L’UNESCO a désigné 16 nouveaux géoparcs,
portant ainsi le nombre total de sites inscrits au Réseau mondial des géoparcs
de l’UNESCO à 229, répartis dans 50 pays.
Ce réseau couvre désormais une
superficie de près de 855 000 km², soit l’équivalent du territoire de la Namibie.
Le Réseau mondial des
géoparcs de l’UNESCO, qui célèbre ses 10 ans, regroupe des territoires reconnus
pour la richesse de leur patrimoine géologique — formations rocheuses, chaînes
de montagnes ou volcaniques, grottes, canyons, sites fossiles ou paysages
désertiques anciens — qui témoignent de l’histoire, de l’évolution et du climat
de la Terre. Ces sites sont aussi des espaces de conservation et d’éducation à
l’environnement, où les communautés locales et autochtones peuvent valoriser
leur culture et leurs savoir-faire.
« En dix ans, les
géoparcs de l’UNESCO sont devenus des modèles de conservation du patrimoine
géologique. Mais leur rôle va bien au-delà : ils soutiennent des projets
éducatifs, favorisent le tourisme durable et font vivre les savoirs et
traditions de ces territoires grâce à la participation active des communautés
locales et autochtones. C’est par exemple le cas en Islande, dans le Géoparc de
Katla, où les écoles locales participent activement aux recherches
scientifiques menées sur ce paysage qui conserve la mémoire des systèmes
volcaniques et glaciaires, avec ses coulées de lave et ses plages de sable noir
»,
déclare Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO.
Chaque année, le réseau
s’enrichit de nouveaux sites par décision du Conseil exécutif de l’UNESCO après
l’évaluation des candidatures par le Conseil des géoparcs mondiaux, composé
d’experts internationaux.
Les 16 nouveaux
géoparcs sont situés en Arabie saoudite – qui inscrit ses deux premiers sites
–, Chine, Équateur, Espagne, Indonésie, Italie, Norvège, République populaire
démocratique de Corée – marquant la création de son tout premier géoparc et sa
contribution à la protection de la chaîne montagneuse partagée avec la Chine –,
République de Corée, Royaume-Uni et Viet Nam.
L’UNESCO continue de
promouvoir ce programme dans les zones où il est encore peu présent, notamment
sur le continent africain, les États arabes ainsi que dans les petits États
insulaires en développement. Pour ce faire, elle organise des missions d’experts,
des sessions de formation et des consultations individuelles, à l’échelle
nationale et locale, pour accompagner la préparation des candidatures au statut
de géoparc mondial de l’UNESCO.
Les 16 nouveaux géoparcs mondiaux UNESCO
Arabie saoudite :
Géoparc mondial UNESCO du nord de Riyad
Situé au pied de la
montagne Tuwaiq, au cœur de la péninsule arabique, le Géoparc mondial UNESCO du
nord de Riyad est un site captivant rassemblant des monuments géologiques,
écologiques et culturels. Ces plateaux remarquables, dotés de sommets plats et d’escarpements
spectaculaires, constituent la pièce maîtresse du patrimoine géomorphologique
du géoparc. Les formations de roches datant du Jurassique et du Crétacé
constituent un site éducatif et culturel important, en tant que fondement
géologique du considérable patrimoine pétrolier de l’Arabie saoudite. La vallée
de l’Obaitharan, ou Wadi Obaitharan, est un autre point fort, une réserve
luxuriante et protégée qui joue un rôle essentiel dans la conservation des
ressources en eaux de la région et offre une vue panoramique sur les montagnes
avoisinantes. La vallée abrite également d’anciens systèmes de récif corallien,
ce qui en fait un site éducatif important pour les visiteurs.
Au cœur du géoparc, se
trouve le village de Thadiq, dont l’histoire remonte aux établissements
tribaux, il y a plus de 370 ans. Son oasis florissante illustre le lien profond
entre le peuple de la région et son environnement naturel. Le géoparc soutient activement
les communautés locales et le développement durable. Menée par la communauté,
la transformation du village de Ghamra en destination touristique populaire a
été une initiative concluante. Une large panoplie d’activités sont proposées,
dont la randonnée, l’observation des étoiles, ainsi que des expériences
traditionnelles comme les feux de joie et les représentations folkloriques. Les
initiatives locales menées dans le géoparc constituent une occasion unique pour
les visiteurs d’échanger avec les communautés locales par le biais
d’expériences culturelles et de découvrir l’hospitalité de renom de la région.
À travers l’initiative des « produits géologiques », le géoparc fait également
la promotion de l’agriculture durable, et met en avant des produits locaux tels
que les dattes et le miel, renforçant ainsi la visibilité des fermiers locaux
sur le marché.
