Alors que
vient de se clôturer le Sommet Nutrition for Growth (N4G) à Paris, Action
contre la Faim salue une mobilisation politique inédite en faveur de la lutte
contre la malnutrition, ainsi que les engagements forts des acteurs de la
Société Civile en appui à ce combat, mais regrette que cette dynamique ne se
soit pas traduite par des engagements financiers à la hauteur des défis.
Perrine Benoist,
Directrice Expertise Plaidoyer précise : « le Sommet N4G a permis de remettre
l’enjeu de la malnutrition en haut de l’agenda politique et c’était nécessaire
compte tenu du cataclysme pour les populations sur le terrain depuis les coupes
de financements américains. Avec l’arrêt des programmes d’Action contre la
Faim, ce sont près de 800 000 personnes, essentiellement des enfants de moins
de cinq ans, qui risquent de mourir dans les prochaines semaines. Ce sont les
premières victimes de l’administration Trump ».
Malgré l’urgence,
l’engagement d’Emmanuel Macron d’allouer 750 millions d’euros à la lutte contre
la sous-nutrition sur les cinq prochaines années est largement en deçà des
attentes de la société civile qui demandait à la France de montrer l’exemple,
en tant qu’Etat hôte du Sommet, en consacrant 1,5 milliard d’euros à la
nutrition d’ici 2030. Cette annonce financière au rabais s’inscrit dans un
contexte où l’aide publique au développement a été coupée d’un tiers dans le
Projet de Loi de Finances 2025.
Michael Siegel,
Directeur du Plaidoyer, ajoute : « L’engagement de 750 millions d’euros,
c’est moitié moins que ce que la société civile demandait. Et pourtant notre
demande de 1,5 milliards d’euros n’était pas irréaliste, elle permettait juste
de revenir au niveau de dépense de 2020, avant la crise de la Covid. C’est donc
une immense déception et cela témoigne d’un manque flagrant de volonté
politique pour sauver des vies ».
L’engagement de la
Commission Européenne d’allouer 3,4 milliards d’euros tente de compenser la
démobilisation, même s’il reste à clarifier la qualité et le caractère
additionnel de ces financements ainsi que l’objectif à atteindre pour évaluer
l’impact réel sur la malnutrition. Nous regrettons que la Commission Européenne
n’ait pas annoncé le renouvellement de son cadre politique sur la nutrition
au-delà de 2025, il n’y a donc aucune garantie que la lutte contre la
malnutrition demeure une priorité dans le prochain cadre financier pluriannuel
de l’Union Européenne après 2027.
Si le Sommet N4G de
Paris a permis de mobiliser 28 milliards d’euros, provenant notamment de
nombreux acteurs privés, Action contre la Faim appelle ces acteurs à faire
preuve de transparence pour permettre à la société civile internationale
d’analyser la qualité de ces financements. Action contre la Faim alerte aussi
par ailleurs que le secteur privé, s’il peut appuyer la mobilisation globale
contre la mlanutrition, ne doit pas être instrumentalisé par les états pour
justifier de leur désengagement dans une telle période de possible bascule.
Michael Siegel conclut : « Nous n’abandonnerons pas, nous le devons aux personnes que nous soutenons sur le terrain. Le Gouvernement a annoncé que la faim sera à l’agenda du G7 en France l’année prochaine. C’est une occasion unique pour Emmanuel Macron de corriger le tir et prendre des mesures fortes en vue d’atteindre l’Objectif du Développement Durable n°2 d’éradication de la faim d’ici 2030 ».