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[Tribune] L’impact économique des événements sportifs

Par Michel Desbordes, responsable du pôle Sport du Groupe INSEEC* et expert du marketing du sport

Comment mesurer l’impact économique d’un événement sportif ?

L’impact économique d’un événement sportif, c’est la différence entre les recettes générées par cet événement et les coûts pour son organisation. De nombreuses études d’impact économique sont publiées dans les médias mais il faut savoir les manipuler avec précaution. Selon les études, certains coûts peuvent apparaître ou pas. Prenons le cas des coûts d’infrastructure, des enceintes sportives ou des gares et des aéroports, la question à se poser est de savoir si l’infrastructure va être réutilisée ou non après l’événement. Par exemple, la construction du Grand Stade de Lyon, estimée à plus de 400 M€, est considérée comme un investissement à long terme, un projet qui devait de toutes façons voir le jour.

Son coût n’entre donc pas dans l’enveloppe globale des dépenses de l’événement. Comme contre-exemple, je pense notamment à la Coupe du Monde de 2010 en Afrique du Sud, qui a investi massivement dans la construction de nouveaux stades. Le succès était au rendez-vous mais au final c’est une opération peu rentable puisqu’après l’événement, les enceintes sportives n’ont pas réussi à faire le plein de supporters car elles n’étaient que très peu utilisées par les clubs. On parle dans ce cas d’un « éléphant blanc » pour caractériser l’équipement, sorte d’animal qui coûte très cher à l’entretien quotidien et que l’on a « sur les bras ». C’était d’ailleurs un cadeau empoisonné que les maharadjahs faisaient dans l’Inde d’antan. Les retombées économiques ont été immédiates et non pas dans la durée, un pari risqué par les organisateurs et un impact économique revu à la baisse.


Prévisions et réalité : pourquoi les chiffres divergent ?

La première raison est que les études mesurant l’impact économique des événements sont réalisées bien en amont de l’événement. Ces études prennent en compte des variables qui fluctuent au cours du temps et peuvent impacter positivement ou négativement les retombées économiques de l’événement. Par exemple le coût des travaux ou encore le nombre prévisionnel de supporters peut difficilement être bien évalué. Qui peut prédire ces données 6 mois à l’avance ? À titre d’exemple, les budgets de construction sont souvent dépassés par des coûts non prévus qui font grimper la note. Concernant l’Euro 2016, 7 à 8 millions de spectateurs sont attendus. 7 ou 8 millions ? Entre les deux, l’impact économique n’est plus du tout le même.

L’autre raison a une dimension plus politique. Un événement sportif est l’occasion de faire rayonner une région ou une ville au niveau national et mondial. C’est un signe de prestige d’organiser une grande compétition sportive et les représentants politiques l’ont bien compris. Pour accueillir un événement, ils doivent s’assurer avant tout de convaincre l’opinion publique de l’impact positif de l’événement sur l’image de la ville et l’emploi, et rassurer les habitants sur l’effet nuisible des travaux de construction et une éventuelle hausse des impôts due aux frais d’organisation de l’événement. Sans le soutien favorable des populations locales, il est peu probable que l’événement ait lieu sur le territoire. Pour obtenir gain de cause, les politiciens mettent souvent en avant des études d’impact économique avec des prévisions financières allégées, par exemple des coûts d’infrastructure non comptabilisés.


Quelles retombées pouvons-nous attendre de l’Euro 2016 ?

L’impact économique de l’Euro 2016 est estimé à 1,3 Mds€. Cette prévision n’est pas une surprise : le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a mobilisé des villes françaises emblèmes et attractives pour les touristes comme Bordeaux, Lyon ou Nice. Sans l’Euro 2016, nous pouvons partir du principe que ces millions de supporters ne seraient pas venus. Il ne faut pas non plus négliger l’effet de substitution : ces chiffres comptent également les touristes qui ont avancé leur départ en juin plutôt que de venir en juillet ou en août, ce ne sont pas de nouveaux visiteurs et leur présence sera amputée sur les chiffres prévisionnels du tourisme estival.

L’Euro 2016 est aussi une vaste opération de communication et de séduction. Nous avons parlé de l’impact économique immédiat de l’Euro 2016 mais qu’en est-il à long terme ? Pays festif, culture, gastronomie, sans aucun doute, les communicants vont tout faire pour convaincre les touristes étrangers de choisir la France comme prochaine destination de vacances !

*INSEEC : Avec plus de 15 000 étudiants, près de 45 000 anciens élèves, et 140 M€ de budget, le Groupe INSEEC (créé en 1975) est l'un des tout premiers groupes d'enseignement supérieur français. Fort d'un solide réseau de partenaires (universités et entreprises) en France et à l'étranger, il forme les acteurs du monde économique de demain.

https://www.groupeinseec.com/

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