Arabie saoudite :
Géoparc mondial UNESCO Salma
Le Géoparc mondial
UNESCO Salma, situé au cœur de l’Arabie saoudite, offre un aperçu rare et
fascinant de l’histoire anciennede la Terre. ses roches volcaniques et
magmatiques datant de plus de
740 millions d’années, ce géoparc constitue une
archive accessible des processus profonds de la Terre. L’un des éléments les
plus remarquables du parc est le cratère d’Al-Hutaymah, où les visiteurs
peuvent observer les formations volcaniques spectaculaires modelées au fil des
millénaires, par l’érosion et les éruptions volcaniques. Le géoparc renferme
également une faune et une flore désertiques variées, dont le bouquetin de
Nubie et l’Oryx d’Arabie, des espèces menacées parfaitement adaptées à
l’environnement aride.
Le territoire
représente aussi un patrimoine culturel vibrant, porté notamment le Darb
Zubaydah, une ancienne route de pèlerinage qui reliait autrefois Kûfa, une
ville historique du centre d l’Iraq, à La Mecque, une ville d’Arabie saoudite
qui revêt une importance religieuse considérable. Cette route, jalonnée de
puits, de gisements et de la célèbre oasis de Faid, était un arrêt essentiel
pour les pèlerins en raison de son eau pure et de ses sols fertiles. L’ancienne
forteresse et ses 45 puits constituent des symboles durables de l’histoire
régionale. Le village de Tabah est un autre site patrimonial clé., Il abrite
les
« cerfs-volants du désert », des structures en pierre autrefois utilisées
pour piéger des animaux sauvages, qui apportent un éclairage précieux sur les
anciennes pratiques de chasse et les premiers établissements humains. Les
communautés locales et les élèves s’investissent pleinement dans le géoparc par
le biais d’un ambitieux programme d’activités éducatives. Des événements comme
les dîners d’Iftar pendant le ramadan, la marche du Darb Zubaydah retraçant
l’ancienne route de pèlerinage, ainsi que le chemin historique de Tabah
permettant aux visiteurs d’explorer les ruines archéologiques
exceptionnellement préservées de l’une des plus anciennes villes de la région,
favorisent un esprit d’unité et de sensibilisation au patrimoine culturel de la
région.
Chine : Géoparc mondial
UNESCO de Kanbula
Le Géoparc mondial
UNESCO de Kanbula, situé sur les contreforts nord-orientaux du plateau du
Qinghai-Tibet, se caractérise par des éléments géologiques remarquables, fruits
de processus complexes. Il abrite notamment les volcans de Maixiu – un groupe
de volcans éteints exceptionnellement bien préservés – et une portion du fleuve
Jaune, le sixième plus long cours d’eau du monde. Tout en contribuant à la
préservation de ce riche patrimoine géologique, ce géoparc joue un rôle
essentiel dans la protection des populations locales contre les aléas fluviaux,
en assurant la coordination des systèmes d’alerte et de prévisions et en
préparant les habitants aux inondations et aux glissements de terrain.
La culture et la
tradition sont profondément ancrées dans le paysage de Kanbula, où les
démarches scientifiques sont enrichies par le patrimoine tibétain ancestral. Au
monastère de Longwu, datant du XIVe siècle, une fresque tibétaine
traditionnelle de style thangka, qui représente la formation des pics
montagneux, les éruptions volcaniques et la naissance des océans, retrace
l’évolution de la Terre. Cette fresque, où êtres humains et animaux font de
nombreuses apparitions, reflète les croyances culturelles sur la coexistence
harmonieuse avec la nature – une thématique qui touche particulièrement les
communautés locales. La fusion entre les explications scientifiques les récits
culturels est au cœur des activités du géoparc. Alliant tradition et développement
économique local, il soutient des initiatives de proximité telles que l’école
Sangjie des arts du thangka, une coopérative qui revitalise les compétences
traditionnelles du thangka tout en donnant aux femmes rurales la possibilité de
se former et de trouver un emploi durable.
Chine : Géoparc mondial
UNESCO de Yunyang
Le Géoparc mondial
UNESCO de Yunyang, situé dans le sud-ouest de la Chine, révèle des paysages
façonnés il y a près de 250 millions d’années, qui témoignent de la disparition
d’une mer intérieure et de l’émergence d’un milieu terrestre unique qui l’a remplacée.
