Une experte du financement des rénovations énergétiques performantes des logements et un réseau de coopératives citoyennes, finalistes du Prix européen de l'énergie durable 2024.
Deux champions français de l'énergie durable ont été désignés comme finalistes du Prix européens de l'énergie durable 2024, qui récompense des acteurs et des projets exceptionnels pour leur contribution à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables. Ces prix sont décernés chaque année depuis 2005 dans le cadre de la Semaine européenne de l'énergie durable, à Bruxelles.
1ère finaliste / Catégorie « Femme dans l'énergie »
Françoise Réfabert, a été présélectionnée dans la catégorie « Femme dans l'énergie », pour sa vision innovante du financement accessible de la rénovation énergétique des logements.
En 2010, après une carrière de 25 ans dans le secteur bancaire, en particulier dans le financement de projets énergétiques : « Je voulais développer une nouvelle offre de financement des travaux d'efficacité énergétique assortie d’une garantie de performance. Cependant, j’ai constaté que cette tentative était impossible à réussir de l'intérieur », se souvient-elle.
Elle s’est donc tournée vers des régions et collectivités locales françaises, intéressées par ce projet, cohérent avec leurs objectifs énergie-climat, pour développer des opérateurs-ensembliers de rénovation : les sociétés de tiers-financement, qui ont la capacité de proposer des prêts à leurs clients – ce qui rend les rénovations performantes accessibles en particulier à ceux qui n'ont pas accès au crédit à long terme bancaire. En 2022, ces sociétés de tiers-financement se sont regroupées pour créer l'association SERAFIN : Services territoriaux : Accompagnement et Financement qui est devenue un acteur majeur de la rénovation performante de l'habitat privé en France.
« Les SERAFIN facilitent l’accès des ménages aux ressources modestes aux éco-prêts à taux zéro. Les SERAFIN paient directement les entreprises et ne demandent pas d'avance. Les ménages ne commencent à rembourser qu'une fois les travaux terminés », explique Françoise.Réfabert.
Depuis la création de la première société de tiers-financement en Picardie en 2013, Françoise a mobilisé plusieurs programmes d’assistance technique européens : en particulier le programme Horizon 2020 qui a permis de doter le projet ORFEE de 2 millions d'euros pour structurer le centre de ressources du réseau SERAFIN. Les SERAFIN ont aussi bénéficié du soutien de la Banque européenne d'investissement : via l’assistance technique ELENA et une ligne de financement de long terme . En 2023, les membres du Réseau SERAFIN ont rénové plus de plus de 6 000 logements, ce qui représente un investissement de 175 millions d'euros. Ces travaux ont permis une économie d'énergie de 7,2 MWh d'énergie primaire par an en moyenne par logement (soit une réduction de consommation de 46%). Le réseau SERAFIN devrait passer de 5 à 20 membres d'ici trois ans, pour couvrir 90% de la population française et atteindre 50 000 rénovations performantes par an.
2e finaliste / Catégorie « Action locale pour l'énergie »
L'Association des Centrales Villageoises, dans la catégorie Action locale pour l'énergie, basée à Villeurbanne (Rhône-Alpes), a été sélectionnée pour ses efforts visant à rassembler les citoyens, les collectivités et les entreprises locales pour développer des solutions locales en matière d'énergie renouvelable.
L'idée des Centrales Villageoises est apparue en 2010 dans l’ex région Rhône-Alpes pour proposer « un nouveau modèle de production d'énergie renouvelable qui implique les citoyens et les collectivités locales, génère des retombées économiques pour le territoire et s’intègre davantage au paysage », explique Juliette Rasse, chargée de développement de l'Association des Centrales Villageoises, ajoutant que le modèle a d’abord été mis en œuvre sur huit sites pilotes.
En 2018, l'Association des Centrales Villageoises (ACV) a été créée pour soutenir le réseau en pleine croissance. Elle a depuis évolué pour devenir un véritable « guichet unique » offrant une assistance technique, économique et juridique aux coopératives citoyennes menant des projets d'énergie renouvelable sur leurs territoires.
« Aujourd'hui, le modèle des Centrales Villageoises est mis en œuvre dans plus de 70 territoires à travers 8 régions - sur les 13 que compte la France - qui ont mis en service plus de 500 centrales photovoltaïques sur des toits privés et publics, générant ainsi plus de 11 MWc, équivalent à la consommation de 3 500 foyers », poursuit Juliette Rasse.
Elle cite l'exemple du village de Naves, une commune de 2 390 habitants en Corrèze, où les Centrales Villageoises locales ont installé plus de 250 panneaux photovoltaïques sur la salle polyvalente de la commune et, au lieu de vendre l'énergie produite au réseau, la partagent avec des consommateurs voisins, tels que l'école et le stade de la commune. Ainsi, dit-elle, « les consommateurs reçoivent de l'énergie verte et produite localement, ce qui permet aussi de réduire les factures d'énergie et de sensibiliser la population aux énergies renouvelables ».
L'association participe à deux projets financés par l'Union européenne, les projets :
- ECOEMPOWER et RECROSSES, respectivement intégrés aux programmes LIFE, et lnterreg-ALCOTRA, afin de partager son expertise dans l’accompagnement et le développement de communautés d’énergie renouvelable.