Cette année encore, EnerJ-meeting Paris a démontré sa capacité à fédérer les acteurs de la filière du bâtiment, autour de l’urgence d’accélérer la transition verte.
La qualité et la pertinence des 170 orateurs
présents tout au long de la journée ont convaincu plus de 4 000 décideurs de se
retrouver le 11 février au Carrousel du Louvre pour se nourrir des débats et
des avancées en matière de sobriété, transition environnementale, performance
énergétique, mais aussi d’adaptation et de résilience du bâtiment.
Parmi les grandes
thématiques évoquées, nous observons des pistes et enjeux que les donneurs
d’ordre du bâtiment s’entendent à devoir explorer :
• La prise de conscience des risques des
chaleurs extrêmes et le rôle des collectivités.
• La structuration de filières locales pour le
hors-site et l’identification des acteurs par les décideurs d’ordre.
• La propriété intellectuelle des architectes
et l’usage raisonné de l’IA.
1. Les moyens à mettre
en œuvre pour massifier les rénovations adaptées aux 50°C extérieur
L’augmentation des
phénomènes climatiques extrêmes enjoint à la société, dans son ensemble, de
réunir dès à présent les conditions optimales pour massifier l’adaptation des
bâtiments à des chaleurs qui atteindront bientôt 50°C.
Certains dispositifs
tels que les brasseurs d’air ou les protections solaires font une timide percée
dans nos aménagements, mais la prise de conscience des particuliers, des
pouvoirs publics, des constructeurs et des bailleurs ne semble pas encore
pleine et entière. Pourtant c’est bel et bien le bâti construit ou rénové
aujourd’hui qui devra supporter ces chaleurs extrêmes dans 20 ans.
« En vertu de leur
patrimoine foncier, de leur écosystème local et de leur proximité avec les
ménages, les territoires ont un rôle central à jouer. La sensibilisation des
différents publics et l’importance accordée au confort d’été passeront
inévitablement par une territorialisation. La prise en main du sujet par les
collectivités conditionnera grandement notre réussite à tous », indique Philippe
Nunès, directeur d’EnerJ-meeting.
L’une des priorités
actuelles consiste donc à éclairer et outiller les collectivités afin qu’elles
puissent effectuer les diagnostics nécessaires de leurs bâtiments, expérimenter
des solutions et mesurer les résultats. Il est essentiel dans cette perspective
d’encourager l’innovation et de soutenir les offreurs de solutions (data,
techniques, architecturales…).
Toutefois, l’aide au
financement doit, elle aussi, s’adapter, car, compte tenu de l’ampleur de la
tâche, les financements publics tout autant que la trésorerie des ménages
devront être mobilisés. L’ANAH et l’ADEME commencent à introduire le confort
d’été dans leurs subventions, mais la Banque de la rénovation, dont l’idée est
régulièrement évoquée, pourrait être une solution appropriée.
2. La montée en
compétences nécessaire de la filière du bâtiment en matière de hors-site
Diminution de la durée
des chantiers, amélioration de la qualité d’exécution, réduction des nuisances,
intégration de matériaux biosourcés, intervention en milieu occupé… Le
hors-site a fait ses preuves dans la construction et la rénovation, pourtant la
filière peine à prendre son envol.
En cause, en premier
lieu, un problème de « sourcing ». Les donneurs d’ordre éprouvent encore de
grandes difficultés à identifier les acteurs du hors-site qui peuvent
intervenir dans leur projet ou sur leur territoire. D’ailleurs, pour s’inscrire
dans l’économie locale et ainsi être en mesure de répondre aux besoins de
chaque territoire, il est nécessaire de structurer des filières locales
d’approvisionnement en matériaux et de déployer davantage d’usines de
fabrication.
Par ailleurs, parce que
le principe même du hors-site repose sur un mode de fabrication (industriel
suivi d’un assemblage rapide mais millimétré sur les chantiers)
fondamentalement différent des process de construction dits « classiques », il
suppose une véritable dynamique d’intelligence collective : échanges avec les
architectes, diagnostics plus poussés des matériaux et des lieux, planification
rigoureuse des différentes étapes… Afin d’optimiser cette collaboration de
l’ensemble des parties prenantes et d’intensifier le champ d’action du
hors-site, l’association filière hors-site France réfléchit entre autres à une
boîte à outils destinée aux donneurs d’ordre.
« Le hors-site se
trouve à un point de bascule. La filière est structurée et elle a démontré sa
compétence pour générer des chantiers plus sobres, plus courts et sources de
moins de nuisances pour le voisinage. Des atouts incontestables pour les
promoteurs et pour les élus ! La prochaine étape réside donc dans une montée en
compétences du secteur ainsi que des acteurs publics pour une collaboration
plus efficace et un renforcement du maillage territorial », ajoute Philippe
Nunès.
3. Se familiariser avec
l’IA frugal et répondre aux questions de propriété intellectuelle
Bien avant les
premières applications, et encore aujourd’hui, alors que nous n’en sommes
qu’aux balbutiements, l’IA fascine. Elle fait tout autant peur que rêver. Et
les acteurs du bâtiment n’y échappent pas.
Nombre d’entre eux ont la conviction qu’elle renferme un potentiel colossal pour consommer moins d’énergie carbone, plus d’énergies vertes, mieux projeter, mieux respirer...
Toutefois, compte tenu de la consommation astronomique d’énergie de l’IA, qui
va naturellement à l’encontre de la trajectoire de sobriété amorcée par les
acteurs du bâtiment, l’usage d’une IA frugale émerge doucement. Ce concept
récent repose sur le développement d’une intelligence artificielle qui émet
entre autres moins de gaz à effet de serre sans pour autant réduire ses
performances. Cette notion s’inscrit d’ailleurs en droite ligne avec une
réflexion émergeante visant à un usage raisonné et raisonnable de l’IA :
utiliser le bon outil pour le bon usage. Car, s’il est séduisant de recourir à
l’IA, il est tout de même indispensable, pour la viabilité économique d’un
projet ou son coût environnemental, d’évaluer en amont chaque situation, et de
ne l’utiliser que s’il y a un réel intérêt, sans céder à l’emballement
technologique.
Parmi les métiers du
bâtiment qui se sont emparés de l’IA pour les calculs ou les visuels par
exemple, on trouve les architectes.
Car, par sa capacité de créer sur la base
d’une agrégation phénoménale de données éparpillées dans le monde entier, l’IA
a démontré sa pertinence dans le travail du bâtiment, notamment pour la
visualisation et l’agencement. Mais de nombreuses
questions se posent :
• un projet réalisé par IA est-il une œuvre ?
• un projet conçu par un architecte via l’IA est-il considéré comme une création de l’architecte ou de l’IA
• qui détient les droits et donc percevra les
royalties ?
« Il est très excitant
d’étudier le potentiel de l’IA dans le bâtiment, et de réfléchir à ce qu’elle
peut et pourra apporter dans le futur pour un mode de construction plus
vertueux. Mais il est fondamental que nous nous penchions aussi sur l’impact
qu’elle va avoir sur les métiers du bâtiment », complète Philippe
Nunès.
De nombreuses autres
thématiques ont été approfondies à EnerJ-meeting Paris (nouveaux seuils de la
RE2020, réemploi, gestion de l’eau, GTB…).
EnerJ-meeting vous
donne rendez-vous :
- le 9 septembre 2025,
à la Cité des Congrès de Nantes, pour sa prochaine édition
- le 10 février 2026,
au Carrousel du Louvre, pour la 10ème édition à Paris
- le 15 septembre 2026, au Palais de la Bourse, à Lyon.