La région, surtout connue pour ses gisements riches en fossiles de dinosaures,
abrite une remarquable « grande muraille » de fossiles de dinosaures de 18
kilomètres de long contenant roches stratifiées, constellées de fossiles datant
de près de 170 millions d’années. Une section exceptionnelle révèle près de 5
000 fossiles de dinosaures, offrant une vision sans égale de l’évolution des
dinosaures au cours du Jurassique moyen. Le géoparc renferme également des
paysages karstiques spectaculaires – des formations rocheuses caractéristiques
modelées par l’eau au fil du temps –, dont l’une des dolines les plus profondes
au monde, qui descend à 335 mètres de profondeur et constitue un important de
site de recherche.
Doté de temples, de
villages traditionnels et de forteresses établis de manière stratégique le long
du Yangtsé, le Géoparc mondial UNESCO de Yunyang possède une riche histoire
culturelle qui remonte à plus de 2 300 ans. Il abrite le groupe ethnique des Tujias,
qui perpétue des traditions uniques telles que la sculpture sur racines, le
tissage de brocart et les danses gestuelles. Pour garantir la pérennité de ces
traditions, le géoparc collabore avec les populations locales afin de soutenir
la production et la vente d’objets artisanaux, tandis que les écoles locales
dispensent des cours qui transmettent ces traditions aux jeunes générations.
Les manifestations, telles que le rassemblement des filles tujias, et les
échanges culturels artistiques permettent aux populations locales de mettre en
avant leur patrimoine et de participer au développement du géoparc.
Équateur : Géoparc
mondial UNESCO Napo Sumaco
Le Géoparc mondial
UNESCO Napo Sumaco est situé au cœur du bassin amazonien en Équateur, à
l’intersection des montagnes andines et des plaines amazoniennes. Ce géoparc
renferme plus de
170 millions d’années d’activité géologique, de la période
jurassique jusqu’à nos jours. Parmi ses éléments emblématiques figurent le
Sumaco, un volcan remarquable et potentiellement actif doté d’une composition
rare, et de formations karstiques, où les chercheurs étudient le dérèglement
climatique à travers l’analyse des spéléothèmes (formations de grottes). La
région se distingue non seulement par son intérêt géologique, mais aussi par sa
riche biodiversité, qui abrite plus de 6 000 espèces végétales et une variété
d’animaux rares, dont bon nombre ne vivent que dans cette région.
Les communautés locales
jouent un rôle actif dans la protection et la gestion des sites géologiques du
géoparc, en y perpétuant les concepts autochtones kichwas de minga et de
turkana. La Pacha Mama (la Terre mère), occupe une place centrale dans le système
de valeurs du peuple amazonien des Kichwas, est préservée comme un savoir
ancestral précieux, qui relie géodiversité, biodiversité et culture. L’accès à
de nombreux géosites est uniquement possible en compagnie de résidents locaux,
ce qui garantit une utilisation des terres respectueuses tout en offrant des
possibilités aux communautés locales. Plusieurs groupes communautaires
contribuent aux activités du géoparc : les Guides Pushak Runakuna font la
promotion du géotourisme et de la conservation des attractions naturelles, et
le collectif des Yachak Awakkuna est spécialisé dans les arts traditionnels
tels que la céramique, la peinture à base de pigments naturels, les arts
textiles et les bijoux fantaisie faits main à partir de graines et de mullos,
des éléments essentiels des tenues amazoniennes. Le Groupe gastronomique
Mikusha Kawsari valorise l’importance du système agroécologique de la chakra,
en mettant en lumière son rôle dans la production de nourriture et de médecine
naturelle, tout en apportant une touche gastronomique aux plats amazoniens
traditionnels.
Équateur : Géoparc
mondial UNESCO du volcan Tungurahua
Situé dans les Andes
équatoriennes, le Géoparc mondial UNESCO du volcan Tungurahua a une histoire
géologique s’étendant sur plus de 417 millions d’années, façonnée au gré des
éruptions volcaniques et de l’activité glacière. Le paysage se compose de canyons
profonds, de rivières cristallines, de chutes d’eau glacées et d’immenses
parois rocheuses. Au centre se dresse le volcan Tungurahua, un site actif pour
les études volcanologiques. Sous la surface, le magma chauffe les eaux
souterraines, créant ainsi des sources thermales riches en minéraux, réputées
depuis longtemps pour leurs vertus thérapeutiques. L’histoire sismique du
géoparc esttout aussi riche : des tremblements de terre importants survenus en
1797 et en 1949 ont dévasté des villes
comme Guano, Pelileo et Patate. La ville de Baños de Agua Santa, située au pied
du Tungurahua, a subi des éruptions de 1999 à 2016 et a été reconnue comme un
modèle de résilience face aux phénomènes volcaniques. À l’heure actuelle, la
ville jouit d’activités économiques diversifiées, dont un secteur du tourisme
d’aventure bien développé.
