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Inde : les transactions du marché noir représenteraient près de 40% du PIB

Billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.

En Inde, la réforme des billets de banque (86% des billets de banque en circulation ont perdu leur validité dans un souci de lutte contre l’argent au noir) fait actuellement très mal. Une économie traditionnelle fonctionne difficilement sans argent liquide. L’échange des billets et la création de comptes bancaires prennent du temps et jusqu’à ce que tout soit mis en place, l’économie tourne au ralenti.

Comment les agriculteurs peuvent-ils acheter des semences si les espèces engrangées ne sont plus valables ? Sur le long terme, cette mesure sera toutefois bénéfique pour le pays du fait de la baisse des taux d’intérêts par exemple. Mais à court terme, cette transition est néfaste. D’après Siddh Thomas, notre conseiller indien : « Nous pensons que cela fait partie du projet de simplification du système fiscal et en fin de compte de la disparition totale de la fiscalisation des revenus au profit d’une taxe de 2% sur les transactions boursières… Nous prévoyons un retour à la normale d’ici à la fin du 1er trimestre 2017 ».

Le 8 novembre, en début de soirée, le premier ministre Narendra Modi annonçait la démonétisation, à partir de minuit, des billets de 1000 et de 500 roupies. Cette annonce a d’immenses répercussions sur l’économie indienne. Ces deux coupures représentent 86% de l’argent en circulation. L’intention sous-jacente de cette mesure est de juguler l’argent noir, ou à proprement parler les transactions du marché noir, dont certains économistes disent qu’elles représentent près de 40% du PIB indien. Corruption, fraude fiscale et financement du terrorisme seraient ainsi fortement affectés et les transactions immobilières douteuses, qui constituent un repère privilégié pour les bénéfices illégaux, en pâtiront également forcément. Le gouvernement a introduit des nouveaux billets de 2 000 et de 500 roupies qui devraient compenser dans les prochaines semaines le manque de masse monétaire.

Mais qu’en est-il des citoyens normaux ? Qu’en est-il de l’agriculture indienne qui représente plus de 35% du PIB du pays ? Une grande partie des transactions de l’Inde rurale repose sur des revenus en espèces qui sont générés par l’agriculture et sont trop faibles pour être imposés. La plupart des organismes de micro-financement et des établissements non-bancaires qui opèrent dans cette région versent et recueillent en général de l’argent liquide. A ce niveau, aucune économie souterraine. Tous les clients sont identifiés et la plupart ont même un compte bancaire. Plus facile à manipuler, l’argent liquide est favorisé par la plupart des clients, qui n’ont pas eu accès à l’éducation. Le gouvernement serait bien conseillé de restaurer la liquidité, rapidement et efficacement. Sur un horizon de moyen à long terme, l’Inde rurale se trouvera, plus rapidement que prévu, dotée de prestations bancaires. Ce qui est une énorme avancée dans une perspective de constitution de capital. Aujourd’hui, seulement 3% des Indiens payent des impôts. Le ratio d'imposition va augmenter et le bilan du pays s’améliorer.

La baisse des taux d’intérêt sera un autre avantage de la démonétisation car les Indiens, tant en ville que dans les zones rurales, se dépêchent de placer leurs économies à la banque la plus proche (les anciennes coupures sont encore valables jusqu'au 30 décembre). Le gouvernement a assuré que les dépôts ne seraient pas imposables jusqu’à 3 000€. Ainsi, les dépôts bancaires augmentent, les taux d’intérêt baissent et les flux de capitaux circulent mieux. 21 jours après l’annonce de démonétisation, le pays enregistre une croissance des dépôts de presque 122 Mds€ USD !

Tout compte fait, nous pensons que cette mesure n’est, en soi, pas mauvaise mais que le gouvernement, et en particulier la banque centrale, ont manqué d’efficacité dans sa mise en œuvre.

http://www.acatis.de

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