L'analyse de Philippe Crevel, Directeur du Cercle de l’Épargne
L’assurance vie réussit
la passe de trois au premier trimestre 2025
L’assurance vie a
réalisé la passe de trois au cours du premier trimestre 2025, avec des
collectes nettes supérieures à 4 milliards d’euros chaque mois. Les ménages
plébiscitent ce placement qui, grâce à l’amélioration du rendement des fonds en
euros, a retrouvé des couleurs. Ils réallouent une partie de l’épargne
accumulée ces dernières années sur des produits de court terme, devenus moins
rémunérateurs avec la baisse des taux.
Un mois de mars de
haute tenue
La collecte nette a
atteint 4,0 milliards d’euros en mars, après 5,8 milliards en février et 4,5
milliards en janvier. À titre de comparaison, elle s’élevait à 3,2 milliards
d’euros en mars 2024. Il faut remonter à mars 2010 pour retrouver un niveau
plus élevé sur ce mois, avec une collecte nette de 6,284 milliards d’euros — un
record sur quinze ans.
Depuis 1997, seules
trois décollectes nettes ont été enregistrées en mars : en 2020 (-1,842
milliard d’euros, en lien avec la crise du Covid), en 2017 (-9 millions
d’euros) et en 2012 (−1,378 milliard d’euros, en lien avec la crise des dettes
souveraines). Sur les dix dernières années, la collecte moyenne du mois de mars
s’établit à environ 1 milliard d’euros. Celle de 2025 est donc quatre fois
supérieure à cette moyenne décennale.
La collecte nette a été
positive à hauteur de +3,4 milliards d’euros pour les supports en unités de
compte (UC), et de +0,6 milliard pour les supports en euros. Ces derniers
enregistrent ainsi deux collectes nettes consécutives, traduisant un retour en
territoire positif.
Des cotisations
dynamiques
Depuis plusieurs mois,
l’assurance vie bénéficie de cotisations soutenues. Les ménages réaffectent une
partie de leur épargne de court terme vers ce placement. En 2023 et 2024, ils
avaient privilégié les dépôts à vue et les livrets réglementés, qui offraient
des rendements attractifs. L’encours des dépôts à vue est passé de 406
milliards à plus de 500 milliards d’euros entre 2019 et 2023.
Avec la décrue des taux
directeurs, ces placements deviennent, mois après mois, moins intéressants. La
baisse du rendement du Livret A incite désormais les ménages à privilégier les
placements de long terme, au premier rang desquels figure l’assurance vie.
En mars, le montant des
cotisations brutes a atteint 15,5 milliards d’euros, un niveau record. En mars
2024, il avait déjà atteint un sommet comparable à 15,504 milliards d’euros.
Des prestations plutôt
stables
Les prestations versées
en mars 2025 se sont élevées à 11,5 milliards d’euros, contre 12,321 milliards
en mars 2024. Elles demeurent relativement stables d’un mois sur l’autre. Le
redémarrage encore lent du marché immobilier ne conduit pas les ménages à effectuer
des retraits sur leurs contrats d’assurance vie pour financer l’achat d’un
logement.
Un premier trimestre
prometteur
Le contexte du premier
trimestre 2025 a été porteur pour l’assurance vie. Avec un Livret A en perte
d’attractivité, l’assurance vie s’impose comme le placement gagnant du premier
trimestre. Sur les trois premiers mois, la collecte nette atteint 14,4 milliards
d’euros, soit +5,6 milliards d’euros par rapport à la même période en 2024.
Elle s’élève à +13,3 milliards pour les supports en UC, et à +1,1 milliard pour
les supports en euros.
Depuis le début de
l’année, les cotisations brutes s’élèvent à 49,8 milliards d’euros, en hausse
de
+1,9 milliard par rapport à la même période en 2024. Les prestations, quant
à elles, atteignent
35,4 milliards d’euros, en baisse de -9%, soit -3,7
milliards d’euros.
Un encours au-dessus
des 2 000 milliards d’euros
L’encours de
l’assurance vie s’établit à 2 025 milliards d’euros à fin mars 2025, en hausse
de +3,7% sur un an.
L’assurance vie face à
l’effet Trump
L’année 2025 a débuté
sur les chapeaux de roue pour l’assurance vie, portée par le recul des
rendements de l’épargne de court terme et la bonne tenue des marchés
financiers. Mais les annonces du 2 mars dernier par Donald Trump concernant un
relèvement des droits de douane rebattent en partie les cartes. Les marchés
actions enregistrent de fortes variations au gré des déclarations du président
américain, avec une tendance baissière. En revanche, les taux d’intérêt à long
terme restent élevés, notamment en raison des besoins de financement croissants
des États européens, en particulier dans le domaine de la défense.
Le climat économique et
géopolitique anxiogène pourrait conduire certains ménages à se tourner à
nouveau vers des placements de court terme, comme le Livret A. Toutefois, le
taux de ce dernier devrait être abaissé à environ 1,7% au 1er août prochain, ce
qui pourrait limiter cet attrait.
Cercle de l’Épargne – données France assureurs
Cercle de l’Épargne –
données France assureurs