Le géoparc couvre cinq
municipalités – Baños, Patate, Pelileo, Guano et Penipe – et les préfectures de
Tungurahua et Chimborazo. La richesse culturelle de la région se retrouve dans
les traditions des peuples autochtones des Salasacas et des Puruhás, qui ont
préservé leur identité à travers leurs vêtements, leur musique, leurs danses
uniques et à travers une tradition orale ancestrale. Le lien entre la géologie
et la culture s’exprime dans les initiatives de développement durable
innovantes. La GeoAmigo Cafeteria
« Casa del Volcán », détenue par la résidente
locale Indira Medina, en est un exemple remarquable.. Ce café, qui met à
l’honneur la cuisine et l’identité locale, autour du du volcan Tungurahua, se
fournit auprès des fermiers de la région et propose des plats ancestraux. Le
complexe touristique Las Caras , où les visiteurs peuvent découvrir des racines
d’arbres pétrifiés et des visages gravés par le peuple ancestral des
Killuyakus, constitue un autre exemple notable. Découvert à la suite d’une activité
volcanique en 2006, ce site, géré par des résidents locaux, propose désormais
des visites éducatives, des promenades à cheval et des traitements à base de
boue minérale volcanique, l’ensemble.
Espagne : Géoparc
mondial UNESCO de la Costa Quebrada
Le Géoparc mondial
UNESCO de la Costa Quebrada, situé le long de la côte cantabrique accidentée
dans le nord de l’Espagne, offre un cadre exceptionnel pourexplorer les forces
de la nature qui ont façonné le paysage terrestre. Pendant 120 millions d’années, des mouvements tectoniques
ont entraîné l’élévation des montagnes depuis les fonds marins, formant des
hauts plateaux qui ont été sculptés par le vent et l’eau pour former le
littoral que nous connaissons aujourd’hui. L’histoire géologique de la région est
formée d’anciennes couches de roches sédimentaires qui ont été déposées dans
d’anciens deltas fluviaux et marins. Actuellement, les visiteurs peuvent
marcher le long des falaises maritimes exposées et des plages de sable qui
racontent l’histoire d’un littoral en constante évolution.
Le géoparc détient un
patrimoine culturel dynamique, où les initiatives menées par la communauté
célèbrent les traditions et l’histoire de la région. Susana Pacheco, qui y a
vécu toute sa vie durant, dirige un projet qui initie les visiteurs à l’art de
la maçonnerie de mur en pierres sèches, localement appelés
« morios ». Lors de
ses visites guidées, les visiteurs explorent les sentiers ruraux à travers
d’anciens vignobles, découvrant ainsi les caractéristiques géologiques du
paysage, la biodiversité et l’évolution de l’utilisation des terres. « Ce
paysage rural unique et singulier, avec sa structure fabuleuse, a été affecté
par la puissante mer Cantabrique, créant des falaises accidentées et un passé
agricole riche »
explique-t-elle. La vinification est une tradition régionale
vieille de plusieurs siècles. Une initiative de recherche actuelle entre les
vignerons locaux vise à identifier et faire revivre les variétés de raisins
natives qui occupent depuis longtemps une place centrale dans l’histoire sociale
et agricole de la région, contribuant ainsi à préserver les saveurs distinctes
et le patrimoine des vins de la région.
Indonésie : Géoparc
mondial UNESCO de Kebumen
Le Géoparc mondial
UNESCO de Kebumen, qui abrite les plus vieilles formations rocheuses de l’Île
de Java, constitue remarquable témoignage du passé géologique de la Terre. Le
site de Karangsambung, qui en est l’un des éléments phares , ce laboratoire
naturel de roches océaniques et de marge continentale remonte à 10 millions
d’années. Ces roches illustrent la théorie de la tectonique des plaques,
montrant comment un ancien plancher océanique a été propulsé vers la surface.
La région dévoile des fossiles d’anciens écosystèmes marins et préhistoriques,
ainsi que des grottes fascinantes et des rivières sous-terraines.
