Par Philippe Crevel Directeur du Cercle de
l’Épargne.
Retour des vacances, dépenses de rentrée scolaire : le mois de septembre réussit rarement au Livret A ainsi qu’au Livret de développement durable et solidaire (LDDS), mais le cru 2025 est particulièrement mauvais, avec une décollecte de 1,95 milliard d’euros pour le premier et de 760 millions d’euros pour le second. La baisse du taux de rémunération à 1,7%, intervenue le 1er août dernier, a manifestement conduit les ménages à réorienter leur épargne vers d’autres placements, dont l’assurance vie.
Septembre : toujours un mois difficile pour
l’épargne réglementée
2025 marque la septième décollecte enregistrée en septembre
depuis 2009 (année des premières statistiques de la Caisse des dépôts). Le LDDS
signe, de son côté, sa treizième décollecte en septembre depuis cette même
date.
2025 marque néanmoins une réelle inflexion. Il faut
remonter à septembre 2015 pour retrouver, pour le Livret A, une décollecte plus
forte (-2,38 milliards d’euros), tout comme pour le LDDS (-870 millions
d’euros).
Le résultat de 2025 est très éloigné du niveau moyen de
collecte observé sur les dix dernières années en septembre (+324 millions
d’euros pour le Livret A et –183 millions pour le LDDS).
En septembre, les ménages doivent faire face à un surcroît de dépenses liées à la fin des vacances et à la rentrée scolaire. Par ailleurs, 13,1 millions de contribuables ont fait l’objet d’un prélèvement supplémentaire au titre de l’impôt sur le revenu de 2024, au mois de septembre (régularisation après envoi des avis d’imposition).
Le Livret A, moins valeur refuge que par le
passé
La démission de François Bayrou, le 9 septembre 2025, n’a pas conduit les Français à accroître leur épargne de précaution sur leur Livret A. La répétition des crises gouvernementales peut expliquer cette moindre propension à épargner sur ce support, sachant que le taux d’épargne demeure déjà très élevé.
Compte tenu de l’attentisme qui prévaut, notamment en matière de consommation, les ménages ont préféré laisser leur argent sur leurs comptes courants. Par ailleurs, comme cela est constaté depuis le début de l’année, ils privilégient des placements mieux rémunérés, dont les fonds en euros de l’assurance vie. L’effet taux a donc joué contre le Livret A et le LDDS en septembre.
Une collecte en retrait depuis le début de
l’année
Sur les trois premiers trimestres de l’année, la collecte
du Livret A n’est que de 970 millions d’euros, contre 13,42 milliards d’euros à
la même époque en 2024. Pour le LDDS, les montants respectifs sont de 2,79
milliards et 6,10 milliards d’euros.
La rupture est donc nette et semble clore la période de forte collecte qui avait démarré avec la guerre en Ukraine, en février 2022.
Le Livret d’épargne populaire (LEP) sauvé par
son taux
Le Livret d’épargne populaire enregistre, en septembre
2025, une collecte positive de 110 millions d’euros, néanmoins en retrait par
rapport à celle du mois d’août (330 millions d’euros) et à celle de septembre
2024 (330 millions d’euros également).
Le taux de rémunération de 2,7% demeure attractif pour les épargnants éligibles au LEP, même si leurs revenus modestes limitent leur capacité d’épargne. Depuis le début de l’année, la collecte reste néanmoins négative (-1,53 milliard d’euros).
Une fin d’année peu favorable à l’épargne
réglementée
En règle générale, le dernier trimestre marqué par le paiement des impôts locaux et les fêtes de fin d’année est peu favorable au Livret A. Dans ce contexte, la poursuite de la décollecte est fort probable sachant que depuis trois ans, le Livret A comme le LDDS ont battu des records d’encours.
Vers une nouvelle baisse du taux du Livret A en
février ?
Compte tenu des hypothèses d’inflation et de taux d’intérêt, le rendement du Livret A pourrait être à nouveau revu à la baisse le 1er février prochain. Son taux pourrait être ramené à 1,4/1,5%, tandis que celui du LEP pourrait être révisé à 2,5%.


