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[Question de Gestion] Les investisseurs devraient revoir leur allocation en 2023

Compte tenu de la dynamique des marchés, les dernières perspectives d’investissements de Goldman Sachs Asset Management soulignent la nécessité de nouvelles approches

Les conditions macroéconomiques évoluent, les taux d'intérêt et l'inflation augmentent, et les troubles géopolitiques rendent le monde moins stable. Ces éléments remettent de plus en plus rapidement en question les approches d'investissement traditionnelles. Il est donc devenu nécessaire que les investisseurs revoient leurs perspectives pour faire face aux risques et aux opportunités actuels, en perpétuelle évolution.

Tels étaient les messages principaux issus de la récente table ronde de Goldman Sachs Asset Management dans le cadre de ses perspectives d’investissement pour 2023. Cette table ronde était consacrée à la "reconstruction" nécessaire des portefeuilles compte tenu des "5D", c'est-à-dire des cinq grands thèmes qui provoquent de profonds changements sur les marchés mondiaux : Décarbonation, Démondialisation, Démographie, Déstabilisation et Digitalisation. 

« Nous avons (récemment) vécu un raz-de-marée en matière de politique monétaire et budgétaire, avec des injections massives de liquidités, un phénomène qui ne devrait probablement pas se reproduire », a déclaré Ashish Shah, Chief Investment Officer of Public Investments chez Goldman Sachs Asset Management. Les finances des consommateurs ont été plus renforcés que jamais au sortir du ralentissement lié à la pandémie de Covid-19. 
Si la réaction de la Fed à l'inflation, provoquée par ce raz-de-marée, a été lente initialement, elle a depuis changé de ton et est désormais devenue très agressive. La Fed est passée de zéro à 4% aujourd'hui, et près de 5% sont anticipés pour l'année prochaine, ce qui représente l’une des périodes de resserrement les plus agressives de l'histoire.
Cette situation s'est accompagnée d'un resserrement des conditions financières, qui pourrait conduire à une récession, mais cela reste cependant discutable, car la récession n'est pas encore tout à fait acquise, même si un ralentissement l'est certainement », a ajouté Ashish Shah. 

Il existe des opportunités d'investissement sur les marchés mouvementés, mais les investisseurs doivent adopter une approche active en matière d’allocation d’actifs

« La situation est très différente de celle d'il y a un an et la plus difficile connue depuis la crise financière mondiale, a déclaré Greg Olafson, Co-President of Direct Alternatives pour Goldman Sachs Asset Management. Nous pensons que cette situation persistera tout au long de l'année prochaine et qu'elle offrira de bonnes opportunités d’investissements parmi les solutions alternatives. L’environnement actuel joue en faveur des alternatifs grâce au contrôle et à l’influence offerts par l’investissement direct, par opposition à l'approche indirecte inhérente aux marchés cotés. L'adoption d'une approche plus directe permet une création de valeur et une gestion des risques proactives, ainsi que la négociation des conditions de transaction. »

« Les indices masquent une grande partie de la volatilité de certains actifs, a déclaré Maria Vassalou, Co-Chief Investment Officer of Multi-Asset Solutions pour Goldman Sachs Asset Management. Il existe des marges de manœuvre pour choisir les gagnants et shorter les perdants. Une inflation élevée, une croissance en baisse et des taux d'intérêt en hausse rendent l'investissement très compliqué. Une allocation classique 60/40 ne peut pas fonctionner.
Nous avons été un peu trop gâtés depuis le début des années 2000, car nous avons connu une longue période de hausse des actions et une volatilité relativement faible, qui a seulement été interrompue par la crise financière mondiale. Mais même à cette époque, les risques pour l'économie avaient augmenté et les banques centrales étaient intervenues pour assouplir les conditions financières. Cela a contribué à la performance du 60/40 car les obligations sont devenues des instruments de refuge et ont amorti les baisses des marchés actions.
Aujourd'hui, les corrélations sont positives entre les actions et les obligations, ce qui est toujours le cas lorsque l'on traverse un environnement de hausse des taux d'intérêt, d'inflation élevée et de baisse de la croissance. Nous devons repenser la construction des portefeuilles, car allouer de manière passive - comme au cours de ces dernières décennies - et profiter d'expositions au bêta croissant ne fonctionne pas nécessairement aujourd'hui, et ne devrait pas fonctionner à l'avenir », a-t-elle ajouté.

Les obligations font leur retour, mais la gestion active restera importante

Interrogé sur l'évolution du rôle des obligations dans les portefeuilles des investisseurs, Ashish Shah a déclaré : « Historiquement, les obligations ont joué quatre rôles : une source de liquidités, une source de revenus, un outil pour faire face aux engagements à long terme et un facteur de diversification. La hausse des taux et des spreads signifie que les obligations sont de retour.
La question est de savoir si les obligations sont toujours un bon élément de diversification, c'est la question du portefeuille 60/40 que tant de gens se posent. Elle reste l'une des allocations les plus courantes, notamment dans les portefeuilles retail.
2021 était l’année de la pire performance des portefeuilles 60/40 depuis longtemps, et a beaucoup déçue avec des rendements autour de 15%. Personne ne s'est plaint des corrélations élevées lorsque tout a augmenté, mais, sans surprise, lorsque tout a baissé, les portefeuilles 60/40 ont fait beaucoup de dégâts.
Le revenu d'un 60/40 peut être réinvesti dans l'actif le moins cher, obligations ou actions, c'est ce qui fait la force de ce type de portefeuille 60/40, qui restera très utilisé. Nous nous attendons donc à ce que le 60/40 fonctionne à nouveau, mais pas à revenir à un régime éternel d’assouplissement quantitatif digne des contes de fée. »

