Selon l’Observatoire Nortia, le deuxième trimestre 2025 a été marqué par un regain de volatilité sur les marchés financiers, sous l’effet conjugué de tensions commerciales durables, d’indicateurs économiques contrastés et de politiques monétaires divergentes entre les États-Unis et l’Europe.
Dans ce climat d’incertitude, la diversification tant géographique que
sectorielle s’impose plus que jamais comme un levier essentiel dans les
stratégies d’investissement mises en œuvre par les conseillers en gestion de
patrimoine.
Construit sur la collecte (versements initiaux et complémentaires) et sur les mouvements d’arbitrage de plus de 2 900 Conseillers en Gestion de Patrimoine (CGP) partenaires de Nortia, l’Observatoire brosse un panorama dynamique de leur activité en assurance-vie, en compte-titres et en PER.
À travers leurs
arbitrages et choix d’allocation, ces professionnels traduisent les signaux du
marché en stratégies patrimoniales.
Le deuxième trimestre
de l’année a été marqué par un retour de l’instabilité sur les marchés
financiers, alimentée par des tensions commerciales, une conjoncture économique
contrastée, un climat géopolitique tendu et un agenda politique pesant.
Aux États-Unis,
l’instauration inattendue début avril de nouveaux droits de douane («
Liberation Day Tariffs ») a provoqué une chute des marchés, notamment dans le
secteur technologique. Bien que cette mesure protectionniste ait été rapidement
suspendue, elle a laissé planer des doutes sur la croissance mondiale. Le
Nasdaq 100 a néanmoins terminé le trimestre sur une forte progression de +17,64%.
Sur le plan des banques
centrales, la Fed adopte une position attentiste face à une inflation
sous-jacente toujours élevée, tandis que la BCE a abaissé ses taux en juin,
profitant d’un ralentissement de l’inflation en zone euro. Cette orientation
plus souple des politiques monétaires a soutenu partiellement la confiance des
investisseurs, sans dissiper pour autant le risque d’escalade commerciale.
En Europe, les marchés
ont résisté de manière modérée, soutenus par les résultats solides de certaines
entreprises et les valeurs cycliques, mais le CAC 40 a tout de même reculé de
-1,60%, pénalisé par l’absence de tendance claire et une croissance molle.
« Dans un environnement
aussi complexe qu’incertain, la diversification — qu’elle soit géographique ou
sectorielle — redevient une priorité. Plus que jamais, le conseiller en gestion
de patrimoine joue un rôle central : véritable architecte de l’épargne, il
ajuste les portefeuilles avec agilité, pilote les arbitrages en fonction des
risques, et prend en compte l’ensemble des dimensions fiscales et patrimoniales
pour construire des solutions d’investissement sur mesure et durables », commente Philippe
Parguey, Directeur Général de Nortia.
Assurance-vie :
stabilité de la collecte, structuration des portefeuilles autour de produits
sécurisés
• 49,2% de la collecte
brute est orientée en Unité de Compte (UC). Le deuxième trimestre 2025 prolonge
la dynamique observée en début d’année, avec une répartition de la collecte
presque à l’équilibre bien que désormais légèrement favorable aux fonds en euros
(50,8%). Les nouveaux bonus proposés par les assureurs permettent de maintenir
ce cap.
Sur la poche Unités de
Compte (UC)
• Les produits
structurés
conservent la première place du podium. Ils ont vu leur flux augmenter de 5
points au T2 2025 atteignant 34% des parts d’UC. Les plus gros volumes sont
alloués à des produits avec un sous-jacent indiciel et des produits de taux
garantis en capital, indexés notamment sur le taux CMS à 10 ans.
• Les actions qui avaient regagné
des parts de marché en fin d’année dernière, connaissent ce trimestre une
diminution de la collecte des versements attribués par les CGP d’environ 5
points, passant à 10,8% de la poche UC, un repli jugé conjoncturel après les
tensions initiées par les États-Unis. Les fonds globaux restent dominants, même
si les fonds small caps européens gagnent du terrain. Les ETF représentent
quant à eux 10% de la poche actions, majoritairement américains.
