L'épargne au
sommet expliquée par Philippe Crevel Directeur du Cercle de l’Épargne
Le taux d’épargne des
ménages s’est élevé, selon l’INSEE, en France au premier trimestre 2025 à
18,8%
du revenu disponible brut, en hausse de 0,3 point par rapport au dernier
trimestre 2024. Hors période Covid, il faut remonter au troisième trimestre
1981 pour constater un taux d’épargne plus élevé.
Le taux d’épargne des
ménages n’a, en France, pas retrouvé son niveau d’avant la crise sanitaire (15%).
La succession de chocs — Covid, guerre en Ukraine, vague inflationniste, crise
politique, retour de Donald Trump — explique en partie cette propension à
l’épargne. Le faible niveau de confiance des ménages ne les incite pas à
consommer. Le montant élevé du déficit public conduit, par ailleurs, les
ménages à épargner par crainte d’une augmentation des prélèvements (effet
Ricardo-Barro ou équivalence ricardienne).
La désinflation n’a pas
modifié le comportement des Français, pas plus que la hausse de leurs revenus.
Au premier trimestre 2025, leur pouvoir d’achat a augmenté de 0,3% (+0,1% par
unité de consommation). Dans le même temps, les ménages ont réduit leur
consommation de 0,2%, entraînant une hausse du taux d’épargne. C’est l’épargne
financière qui bénéficie de cette progression, passant de 9,3% à 9,8% du revenu
disponible brut entre le dernier trimestre 2024 et le premier trimestre 2025.
Il faut remonter à 1950 pour retrouver (hors période Covid) un taux d’épargne
financière plus élevé (10,7% au deuxième trimestre 1950).
Cette hausse
spectaculaire de l’épargne financière s’explique également par les craintes des
Français concernant leur pouvoir d’achat à la retraite. Ils sont de plus en
plus nombreux à épargner pour se constituer un complément de revenus ou de
capital. Le vieillissement démographique joue en faveur de l’épargne. Ce
phénomène est également observé en Allemagne, au Japon ou en Chine.
Une décrue significative du taux d’épargne ne pourra advenir qu’avec le retour de la confiance et d’une dynamique économique crédible. Mais le niveau de 2019 appartient sans doute déjà à l’histoire.