Le géoparc joue un rôle
crucial dans la préservation environnementale et la sensibilisation, ainsi que
le développement durable. Parmi ces initiatives figurent les centres de
conservation des tortues à Jogosimo, Tambak Mulyo et la plage de Lembu Purwo, où
les œufs, autrefois menacés par les chasseurs d’œufs, sont déplacés pour
sécuriser des endroits en vue de l’éclosion. La feuille de pandanus joue un
rôle central dans le patrimoine culturel de la région : le tissage en pandanus,
une pratique transmise de génération en génération, continue d’être une
activité économique importante. Dans le village de Wonorejo, le programme de
géoparc Jiemat apprend cette sagesse locale aux élèves, en leur apprenant à
traiter et tisser le pandanus en divers objets tels que des sacs et des
sandales, garantissant ainsi qu’ils restent un élément essentiel de l’identité
de la communauté. L’innovant Forum pour la jeunesse de Kebumen soutient les
artisans qui travaillent avec la feuille de Pandanus dans le village de
Grenggeng, par le biais de formation en marketing numérique, connectant
l’artisanat traditionnel à un public moderne. La richesse culturelle du Géoparc
mondial UNESCO de Kebumen est profondément ancrée dans les traditions,
l’artisanat et la cuisine javanaises, qui reflètent l’identité locale
distinctive de la région. Le lien entre la géologie et la culture est clair
dans les pratiques spirituelles, les modèles d’établissement et les méthodes
agricoles. Du mégalithique jusqu’aux époques hindou-bouddhique et islamique, des
facteurs géologiques tels que la présence d’eaux souterraines et la proximité
des rivières ont considérablement façonné le développement culturel dans la
région.
Indonésie : Géoparc
mondial UNESCO Meratus
Le Géoparc mondial
UNESCO Meratus constitue un modèle géologique fascinant d’une évolution
tectonique complexe datant de la période jurassique, il y a entre 201 et 145
millions d’années. Le géoparc compte la plus ancienne série ophiolitique
d’Indonésie, et une quantité considérable de diamants. Cette histoire
géologique dynamique a façonné le paysage et favorisé la riche biodiversité,
dont plusieurs variétés d’orchidées parmi lesquelles les orchidées de la lune
et les orchidées canne à sucre. Le singe à long nez (bekantan), autrefois
menacé, est désormais la mascotte de la province du Kalimantan du Sud. Le
géoparc a joué un rôle de premier plan dans la restauration des écosystèmes de
mangrove, essentiels à la survie des espèces de bekantan, ce qui a mené à une
recrudescence graduelle de leur population.
Ce géoparc compte deux
principaux groupes autochtones, les tribus des Banjars et des Dayaks, qui
continuent de pratiquer leurs traditions uniques. Le commerce sur le marché
flottant de Lok Baintan a lieu sur de petits bateaux appelés Jukung, et la
tribu Dayak Meratus utilise du bambou pour le transport à l’aide d’une méthode
appelée le « Balanting Paring ». Le tissu sasirangan est une pièce centrale de
l’identité culturelle de la tribu Banjar, remontant à 1335. Chaque motif et
chaque couleur comportent une valeur culturelle profonde. Le géoparc compte un
éventail de festivals et d’événements culturels, dont le Meratus Great Culture
Carnival, le Meratus Geopark Run et les festivals de marchés flottants. Ces
célébrations constituent une présentation vivante du riche patrimoine de la
région.
Italie : Géoparc
mondial UNESCO MurGEopark
Situé sur le haut
plateau des Murge, en Italie, le MurGEopark offre un aperçu remarquable du
passé géologique de la Terre. La région préserve une portion rare et stable de
la plaque adriatique, une ancienne plaque continentale située entre l’Afrique
et l’Europe, façonnée des millions d’années durant par les forces tectoniques.
Le paysage se caractérise par des dolines, des grottes et des « lames », de
larges sillons formés par l’érosion hydrique. Deux découvertes paléontologiques
exceptionnelles incluent un squelette néanderthalien préservé recouvert de
spéléothèmes – des dépôts minéraux formés dans des grottes au fil des
millénaires – et l’un des plus grands sites de traces de dinosaures au monde,
qui compte environ 25 000 empreintes.
La richesse géologique
naturelle de la région est liée au patrimoine culturel de cette dernière. Les
enclos à mouton traditionnels en pierre , appelés jazzi, les murs en pierres
sèches, les anciennes fermes et les tratturi (routes de transhumance) illustrent
le lien profond entre la terre et ses habitants. « Sur ces terres, les
personnes ont un mode de vie unique, façonné par une relation étroite entre le
sauvage et le rural » confie un résident. Le MurGEopark encourage le
développement durable et la fierté locale grâce à des initiatives visant à
améliorer le patrimoine géologique, naturel et culturel de la région. À cet
égard, l’initiative, le « Panier des Murge », soutient les coopératives de
producteurs de grande qualité, des produits écologiquement durables qui
racontent l’histoire du territoire, alliant ses saveurs uniques et sa géologie.
