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Comgest analyse le marché de la Chine

Par Ju He, gérant Chine, et David Raper, Directeur général de Comgest Far East

Quelles sont selon vous les forces et les faiblesses de l’économie chinoise à l’heure actuelle ?
Sur le long terme, nous pensons que la population chinoise est la plus grande force de l’économie nationale. Cette population constitue une main-d’œuvre abondante et bien formée et les Chinois croient aux vertus du travail. La principale faiblesse du pays réside dans son système politique, qui domine toutes les activités économiques. Cette influence n’a jamais été aussi grande, en raison notamment du fait que le gouvernement s’immisce de plus en plus dans l’économie et n’encourage pas l’innovation, l’esprit d’entreprise ou la créativité.
Ces derniers temps, l’économie chinoise a connu un accès de faiblesse, ce qui explique la récente instabilité du marché. Le principal frein vient du ralentissement délibéré des investissements publics dans les infrastructures, lequel a pesé sur la demande de biens d’équipement et de matières premières avec, in fine, des répercussions sur la consommation. La demande à l’exportation devrait être stable cette année et pourrait même légèrement progresser compte tenu des signes de redressement de l’économie américaine. La demande domestique reste toutefois le principal moteur de la croissance chinoise à long terme, même si elle est actuellement en phase d’ajustement.

Selon vous, faut-il s’attendre à un ralentissement significatif des exportations chinoises ?
Nous ne faisons pas de prévisions macroéconomiques à proprement parler mais au regard des chiffres dont nous disposons, nous pensons que la demande à l’exportation devrait rester stable cette année, en supposant que la situation n’empire pas dans la zone euro et que l’économie américaine poursuive son redressement.

Comment la consommation chinoise va-t-elle évoluer selon vous ?
Nous ne faisons pas de prévisions macroéconomiques à proprement parler mais dans l’ensemble, on peut raisonnablement s’attendre à ce que les ventes au détail totales continuent d’enregistrer une croissance à deux chiffres en 2013. La principale question qui se pose à nos yeux est celle de l’évolution des habitudes de consommation et des conséquences à en tirer pour les entreprises concernées. Comme la plupart des économies en développement, la Chine passe progressivement d’une distribution traditionnelle à un nouveau type de distribution, mais elle le fait dans un contexte économique très favorable, d’où une multiplication des magasins en tous genres. La question qui se pose est celle-ci : la demande est-elle suffisante pour justifier les ouvertures massives de nouveaux magasins ? Il est aujourd’hui difficile de répondre à cette question.

Certains segments du marché interbancaire chinois ont récemment donné des signes de tension. Craignez-vous une contraction du crédit ?
Les tensions que le marché interbancaire chinois a connues ces dernières semaines sont dues à un certain nombre de raisons complexes, notamment au facteur saisonnier, à des problèmes techniques et, bien sûr, à une mauvaise gestion de la part des autorités de régulation et de la banque centrale. Nous pensons que certains changements dans l’approche des autorités en ce qui concerne la liquidité et l’expansion monétaire ont pris le marché par surprise et ont entraîné une contraction à court terme. Mais plus fondamentalement, nous pensons que le risque d’une contraction massive du crédit qui entraînerait un effondrement des marchés est assez faible. Après tout, le système financier chinois n’obéit pas encore aux lois du marché, ce sont les autorités qui ont créé l’instabilité et elles peuvent y remédier, du moins à court terme. A plus long terme, la libéralisation des marchés financiers va devoir se poursuivre. Cette décision sera toutefois difficile à prendre dans la mesure où le contrôle des taux d’intérêt effectifs des entreprises par le gouvernement constitue un important levier d’action auquel celui-ci aura du mal à renoncer.