• La baisse de
l’allocation aux fonds obligataires amorcée au T1 se poursuit, avec 14% des parts
d’UC qui leur est désormais dédiée (contre 15,1 % précédemment). Les CGP
privilégient des fonds plus défensifs, traduisant une attitude prudente face à
l’instabilité des marchés. Les fonds datés, bien qu’en léger recul depuis le T3
2024, restent attractifs et représentent encore 32 % de la poche obligataire.
• Alors que la baisse
des taux directeurs orchestrée par la BCE avait fortement impacté les fonds
monétaires, la période d’incertitude permet à cette classe d’actifs de se
stabiliser, à 11,5% de la poche UC.
• Les fonds de
gestion alternative confirment leur attrait avec une part stable de 9,1% de
la part d’UC. Portée par son caractère décorrélé des marchés traditionnels,
cette classe d’actifs séduit dans un contexte toujours incertain. De leur côté,
les fonds diversifiés poursuivent le léger recul amorcé au trimestre précédent,
représentant désormais 8% de la collecte en UC.
• La classe d’actifs
immobiliers affiche à nouveau une part faible dans les UC s’élevant à
seulement 1,9% malgré la huitième baisse consécutive des taux directeurs
effectuée par la BCE. On peut toutefois espérer un redémarrage de cette classe
d’actifs d’ici la fin de l’année.
Compte-titres :
produits structurés, or, gestion alternative, les nouvelles dynamiques de ce
trimestre
Les volumes
d’investissement en compte-titres sont stables sur ce deuxième trimestre, sur
la même dynamique que les deux trimestres précédents, toujours à leurs plus
hauts. Quelques évolutions sont observées dans la manière dont les allocations
sont construites :
• Le compte-titres reste l’enveloppe privilégiée des CGP pour les placements en produits structurés.
Au T2 2025, 470
produits ont été ouverts, soit une hausse de plus de 15 % par rapport au
trimestre précédent. Les produits de type PHOENIX, offrant des coupons
réguliers, concentrent l’essentiel de la collecte. Les produits de taux
figurent aussi parmi les plus souscrits, bien qu’ils tendent à se raréfier en
bancaire.
• Les fonds monétaires poursuivent leur repli
même si les flux sortants massifs se sont atténués. Les CGP adoptent une
position attentiste sur les lignes monétaires : les frais de l’enveloppe étant
plus faibles qu’en assurance vie, l’érosion des rendements est moins forte, justifiant
leur maintien à court terme.
• La classe d’actifs
obligataires
affiche une collecte nette positive en compte-titres, avec des flux entrants
stables. Les investissements se concentrent sur des solutions de transition en
sortie de monétaire, telles que les fonds obligataires à duration courte, les
fonds datés, les monétaires dynamiques ou encore les supports de trésorerie
d’entreprise à très court terme (1 ou 2 ans maximum).
• A l’inverse, la
collecte nette sur les fonds actions ressort légèrement négative ce trimestre,
malgré une collecte brute stable. Les fonds exposés à l’or, actif refuge,
tirent leur épingle du jeu dans le contexte actuel. Les CGP privilégient
également des fonds axés sur les grandes capitalisations plutôt tournées sur
l’Europe, ainsi que quelques fonds petites et moyennes capitalisations, sur
lesquels les investissements reviennent petit à petit.
• Enfin, les volumes alloués aux fonds flexibles / diversifiés affichent une collecte nette négative ce trimestre, avec des sorties deux fois supérieures aux entrées. Quelques fonds emblématiques continuent toutefois d’attirer, tout comme des positions plus spécifiques, notamment en microfinance ou des fonds présentant une poche de diversification sur l’or. À l’inverse, la gestion alternative gagne des parts de marché, grâce à quelques fonds dédiés mais également des fonds long short ou sur la thématique des évènements d’entreprises.


