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La BCE doit conserver un discours accommodant… sans agir davantage

Lors de sa prochaine réunion, le 8 septembre, la BCE pourrait réévaluer les modalités de son programme d’achats d’actifs (« quantitative easing ») ou annoncer de nouvelles mesures sur ses taux.

Lieven Jacobs, Directeur de Quilvest AM, juge inefficientes de telles mesures, dans un environnement de taux d’intérêt expérimental et complexe.

Dans les minutes de son dernier comité monétaire, publiées en août, la BCE renouvelait sa ferme intention de rester « accommodante », compte tenu des faibles perspectives d’inflation en zone euro. L’absence de tensions sur les prix (l’inflation en zone euro est anticipée à seulement 0,2% pour 2016) a ouvert la voie à d’éventuelles mesures complémentaires. L’abandon des clés de répartition par pays, concernant le « quantitative easing » de la BCE, l’extension du programme d’achats au-delà de mars 2017 ou la révision à la baisse des taux, figurent parmi les décisions que pourrait prendre la BCE.

« Il est évidemment important que la BCE continue de tenir un discours accommodant. Mais il faut être pragmatique, de nouvelles mesures sur les taux n’apporteraient pas davantage de compétitivité à l’économie et ne seraient pas plus incitatives pour ses agents. Aller encore plus bas sur le taux directeur ou le taux de facilité de dépôt ne stimulerait pas plus le déploiement et la mobilité des capitaux » juge Lieven Jacobs.

De telles mesures enverraient les taux obligataires encore plus bas, alors que plus que 50% des émissions souveraines européennes sont déjà réalisées en territoire négatif. « Cela indiquerait que pour les années à venir le marché est en train d’anticiper une croissance réelle négative. Pourtant, depuis quelques années l’économie réelle en Europe donne de nouveaux signes de vie. La déliquescence continue des rendements crée des distorsions du profil risque-rendement, et pourrait avoir des conséquences peu favorables sur les bilans des banques et des assureurs. Plus la BCE ira loin, plus elle augmentera la pression sur le secteur financier et plus il lui sera difficile ensuite de normaliser sa politique monétaire. Garder les taux officiels à zéro fait sens, mais l’application d’un taux de dépôt négatif à la banque centrale risque de faire plus de mal que du bien».


Le secteur bancaire pénalisé

Depuis le mois de mars, le taux de facilité de dépôt est passé à -0,40%, depuis ce jour, conserver son « cash » à la banque centrale coûte de l’argent. C’est une mesure pénalisante pour le secteur bancaire. « La BCE a été si loin dans ses mesures non conventionnelles que nous explorons un univers de taux d’intérêt absolument inédit, expérimental. L’érosion du capital que génère un taux de dépôt négatif est très problématique pour les banques européennes, dont le modèle de rentabilité a été récemment éprouvé par les stress-tests » ajoute-t-il.

La BCE a emprunté un chemin que même la Banque du Japon, première banque centrale à avoir instauré durablement des taux nuls à la fin des années 90, n’a pas souhaité suivre. « En contrepartie de taux de facilité de dépôt au plancher, la Banque du Japon avait su instaurer une politique très spécifique vis-à-vis du secteur, pour soutenir la reconstruction du bilan des établissements bancaires et permettre l’absorption de leurs prêts non performants », relève Lieven Jacobs « En revanche, aujourd’hui, la politique monétaire européenne envisage des effets macroéconomiques via le différentiel de taux (principalement avec les Etats Unis), qui influence les taux de change. Voilà une autre bonne raison pour que la Fed monte son taux directeur lors de sa réunion du 21 septembre », conclut Lieven Jacobs.

http://www.quilvestam.com/fr/


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