Comment les bénéfices des entreprises chinoises vont-ils évoluer selon vous ?
Les bénéfices des entreprises cotées sont sous pression cette année. La plupart de ces entreprises profitent des moteurs de croissance traditionnels : production de matériaux, investissements dans les infrastructures, exportations et expansion des capacités de production. Compte tenu du ralentissement de la croissance dans ces secteurs, les surcapacités posent plus de problèmes du point de vue à la fois des coûts et des revenus, l’intensité de la concurrence pesant sur les prix. Nous ne faisons pas de prévisions sur l’évolution des résultats pour l’ensemble du marché. Nous essayons plutôt de nous concentrer sur les entreprises dont les résultats offrent une bonne visibilité, évitant ainsi les sociétés les plus risquées, mais lors de nos visites sur le terrain, nous constatons que nombre d’entreprises présentent des risques, surtout si l’on tient compte des difficultés de financement à court terme (voir la 4ème question).

Pensez-vous que le système bancaire chinois soit toujours en position de faiblesse ?
Les banques chinoises sont réglementées et gérées dans le cadre d’un système financier dépassé qui ne correspond plus à l’état actuel de l’économie chinoise, d’où les réformes structurelles qui ont été entreprises. Elles n’évaluent pas les risques uniquement du point de vue du marché car les risques, aujourd’hui en Chine, n’obéissent pas entièrement aux lois du marché. Ce qui renvoie à la question du levier contrôlé par le gouvernement central, à savoir le coût de financement des entreprises.
Pour les employés des banques, le risque principal est le risque politique : font-ils ce que le gouvernement central demande ? Si oui, alors le risque absolu de perte en capital est compensé par le gouvernement, directement ou indirectement. Un secteur bancaire pour lequel le rendement du capital n’est pas une priorité ne peut pas octroyer des prêts adéquats et performants et est donc structurellement faible.
Les banques vont à l’évidence devoir apprendre et beaucoup évoluer afin d’être compétitives sur le marché international ou de réussir sur le marché national si la Chine décide de réformer son système financier en le rendant plus ouvert et en donnant plus d’importance au marché.

Le marché des obligations d’entreprises chinoises s’appuie-t-il selon vous sur des fondamentaux sains ou les investisseurs doivent-ils craindre une flambée des défauts ?
Le marché obligataire chinois reste assez restreint et peu d’entreprises y ont accès. L’encours total des obligations émises est également assez limité. Le profil de risque du marché obligataire a certes augmenté sous l’effet de la forte hausse des émissions des véhicules de financement des collectivités locales, mais une flambée des défauts reste peu probable si l’on tient compte des facteurs politiques. Aucun défaut n’a encore été enregistré sur ce marché encore jeune et le premier événement de ce genre, même s’il est isolé, provoquera de fortes tensions.

Le désintérêt actuel des investisseurs pour les actifs émergents, aversion pour le risque oblige, pourrait-il selon vous se propager au marché du renminbi offshore ?
Le marché du RMB offshore n’a pas suscité un intérêt particulièrement marqué ces derniers temps et a déjà souffert des récentes tensions. Mais dans la mesure où le RMB reste soumis au contrôle des changes, sa volatilité devrait être beaucoup plus faible que celle des devises des autres pays émergents. L’hypothèse selon laquelle le RMB devrait s’apprécier au fil du temps doit clairement être remise en cause. La croissance structurelle de la Chine se poursuit, bien qu’à un rythme plus modéré, l’avantage dont jouissaient les exportateurs (du fait du moindre coût de la main-d’œuvre) s’amenuise à vue d’œil, et un raffermissement progressif du dollar est tout à fait plausible. Tous ces facteurs laissent entrevoir, à tout le moins, une possible modération de l’appréciation du RMB.

Comgest, fondée en 1985, exerce une seule activité, la gestion pour compte de tiers, exclusivement en actions, àpartir de 5 sociétés de gestion basées à Paris, Hong Kong, Dublin, Tokyo et Singapour. La société de gestion compteplus de 100 collaborateurs représentant 20 nationalités différentes au service d’une clientèleinternationale et gère plus de 15,5 Mds€ (à fin décembre 2012).
www.comgest.com

 

 

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