Parmi ces produits se retrouvent notamment les olives coratina, la burrata, le
fromage pecorino et les champignons cardoncelli.
Autrefois confrontée à
un déclin démographique, la création du MurGEopark à permis aux communautés
locales de retrouver fierté et optimisme. Les résidents ont désormais un
sentiment identitaire plus fort, façonné par leur lien avec l’histoire
géologique de la plaque adriatique – un « continent presque perdu ». Ce lien
entre le passé et l’avenir est considéré non seulement en termes scientifiques,
mais aussi comme une source de force culturelle et régionale.
Norvège : Géoparc
mondial UNESCO de la côte des Fjords
Au point le plus
occidental de la Norvège, où le majestueux Sognefjord rencontre la mer du Nord,
le Géoparc mondial UNESCO de la côte des Fjords offre un paysage hors du commun
où se côtoient des îles, des fjords, des cascades et le glacier le plus méridional
de Scandinavie. Abritant l’ancienne chaîne de montagnes calédonienne formée il
y a entre 425 et 395 millions d’années, ce géoparc compte des éléments
géologiques exceptionnels, dont des vestiges de croûte océanique et de
complexes volcaniques. Peu d’endroits au monde offrent une telle occasion
d’étudier, dans une zone aussi restreinte, la croissance et le déclin d’une
chaîne de montagnes gigantesque. Dans l’histoire géologique plus récente, des
millions d’années durant, les époques glaciaires ont graduellement façonné le
paysage, la plus récente ayant pris fin il y a environ 10 000 ans.
L’histoire géologique
de la région, combinée à ses abondantes ressources naturelles, a ouvert la voie
aux premiers établissements humains le long de la côte, car les peuples étaient
attirés par les richesses halieutiques à une époque où les glaciers couvraient
l’intérieur des terres. Ces populations ont rapidement mis en place des
pratiques durables pour gérer les landes côtières uniques. À l’heure actuelle,
le géoparc fait revivre la tradition vieille de 5 000 ans du pâturage du vieux
mouton norvégien et de la combustion contrôlée des landes, grâce à une
initiative menée par des volontaires qui rassemble les résidents de tout âge et
de tout horizon. Le pâturage de la race du vieux mouton norvégien joue un rôle
essentiel dans la conservation des landes, car il empêche l’expansion
d’arbustes plus grands et permet l’épanouissement d’espèces rares, comme des
oiseaux et des insectes. Alliant la tradition à l’innovation, la jeune
génération de gardiens de troupeaux intègre la technologie des clôtures
contrôlées par GPS pour guider les moutons, ce qui améliore la gestion des
terres tout en conservant les anciennes méthodes de pâturage.
République de Corée :
Géoparc mondial UNESCO de Danyang
Situé au cœur de la
péninsule coréenne, le Géoparc mondial UNESCO de Danyang est situé près de la
chaîne de montagnes Baekdu-Daegan et présente une diversité géologique
remarquable. Le paysage présente des plis et des chevauchements dans un gneiss
granitique vieux de 1,9 milliard d’années, ainsi que des couches de calcaire,
de quartzite et de grès, qui retracent les moments cruciaux de l’évolution
tectonique de la région. Danyang est réputée pour ses reliques culturelles
préhistoriques, qui en font un site de référence pour les recherches sur l’âge
de pierre. Le géoparc compte plus de 200 grottes calcaires, dont bon nombre
étaient auparavant habitées. Les nombreuses découvertes archéologiques
survenues au sein du géoparc contribuent de manière significative à notre
compréhension des prémices de l’histoire humaine en Asie de l’Est. Le Musée
Guinsa à Danyang expose des manuscrits bouddhistes anciens, ce qui illustre la
riche histoire spirituelle de la région et le lien entre la culture coréenne
ancienne et moderne.
Les sites géologiques
de la région attirent actuellement les visiteurs grâce à des activités telles
que la randonnée, le tourisme et le parapente. Doté de la plus grande
infrastructure de parapente de la République de Corée, ce site offre des vues
spectaculaires de la topographie du géoparc. Des croisières sur la rivière
Namhan sont également proposées pour découvrir le paysage ou s’imprégner des
vues panoramiques depuis le pont d’observation touristique de Mancheonha. La
région est également connue pour sa variété typique d’ail, cultivée sur des
terrasses de calcaire, qui est devenue un souvenir populaire du géoparc. Le
géoparc se distingue par son engagement en faveur de l’éducation, et dispose
d’un programme annuel qui encourage les étudiants à participer aux activités de
conservation, notamment par les actions de dépollution de l’environnement à
proximité des principaux sites géologiques.
