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Les marchés actions se sont réveillés groggy mardi matin,…

 

… interloqués par l'accélération de la chute du marché américain la veille au soir.

Mercredi 7 février, Léovic Lecluze, Responsable Gestion Actions chez Fédéral Finance Gestion - boutique d’Arkéa Investment Services -, fait un état des lieux.

Les marchés actions sont chers et ce depuis la fin de l'année 2017. Il était devenu consensuel, par conséquent, de considérer qu'une correction technique serait logique et salutaire. Nous vivions en effet, depuis plusieurs trimestres dans un environnement de "complaisance irrationnelle" où le consensus n'osait plus imaginer de séances boursières en forte baisse, habitué à une volatilité anémique depuis la mise en place des politiques de quantitive easing en 2014-2015. C'est probablement l'entrée "en zone rouge" des taux longs américains qui a enclenché le mouvement de défiance mardi soir. En effet, de nombreux économistes considèrent qu'au-delà de 3% sur les taux 10 ans US, le risque de voir la croissance américaine déraper est grand, et l'éventualité d'une récession en 2019 n'est alors plus improbable. Les marchés actions ont donc acté le fait que la tension sur les taux longs allait commencer à impacter les perspectives de croissance mondiale, par effet de ricochet. Les résultats mitigés et commentaires prudents des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) en fin de semaine précédente, poids lourds dans les indices, a aussi contribué à refroidir les plus optimistes. Enfin, un élément technique a conduit les flux vendeurs à inonder le marché en fin de séance, mardi 5-02-2018 : la hausse brutale de l'indice de volatilité sur l'indice S&P500 (le VIX), qui a progressé de +100% en quelques heures (d'un niveau de 18% à 18h à 39% en clôture à 22h) a obligé les ETFs et fonds indiciels Short de volatilité (les fameux ETN VIX Inverse) à racheter, dans la panique, les indices futures VIX. Ce mouvement technique dit "d'ajustement de gamma et vega" a engendré la fermeture forcée de certains ETFs, et notamment des difficultés pour certains émetteurs. Cette hausse de la volatilité a aussi conduit les fonds "Risk Parity", à réduire leurs positions en actions, ceux-ci fonctionnant en budgets de volatilité et dont les positions dépendent du niveau de l'indice VIX. La situation à court-terme pourrait donc rester hésitante, pendant les prochains jours, pour ces raisons techniques...


Qu'en est-il à moyen-terme?

- Est-ce la fin du grand marché haussier initié en mars 2009, l'un des plus amples et longs de l'histoire boursière - autrement dit, sommes-nous, en quelque sorte, revenus en juillet 2007 ?- ?
- Ou bien n'est-ce qu'une correction technique issue des craintes de tension sur l'inflation, des taux longs et de la fin des politiques monétaires expansionnistes des banques centrales, dans un environnement macroéconomique et monétaire qui reste finalement porteur pour la classe d'actifs actions - autrement dit sommes-nous plutôt revenus en mai-juin 2006 ?- ?

Rappelons tout d'abord que la hausse récente du taux 10 ans aux USA, et par ricochet en Europe, a été propulsée par l’amélioration du marché de l’emploi, une légère tension sur les salaires, et les anticipations de hausse d’inflation induites, et de resserrement plus fort que prévu par la Fed que ceci implique (on évoque désormais l'éventualité de 4 hausses de taux directeurs en 2018, une hausse par trimestre). Historiquement néanmoins, lors des derniers épisodes de remontée des taux directeurs (1999-2000 et 2004-2006), les marchés actions ont pu trouver les ressources pour continuer à progresser, dans le cadre d'une rotation sectorielle favorable aux segments Value et Cycliques et défavorable aux valeurs de Croissance dites "Growth". Ce cycle de remontée des taux n'avait pas enclenché, dans un premier temps, une correction plus forte que celle observée ces derniers jours (-5% -7%). La forte baisse observée hier était d'ailleurs en majorité issue de flux en provenance des Trackers indiciels (ETF) et de fonds systématiques quantitatifs, plutôt que des dégagements de maisons de gestion de convictions, qui auraient marqué un réel sentiment d'inquiétude.

Les perspectives

D'un point de vue stratégique, la forte croissance mondiale synchronisée (au niveau géographique et sectoriel) reste robuste. La révision en hausse des Bénéfices par Actions ne sera probablement pas stoppée subitement après cet évènement technique de marché (toutes choses égales par ailleurs). De plus, notre sentiment sur l’Europe, entrainée dans une vague de croissance rarement vue depuis les années 2000, reste positif. La trop forte vigueur de l'euro (en hausse de +20% en 1 an) est néanmoins un risque (pour la croissance) et un casse-tête (pour la BCE). Elle pourrait fragiliser les exportations, en dégradant la compétitivité prix de l'appareil productif européen, et générer des tensions déflationnistes par le biais de la déflation importée, fragilisant l'objectif de retour à l'inflation de Mario Draghi. Mais cette force de l'euro (qui est probablement davantage une faiblesse du dollar, dont l'indice DXY face à un panier mondial de devises est au plus bas depuis 4 ans), est compensée par de nombreux facteurs positifs : indices de surprise à la hausse du PIB en Europe (notamment en Allemagne, nouvelle locomotive), une croissance mondiale synchronisée pour la première fois depuis 2005, une amélioration du levier opérationnel pour les entreprises des secteurs cycliques, un dégel des budgets d'investissement sur certains secteurs, une amélioration de la capacité bénéficiaire et de la qualité bilancielle des banques…Ces arguments laissent penser que ce mouvement de baisse est probablement une opportunité d'achat. A la condition sine qua non, bien évidemment, que les résultats des entreprises tiennent leurs promesses lors des prochains rendez-vous trimestriels. Car à ces niveaux de valorisation élevés, la moindre déception sur la croissance des profits serait durement sanctionnée, et cette correction technique deviendrait alors un mouvement de défiance plus structurel et durable pour la classe d'actifs actions.

Nous restons donc positifs, constructifs et optimistes, dans l'état actuel des choses. Mais nous veillons à également rester prudents et vigilants, compte tenu du niveau de valorisation des marchés et des risques de mauvaises surprises, notamment sur les chiffres d'inflation américains.

www.federal-finance.fr/


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