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[Lecture] " Changer de boussole. La croissance ne vaincra pas la pauvreté "

Olivier De Schutter* lance un avertissement : « Non, la croissance ne résoudra en rien la question des inégalités ni celle des multiples crises environnementales. Au contraire, elle ne fera que les aggraver. »

Chiffres à l'appui, via cet ouvrage préfacé par Dominique Méda**, Olivier De Schutter démontre l'urgence d'un changement de boussole pour bâtir collectivement la société post-croissance.

 

« En tant que moyen de lutter contre la pauvreté et les inégalités, la croissance économique a franchi le pic de son utilité : dans les pays riches, elle est devenue contre-productive.

Elle nous a conduit à franchir une série de limites planétaires : la Terre ne peut plus continuer à fournir des ressources à ce rythme, ni à absorber les déchets et la pollution causés par notre culture du jetable et notre désir infini de consommer. Mais la quête de croissance a aussi conduit à augmenter les inégalités et l’exclusion sociale. Au nom de cette quête, on a flexibilisé le marché du travail, et on a encouragé l'émergence d'un précariat mondial.

On a abaissé les obstacles aux échanges commerciaux et à l'investissement, ce qui a fragilisé les travailleurs et travailleuses les moins qualifiés et affaibli le pouvoir de négociation des syndicats. On a encouragé la marchandisation de pans entiers de l’existence, au risque d’augmenter encore la mise à l’écart de celles et ceux qui ont le moins.

Depuis quarante ans, la quête de croissance a ainsi créé de l'exclusion, et elle a conduit à une augmentation massive des inégalités. Il nous faut autre chose : il nous faut imaginer la prospérité sans croissance. C’est à cette condition qu’on pourra réconcilier la population, y compris les plus précarisés, avec la transformation écologique : faire en sorte que celle-ci soit vue comme une opportunité plutôt que comme un fardeau. »

* Professeur à l’UCLouvain et à Sciences Po, Olivier de Schutter est depuis 2020 le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains et l’extrême pauvreté. Engagé de longue date dans la lutte contre la pauvreté et dans la cause écologiste, il a été, entre 2008 et 2014, le Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation et il co-préside encore le Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food), qui promeut une réorientation des systèmes alimentaires vers l’agroécologie.
** Dominique Méda, haute-fonctionnaire française, également philosophe et sociologue, a écrit sur le thème du travail et des politiques sociales, des indicateurs de richesse et des femmes.

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