Un commentaire de Fidel Martin, Président d’Exoé.
Les vieilles recettes
ont la vie dure. Donald Trump ressuscite son arme fétiche : les droits de
douane massifs, censés protéger l’industrie américaine et rééquilibrer les
échanges mondiaux. 10% sur toutes les importations. 60% sur les produits
chinois. Des chiffres qui claquent. Mais derrière l’effet d’annonce, une
réalité économique glaçante : ce sont les entreprises et les consommateurs
américains, et, par ricochet, tous leurs partenaires commerciaux, qui paieront
l’addition.
Car un droit de douane, ce n’est pas une sanction contre un pays étranger. C’est une taxe. Une taxe payée par l’importateur, donc intégrée dans les prix, donc reversée au client final. En 2018-2019, les mesures similaires de Trump ont généré plus de 80 milliards de dollars de surcoûts, absorbés par les entreprises et les ménages. Chaque foyer américain a vu ses dépenses augmenter de près de
1 300 dollars par an.
Pas de relocalisations massives. Pas de renaissance industrielle. Juste une
économie ralentie, désorganisée, plus chère.
Et le scénario se
répète. Ce protectionnisme affiché, souvent applaudi à court terme, mine en
réalité les fondations mêmes de la croissance. Il pénalise les chaînes
d’approvisionnement mondialisées, complique l’accès à des composants
stratégiques, ralentit l’investissement productif. Il pèse sur l’innovation,
sur l’emploi qualifié, sur les marges des entreprises exportatrices.
Le coût est double :
économique et stratégique. Car pendant que les États-Unis s’isolent, d’autres
puissances, la Chine, l’Inde, l’ASEAN, négocient, signent, investissent dans
des partenariats commerciaux plus ouverts. Ils construisent de l’influence. Et
surtout, ils gagnent en compétitivité.
En Europe, nous ne
sommes pas à l’abri. Il est important aujourd’hui d’accompagner de nombreuses
entreprises dont l’activité dépend directement des échanges avec les États-Unis
ou avec des fournisseurs asiatiques. Si les tarifs explosent, c’est toute une
mécanique qui se grippe : délais, coûts, sourcing, arbitrages budgétaires... Et
au bout de la chaîne : moins d’agilité, moins d’emplois, moins de marge pour
innover.
À ceux qui voient dans ces droits de douane un acte de souveraineté économique, il faut répondre par des faits : une économie fermée n’est pas une économie forte, c’est une économie sous cloche. Et sous cloche, rien ne pousse vraiment.


