Par Chloé Ridel,
Députée Européenne
En se retirant de
l’aide mondiale au développement, les États-Unis, qui fournissaient 40% du
financement pour la planification familiale dans 31 pays, ont coupé l'accès à
la contraception pour près de
50 millions de femmes sur la planète. En Afrique
du Sud, la suspension de ces financements pourrait entraîner 500 000 décès
supplémentaires sur les 10 prochaines années, en majorité des femmes.
Les exemples sont
malheureusement nombreux. Sous la pression de mouvements conservateurs et
masculinistes, les droits des femmes reculent.
Ces mouvements sont
organisés et financés depuis de nombreuses années. Entre 2019 et 2023, rien
qu’en Europe, ce sont plus d’un milliard d’euros leurs ont été versés au
service d’une idéologie contre l’avortement et contre les droits des femmes.
En face, que
faisons-nous pour soutenir les organisations progressistes qui luttent, elles,
pour l’émancipation des femmes ?
Moins de 1% du
financement européen pour le développement dédié à l’égalité parvient aux
organisations de femmes sur le terrain, alors que ce sont elles qui font la
différence. Ce sont elles qui les accompagnent dans la maternité et dans
l’accès au marché du travail.
La recherche
internationale l’a prouvé : les sociétés les plus avancées en matière d’égalité
de genre sont aussi les plus stables, les plus prospères et les plus
démocratiques.
Selon le Forum
économique mondial, les pays qui suivent une “stratégie solide en matière
d'égalité des sexes“ obtiennent de meilleurs résultats économiques. Selon les
conclusions d’une étude internationale sur les accords de paix signés entre
1990 et 2014, lorsque les femmes sont en mesure d'exercer une influence sur les
négociations, la paix est à la fois plus rapide à obtenir et plus durable.
Dans un monde où les
dépenses militaires explosent et où la menace de la guerre ressurgit, nous
devons prendre conscience que notre sécurité ne dépendra pas uniquement de la
dissuasion militaire.
Il faut aussi miser sur
l’émancipation des femmes et des filles. L’égalité n’est pas simplement une
question de justice : c’est une politique de sécurité.
Crier notre soutien aux
femmes opprimées à travers le monde, en Iran ou en Afghanistan, ne suffit pas.
L’Union européenne s’est engagée à promouvoir l’égalité de genre, il faut
maintenant passer des discours aux actes, et déployer des moyens concrets de soutien
à celles et ceux qui luttent chaque jour sur le terrain pour les droits des
femmes.
C’est notre objectif.
Cette semaine, nous avons rassemblé au Parlement européen 30 organisations de
la société civile, des membres des institutions européennes et des
gouvernements, pour appeler à la création d’un fonds européen de soutien aux
organisations féministes dans le futur budget européen.
Cet événement était un succès, les interventions passionnantes, la salle était comble. Le travail ne fait que commencer.