République de Corée :
Géoparc mondial UNESCO de Gyeongbuk Donghaean
Le Géoparc mondial
UNESCO de Gyeongbuk Donghaean, situé sur la côte sud-est de Gyeongsangbuk-do,
regorge de merveilles géologiques, dont la spectaculaire vallée de Deokgu,
remarquable pour ses roches granitiques et ses sources chaudes anciennes. La
grotte calcaire de Seongryugul s’étend sur 870 mètres et est ornée de
stalagmites, qui conservent des données précieuses sur les niveaux des mers
anciennes et sur les anciens environnements marins. Parmi les sites les plus
appréciés et les plus promus du géoparc figure l’ensemble de colonnes de
Yangnam. Ces formations rocheuses remarquables sont l’œuvre de la lave qui en
refroidissant s’est contractée. Le site se compose de modèles radiaux rares en
forme d’éventail, situés horizontalement sur le sol. Ils sont devenus un
symbole de fierté locale pour le géoparc. Lee Chang-woon, un boulanger de
Gyeongju, a créé le « pain de l’ensemble de colonnes de Yangnam », fabriqué à
base d’ingrédients locaux, qui établit un lien entre le patrimoine géologique
de la région et la communauté.
Cette région renferme
également des richesses du patrimoine culturel. Gyeongju, l’ancienne capitale
du royaume de Silla, abrite la grotte de Seokguram et le temple Bulguksa, un
site du patrimoine mondial de l’UNESCO. La grotte abrite une statue monumentale
de Bouddha regardant la mer, sculptée dans du granit blanc, considérée comme un
chef-d’œuvre de l’art bouddhiste. Le géoparc propose une large gamme
d’activités d’éco-tourisme, allant de la randonnée aux visites touristiques, en
passant par des journées de « plogging », lors desquelles les participants
ramassent les déchets tout en s’instruisant sur l’environnement. Dans le cadre
d’une initiative récente, les élèves d’une école élémentaire sont devenus des «
GeoRangers » le temps d’une journée, et ont exploré la côte est du géoparc tout
en menant des missions pratiques qui leur ont enseigné l’importance de
préserver le patrimoine naturel et de protéger de l’environnement.
République populaire
démocratique de Corée : Géoparc mondial UNESCO du Mont Paektu
Le Géoparc mondial
UNESCO du Mont Paektu se caractérise par son géopatrimoine fascinant, riche de
paysages spectaculaires façonnés par les éruptions volcaniques et l’érosion
glaciaire. Il s’agit du tout premier géoparc mondial UNESCO désigné dans le
pays. Le mont Paektu se trouve au cœur du géoparc et constitue un site
privilégié pour comprendre l’activité volcanique. Il fut le théâtre de l’une
des plus grandes éruptions jamais enregistrée – l’éruption du millénaire
survenue vers l’an 1000 de notre ère – qui a projeté des cendres volcaniques
jusqu’au Japon et créé des éléments géologiques extraordinaires, notamment le
lac Chon, un saisissant lac de cratère situé à 2 190 mètres au-dessus du niveau
de la mer. Les conséquences de cette éruption restent nettement gravées dans le
paysage. Les sources chaudes, les arbres carbonisés et les conduits magmatiques
de la laccolite du pic du Janggun offrent un rare aperçu des différentes étapes
des éruptions volcaniques. Aujourd’hui, les géophysiciens continuent de surveiller
la zone volcanique du mont Paektu, car l’étude des chambres magmatiques et des
émissions gazeuses laisse entrevoir un regain de son activité.
Depuis des siècles, le
mont Paektu est célébré comme une montagne ancestrale, un symbole de dignité
doté d’une profonde valeur spirituelle et culturelle. Cette vénération
séculaire a laissé son empreinte sur des poèmes et des récits de voyage,
notamment des œuvres telles que Pounjib (1533), Chongguyongon (1727) et
Kwangokjib (1895).
De nos jours, les
habitants de la région préservent et partagent activement cet héritage
culturel.
La région est également le berceau de traditions vivaces telles que
le chant populaire « Arirang » et les plats à base de fécule de pomme de terre,
qui reflètent l’adaptation de la population au climat froid et montagnard de la
région, où la température moyenne annuelle avoisine -0,6 °C et peut descendre
jusqu’à -19,8 °C en janvier.
