pas le secteur privé qui représente le principal pourvoyeur de financement du pays, mais bien ses partenaires internationaux ».

Ronan Blanc observe également que le profil du titre obligataire de la Grèce a évolué aux yeux des investisseurs. « L’opération du jour a démontré que la dette grecque n’a pas suscité l’attrait des gérants d’actifs européens, mais plutôt d’investisseurs domestiques, essentiellement des banques. Les investisseurs internationaux ont également manifesté leur intérêt. Ces derniers ont redéployé leurs capitaux sur l’emprunt grec avec un objectif de rendement. De ce point de vue, la dette grecque est désormais considérée comme une dette émergente. Les investisseurs sortent par exemple des dettes brésilienne ou turque, fortement exposées au risque de change liés à ces pays, au profit de la dette grecque qui bénéficie d’un environnement un peu plus stable, compte tenu des gages apportés au pays par la BCE et l’Union monétaire ».

Concernant les fondamentaux économiques du pays, l’optimisme du FMI est à modérer : l’institution anticipe une croissance du PIB grec de +3% en 2015, tandis que le consensus de marché table plutôt sur une estimation de +1,5%.
Pour Ronan Blanc, ces chiffres sont encore très flatteurs : « Il est peu réaliste de croire que la Grèce pourra retrouver un taux de croissance aussi significatif d’ici un à deux ans. A 25%, le chômage est encore excessivement élevé, tandis que les indicateurs PMI sont retombés sous la barre des 50 points le mois dernier, synonyme de nouvelle contraction de l’activité ». A la différence d’autres pays du sud de l’Europe, l’activité économique grecque reste encore à l’écart des échanges commerciaux avec l’Allemagne, dont la consommation peut constituer un moteur pour la zone euro.

www.quilvestgestion.fr

 

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