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[Questions de Gestion] Iinflation : une hausse temporaire ou durable ?

L'inflation est revenue en force sur les marchés financiers. Son évolution est à juste titre au centre des préoccupations. En effet, les obligations et les actions en dépendent. La corrélation positive de ces dernières années - entre la hausse des cours des actions et des obligations - pourrait s'inverser.

Une hausse significative des rendements pèsera sur les marchés obligataires et entraînera des pertes de cours. Si les rendements réels, c'est-à-dire les rendements après déduction du taux d'inflation, augmentent également fortement, il y a un risque d'effets négatifs supplémentaires pour le marché boursier. « Lors de la décote des bénéfices futurs, le niveau des taux d'intérêt réels joue un rôle décisif », explique Martin Moryson, économiste en chef Europe chez DWS. Plus le facteur de décote est élevé, moins les bénéfices futurs ont de valeur. Par conséquent, les valorisations des actions pourraient également subir des pressions.

À première vue, il semble y avoir beaucoup de raisons de croire à une forte hausse de l'inflation. D'une part, les gigantesques paquets fiscaux avec lesquels les gouvernements luttent contre la crise de coronavirus et qui ont été financés par de nouvelles dettes. L'année dernière, par exemple, la part de dette nouvelle aux États-Unis équivalait à 17% du produit intérieur brut, tandis qu'elle était encore à 8, 5% dans la zone euro. En outre, les banques centrales ont inondé les marchés d'argent et continuent de le faire.

La hausse de l'inflation à court terme ne peut être extrapolée à l'avenir

Cette année au moins, mais peut-être jusqu'en 2022, les prix devraient augmenter sensiblement, prévoit M. Moryson. Toutefois, cela est dû à des effets de base, comme l'évolution des prix des matières premières, qui étaient très bas l'année dernière en raison de la récession et se stabilisent actuellement à un "niveau normal". Si, par exemple, le prix du pétrole OTC se maintenait à environ 60 dollars le baril ce mois-ci, il serait supérieur de plus de 250% au prix moyen d'avril 2020. Toutefois, avant la pandémie de Covid-19, en janvier 2020, le prix du pétrole était également coté à 60 dollars.

Par ailleurs, en Allemagne, le relèvement de la TVA à son niveau d'avant la crise devrait donner une impulsion supplémentaire à l'inflation à court terme. Toutefois, ces évolutions ne sont pas des facteurs d'inflation à long terme. « Les changements de prix ponctuels ne constituent pas une inflation. L'inflation est un processus d'augmentation récurrente des prix », explique M. Moryson. C'est pourquoi il ne faut pas surestimer les flambées de prix qui pourraient encore se produire cette année en raison des problèmes d'approvisionnement d'une part et de la demande refoulée d'autre part. Même si elles pourraient pousser l'inflation en Allemagne vers les trois pour cent au cours du second semestre.

Les perspectives à moyen terme : aucun levier de prix en vue

Pour comprendre d'où peut provenir une inflation permanente, il faut examiner les différentes composantes du taux d'inflation. Les variations de prix des biens n'ont guère joué de rôle depuis des années : la mondialisation, les progrès de la productivité grâce à l'automatisation et à la numérisation ont considérablement réduit les coûts de fabrication et bridé le pouvoir de fixation des prix des producteurs et des détaillants. « Le seul moteur stable de l'évolution des prix est le secteur des services », déclare Moryson. « Qu'il y ait de fortes augmentations de salaires dans un avenir proche dans un contexte de chômage élevé - manifeste et caché - est plutôt improbable. »

L'évolution démographique pourrait accélérer l'inflation à long terme.

À long terme, cependant, le vieillissement de la société pourrait stimuler l'inflation. Par exemple, selon les calculs des Nations unies, la croissance de la population en âge de travailler dans les principales économies va stagner, voire se contracter fortement. Comme la croissance de la productivité ne devrait pas compenser cette tendance, l'effet suivant se profile : puisque les retraités continuent à consommer mais ne produisent plus, la diminution de l'offre rencontre la stagnation, voire la hausse de la demande. « Ce sont là les ingrédients d'une augmentation des pressions inflationnistes », analyse M. Moryson.

Que les pressions inflationnistes se traduisent effectivement par de l'inflation dépend en grande partie des banques centrales. En règle générale, une société vieillissante ne "veut" pas d'inflation. Notamment parce que la proportion de retraités est de plus en plus importante. Comme ils perçoivent souvent des pensions nominales, une inflation plus élevée s'accompagne toujours de pertes de revenus réels.

Effets sur les marchés financiers

Dans le cas des obligations, Martin Moryson voit des évolutions différentes en Europe et aux États-Unis. En Europe, il est peu probable que la hausse soutenue de l'inflation soit une préoccupation majeure pour les banques centrales pendant un certain temps encore. Elles devraient se concentrer davantage sur les conditions de financement et l'emploi. Les taux d'intérêt nominaux ne devraient donc augmenter que progressivement. Aux États-Unis, les taux d'intérêt nominaux sont déjà passés de 0,5 à 1,7% en 1 an. La Réserve fédérale américaine a répété à plusieurs reprises que sa priorité était l'emploi et les conditions de financement. Elle est également prête à tolérer une inflation légèrement supérieure à deux pour cent pendant un certain temps. Toutefois, compte tenu de la dynamique économique, la Fed est susceptible de réduire son programme d'achat d'obligations plus tôt que la BCE. « Si l'inflation réelle reste faible à moyen terme, les taux d'intérêt nominaux ne devraient pas non plus avoir beaucoup de marge de manœuvre pour augmenter », prévoit M. Moryson.

Pour les actions, il est important d'examiner les tendances en matière de bénéfices et de valorisation. Pour les bénéfices, DWS s'attend à ce que la plupart des entreprises des indices boursiers mondiaux soient en mesure de compenser la pression sur les marges causée par la hausse des prix des matières premières et d'autres facteurs de production en augmentant les prix et l'efficacité. Pour les valorisations des actions, la situation est moins claire. Tant que les taux d'intérêt nominaux ne s'envolent pas et que les taux d'intérêt réels ne deviennent pas significativement positifs, il est peu probable que les valorisations subissent une forte pression. Toutefois, si les taux d'intérêt nominaux se rapprochent de trois pour cent et permettent des taux d'intérêt réels clairement positifs, les obligations redeviendraient une véritable alternative d'investissement et les valorisations des actions pourraient subir des pressions.

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