Royaume-Uni de
Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord : Géoparc mondial UNESCO d’Arran
Le Géoparc mondial
UNESCO d’Arran, situé sur la côte sud-ouest de l’Écosse, englobe des zones
terrestres et marines qui retracent 600 millions d’années d’histoire de la
Terre. Le paysage remarquable de cette île conte l’histoire de collisions des
plaques tectoniques, du changement de continents de l’hémisphère sud, de
l’ouverture de l’océan Atlantique et de la sculpture des montagnes alpines par
les glaciers. C’est un endroit où les forces anciennes sont encore visibles
dans les falaises spectaculaires, les plages délicates et les paysages
accidentés. Les écosystèmes de l’île soutiennent des espèces, comme le sorbier
d’Arran, l’une des espèces d’arbres les plus rares et les plus menacées du
monde, qui existe sur l’île depuis la disparition du dernier glacier. Plus de
156 espèces d’oiseaux et 1 000 de plantes y évoluent, ce qui fait d’Arran un
paradis pour les amateurs de nature.
Les habitants d’Arran,
appelés les Arranachs, sont profondément connectés à leur terre et à ses
traditions. Chaque village de l’île possède sa propre identité, mais tous
partagent un fort esprit communautaire. Cette connexion à la terre se manifeste
particulièrement dans les actions climatiques de l’île. Plus de 260 hectares de
tourbières situés en altitude ont été restaurés, ce qui constitue un effort
crucial pour lutter contre le dérèglement climatique. Les tourbières engrangent
plus de carbone que les zones arborées et jouent un rôle essentiel dans la
régulation des inondations, la qualité de l’eau et le soutien à la
biodiversité. Arran abrite également un patrimoine immatériel riche. À cet
égard, les résidents locaux œuvrent à faire revivre la langue gaélique, qui n’y
était plus parlée. Des panneaux bilingues sont disponibles aux endroits
principaux et arborent l’alphabet gaélique à côté de la flore locale. Les
traditions culturelles de l’île sont célébrées à travers des événements tels
que le Arran Farmers Show, créé en 1830, les Brodick Highland Games et le Arran
Folk Festival.
Viet Nam : Géoparc
mondial UNESCO de Lang Son
Niché au cœur des
sommets calcaires du nord du Viet Nam, le Géoparc mondial UNESCO de Lang Son
conte le récit spectaculaire de mers en mutation, d’éruptions volcaniques et
d’écosystèmes en évolution. Ce géoparc constitue une archive naturelle, qui
préserve des preuves de l’évolution de la vie au fil des époques. Ses plus
anciennes roches révèlent les traces d’un ancien fond marin, qui abritait
auparavant des trilobites, des créatures marines ressemblant à de grands
cloportes, et des graptolites, d’anciens animaux marins qui vivaient en
colonies. En reculant, la mer a laissé derrière elle des couches de schiste, de
grès et de calcaire, et les paysages volcaniques ont émergé. Le bassin de Na
Duong est l’un des sites géologiques remarquables du géoparc. Cette dépression
naturelle offre une vue rare sur ce qu’était l’environnement d’Asie du Sud-Est
il y a entre 40 et 20 millions d’années. Les fossiles qui y ont été découverts
dévoilent un écosystème tropical luxuriant, riche en plantes et en animaux, et
apportent des informations clés sur la façon dont les mammifères se déplaçaient
d’un continent à l’autre. La géologie spécifique de la région a également
influencé l’agriculture locale, avec des sols riches en minéraux adaptés pour
des cultures telles que l’attier et la badiane. Le massif calcaire de Bac Son,
une chaîne de montagnes spectaculaire formée d’anciens dépôts de fonds marins,
révèlent les traces de quelques-uns des premiers établissements humains du Viet
Nam, avec des outils en pierre, des artefacts en céramique et des sites
d’inhumation, qui aident à se représenter la vie préhistorique.
Divers groupes ethniques vivent au sein du géoparc, dont les Kinhs, les Nungs, les Tays et les Daos, qui continuent de pratiquer des langues, des artisanats et des traditions uniques. Au cœur de la vie spirituelle de la région figure le Đạo Mẫu, le culte des déesses-mères, qui mélange musique, danse et narration pour vénérer des divinités considérées comme gouvernantes des royaumes du ciel, de la terre, des montagnes, des forêts et de l’eau. Les riches traditions culturelles de Lang Son se retrouvent encore aujourd’hui, dans des festivals dynamiques, des tenues traditionnelles complexes et des arts folkloriques comme le chant Then, décrit comme un rythme féérique, et le Dàn Tính, un luth fabriqué à partir d’une calebasse. Le culte des déesses-mères et le chant Then sont tous deux inscrits sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Ces pratiques culturelles, transmises de génération en génération, restent au cœur de l’identité des communautés locales.