« Être passif ne fonctionne plus, a commenté Maria Vassalou.  Nous devons être plus dynamiques car le monde n'est pas stable. Nous retrouverons un équilibre en temps voulu, lorsque l'inflation aura baissé et que la politique de la Fed se sera stabilisée ou inversée, en raison d'un ralentissement plus profond ou d'une récession.
Quand les marchés sont très volatils, il y a beaucoup de perturbations, ce qui crée des opportunités pour la sélection des actions et des titres. C’est un avantage du côté actif, mais la sélection des titres doit se faire lorsque la volatilité diminue. En cas de pic de volatilité, comme cela a été le cas à plusieurs reprises cette année, il est beaucoup plus difficile de sélectionner des actions. Même lorsque nous identifions des titres appropriés, il est peu probable que cela porte ses fruits immédiatement. Ces opportunités sont mieux exploitées lorsque la volatilité s'atténue. »

En ce qui concerne les opportunités liées aux liquidités provenant des turbulences sur les marchés - telles que les mouvements rapides de la Fed - Ashish Shah a déclaré : « Tous les prix doivent être réévalués. Les cycles de resserrement peuvent être effrayants, mais ils créent parfois les meilleures opportunités de marché pour les investisseurs disciplinés et prêts à prendre des risques. »

 
L'investissement direct sur des actifs privés permet une création de valeur plus proactive

Greg Olafson a évoqué le défi particulier auquel sont confrontées les sociétés non cotées. « Avec la hausse des coûts de production, le ralentissement de la croissance et la baisse des valorisations, la clé du succès de l'investissement en private equity reposera sur la façon dont les investisseurs et les équipes de direction travailleront ensemble pour formuler des stratégies axées sur le retour aux fondamentaux. C'est-à-dire : comment les entreprises innovent, comment elles stimulent la productivité, comment elles tirent parti de leur efficacité opérationnelle.
Les valorisations des sociétés non cotées devraient commencer à refléter l’environnement économique dans son ensemble. Les alternatifs sont une partie du marché qui évolue lentement, mais comme le coût du capital a augmenté, il est certain que les valorisations vont s'ajuster. Nous commençons seulement à le constater, mais les investisseurs privés doivent faire preuve de patience et permettre aux entreprises solides de générer de la création de valeur. »

Parmi les stratégies alternatives, Greg Olafson estime que la dette privée et les infrastructures présentent le plus d’opportunités.

En ce qui concerne la dette privée, « c'est une période très intéressante dans ce monde complexe, a déclaré Greg Olafson. Les investisseurs sont bien rémunérés en tant que prêteurs de nos jours. Bien qu'incertain, cet environnement crée de grandes opportunités pour la gestion active du capital de dette privée, ainsi qu'une bien plus grande dispersion. 
Concernant les infrastructures, la transformation numérique ne s'arrête pas. C'est une grande opportunité.  Qu'il s'agisse de développer les capacités de fibre optique dans les centres de données (data centers) ou de l'application de la puissance de calcul au secteur des sciences de la vie, ces nouveaux besoins créeront d'énormes opportunités et une innovation continue. La sécurité énergétique et la transition énergétique, notamment le stockage sur batterie et les énergies renouvelables, seront également des domaines de grande innovation dans les années à venir. »


La diversification est la seule option

Maria Vassalou préconise de combiner investissements cotés et non cotés. « Il est important de choisir des composantes des marchés cotés et non cotés auxquelles les investisseurs peuvent accéder et qui maximisent les rendements attendus pour un niveau de risque donné. Les marchés cotés peuvent fournir de bons moyens de gérer les risques impliqués dans les marchés non cotés, à la fois en gérant les flux de trésorerie pour produire des rendements, et en fournissant des solutions pour aider à appréhender la liquidité et faire face aux épisodes de volatilité. »

Soulignant l'importance de la diversification dans la construction d'un portefeuille, Mme Vassalou a ajouté :
« Il est important d'avoir des actifs non corrélés. Comme nous venons de connaître les plus longues périodes de corrélations positives entre les actions et les obligations, les obligations n'ont pas été un bon facteur de diversification. Les investisseurs doivent chercher d'autres options de diversification, souvent parmi les alternatifs.
Pendant la longue période où les actions n'ont cessé de monter, les taux d'intérêt étaient nuls ou négatifs et la Fed fournissait d'amples liquidités au marché. La meilleure chose à faire était d'avoir une allocation bêta et de profiter des rendements élevés. Les hedge funds et autres alternatifs ont été mis à l’écart, mais l'environnement actuel plaide en leur faveur, qu’il s’agisse des hedge funds, du private equity, ou de diverses sous-catégories. 
Dans cet environnement très difficile, il y a aussi des lueurs d'espoir et beaucoup d'opportunités. Pour rester fidèles à nos convictions et récolter les résultats de ces investissements, nous devons vraiment nous concentrer sur la gestion des risques. Ce sera la clé », a conclu Maria Vassalou.

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