Par Alexandre
Baradez, responsable de l’analyse marchés chez IG France
Alors que les marchés
sont focalisés sur les annonces entre les Etats-Unis et la Chine, l’agence de
notation s’est intéressée il y a quelques jours…au Canada.
Dans une note d’analyse
publiée le 6 mai, l’agence indique qu’elle anticipe, ni plus ni moins, une
récession de trois trimestres pour l’économie canadienne. Avec une contraction
de l’économie qui commencerait dès le trimestre en cours et qui deviendrait une
récession avec une croissance négative au troisième et quatrième trimestre
également : « En raison de l’impact des tarifs américains, nous prévoyons
une récession, avec un PIB canadien en baisse pendant trois trimestres à partir
du deuxième trimestre 2025, avec une croissance annuelle moyenne en 2025 de
seulement 0,1%. ».
Fitch anticipe une
hausse du taux de chômage à 8%. L’agence constate que les ménages canadiens
continuent d’épargner une plus grande partie de leurs revenus qu’avant 2020,
même si cette épargne est concentrée dans la tranche de revenus la plus élevée,
ce qui implique que ce matelas d’épargne excédentaire ne stimulera pas
significativement les dépenses de consommation.
Donc la question qu’on
peut légitimement se poser, c’est comment se comportera l’économie américaine
si son voisin immédiat et grand partenaire commercial subit effectivement une
récession de trois trimestres ?
En économie comme sur
les marchés, rien n’est jamais totalement certain, mais si l’agence Fitch a
raison dans ses anticipations pour le Canada, la croissance américaine devrait
également sérieusement ralentir dans les mois qui viennent. La contraction du
PIB américain au premier trimestre était, certes, surtout due à des effets de
balance commerciale…mais pas seulement. La réduction des dépenses budgétaires a
également contribué à la contraction du PIB américain et il serait surprenant
que cette réduction des dépenses prenne fin tout de suite étant donné le niveau
très élevé du déficit budgétaire américain ces dernières années.
Et, toujours concernant
le PIB américain, les regards vont rapidement se tourner vers les dépenses de
consommation et les investissements des entreprises au cours de ce trimestre,
mais également au T3, dans un contexte d’incertitude commerciale qui reste
élevée malgré la désescalade du week-end entre la Chine et le Etats-Unis. Car
même si des accords commerciaux commencent à voir le jour, les taxes douanières
seront toujours plus élevées qu’auparavant.
La note de Fitch ressemble donc à un avertissement sérieux, et pas seulement pour le Canada.