Par Olivier
Grenon-Andrieu, président d’Equance, société de gestion privée à
l’international
Que cela soit à la fois
en France ou à l’international, l’année 2025 s’ouvre sur un contexte économique
et politique marqué par de fortes incertitudes. Pour l’investisseur
particulier, il s’agira donc d’adopter une approche agile et diversifiée pour
bien gérer son patrimoine. Si plusieurs classes d’actifs seront à regarder de
plus près, comme les produits structurés, le non coté et l’immobilier, deux
points de vigilance demeurent au niveau du crédit et de l’assurance-vie.
Une période propice
pour les produits structurés
Entre la volatilité des
marchés financiers et l’évolution de la courbe des taux, les produits
structurés sont une bonne alternative pour protéger son capital face aux
incertitudes et investir dans une logique de long terme. Si, à l’origine, les
produits structurés étaient réservés à une clientèle plus sophistiquée en
raison de la complexité de l’instrument, aujourd’hui, ils trouvent de plus en
plus leur place dans les portefeuilles d’investissement de la clientèle
patrimoniale privée. Ces outils financiers, présentant un niveau de risque
entre l’obligation et l’action, peuvent être investis dans différents
sous-jacents : actions, obligations, devises, indices, etc.
Leur principal atout : en cas de forte baisse
des marchés, il est possible grâce à un mécanisme de protection, de préserver
jusqu’à 50% du capital, avec en contrepartie un plafonnement des gains. Se
classant généralement, selon deux profils de risque, les fonds à capital garanti
et les fonds à capital protégé peuvent être logés dans des comptes-titres ou
des contrats d’assurance-vie français et Luxembourgeois.
Le non-coté pour
profiter d’actifs décorrélés des marchés
Depuis octobre dernier,
la mise en vigueur de la loi Industrie verte rend obligatoire l’introduction
d’une part minimum d’investissements en actifs non cotés dans les gestions
pilotées à horizon des plans d’épargne retraite (PER) et des contrats d’assurance-vie.
Elle permet ainsi de rendre cette classe d’actifs de plus en plus accessible à
la clientèle patrimoniale privée. Si l’on assimile souvent le non-coté au
private equity, son champ est bien plus large et s’étend aussi à la dette
privée, l’immobilier Value-Add, les infrastructures, en passant par le
crowdfunding et les club deals. Le non-coté présente une corrélation plus
faible avec les marchés financiers. Souvent plébiscité par les investisseurs de
long terme, cette classe d’actifs s’intègre dans une optique de diversification
de portefeuille. Pour les chefs d’entreprises ayant cédé les titres de leur
entreprise, il est possible de bénéficier d’une fiscalité avantageuse grâce à
l’article 150-0 b ter.
L’immobilier avec une
approche sélective
Entre les hausses des
taux et les conséquences liées à la guerre en Ukraine, le marché immobilier
reste sous pression. En cause, des conditions de financement plus
contraignantes. Pour autant, force est de constater que nombreux sont les
particuliers qui font l’acquisition d’un bien immobilier dans la perspective de
la préparation de leur retraite. La nue-propriété est également fortement
appréciée des expatriés. Elle allie la possibilité de faire l’acquisition d’un
bien immobilier avec une décote pouvant aller jusqu’à 40% et d’en déléguer la
gestion sur une durée pouvant aller jusqu’à 20 ans.
En outre, certaines
SCPI sur des secteurs de niche ont continué à collecter, élément essentiel de
ce type de véhicules, et à afficher de belles performances.
Dans ce contexte, deux
interrogations persistent concernant le crédit et l’assurance-vie. Si l’on a eu
l’habitude pendant longtemps de vivre avec des taux extrêmement bas. La
situation actuelle ne permet pas d’envisager une baisse des taux comme nous l’avons
connu précédemment. Très récemment, alors que la BCE baissait son taux
directeur, l’OAT augmentait significativement. La prudence est donc de mise et,
des taux comme 3,5% et 4% peuvent être considérés comme compétitifs. Du côté de
l’assurance-vie, la France empruntant désormais à des taux plus élevés que
l’Espagne ou le Portugal, la soutenabilité de la dette n’est plus une évidence.
Il s’agit donc aussi pour l’épargnant de réévaluer les risques associés aux
fonds en euros.
Cette année s’annonce charnière pour la gestion de patrimoine où la diversification reste essentielle, conjuguant actifs traditionnels avec des solutions plus innovantes comme les produits structurés et le non-coté. Dans ce contexte incertain, la prudence et l’agilité devront guider les décisions d’investissement pour s’adapter aux marchés avec une vision de long terme.